A tout cela, l’Haïtien s’ajuste, il s’adapte et trouve les moyens d’exister… de subsister. Il se résigne et ne fait rien de réellement concret pour renverser cette situation. Il ne résiste pas, il accepte ce qui est souvent considéré comme les voies du destin.
On s’arrange tout simplement pour ne pas être la prochaine victime. Juste prendre ses précautions. Ne pas circuler trop tard le soir, éviter certaines zones dites chaudes ou « rouges » pour reprendre le jargon des « étrangers-expatriés » qui, eux-aussi, trouvent les moyens de s’inventer une certaine normalité dans ce chaos auquel la plupart se croient étrangers.
Il faut avoir bon pied bon œil. Prêt à détaler au quart de tour. Prompt et agile à se mettre à plat ou à l’abri au premier coup de feu. Décamper et vider les lieux à la première panique. C’est ça le mode d’emploi de la vie à l’Haïtienne.
Chacun se dit que tant que «ces choses-là» n’arrivent qu’aux autres, à quoi bon en faire des drames personnels. On apprend à se détacher, à être résilient et savoir tourner la page.
Après tout, il ne faut pas se mêler des affaires des autres. Sinon on ne survivra pas.
D’ailleurs, n’avons-nous pas tous nos propres drames, nos propres problèmes et nos propres malheurs? Pourquoi alors en rajouter?…
L’égocentrisme est à son zénith!
Extrait de l’article: « Dire ces choses-là »
de Paulson Pierre-Philippe
paulson@genglobe.com
Décembre 2015
A étudié Leadership and Development à Harvard Kennedy School