La nécessité de repenser les médias en Haïti


Le philosophe éveillé
expérience de la solitude

L’une des plus belles choses qui soit arrivée présentement à Haïti c’est le besoin de repenser les médias radio, télévision et journaux papier et j’encourage les rencontres qui ont eut lieu dernièrement où les patrons des médias, les journalistes et les agences de presse se sont prononcés sur les conditions de travail des journalistes et sur la liberté de la presse.

Malheureusement le fond de la problématique de la presse en Haïti n’a pas été abordé puisque personne n’a osé aborder la nécessité de repenser à la fois le fonctionnement de la presse dans le pays ni non plus la qualité des productions journalistiques et son financement.

De même, personne n’a mis en relief l’utilisation du numérique et son intégration dans les offres de contenus à la fois pour les citoyens haïtiens vivant en Haïti que pour la diaspora haïtienne et les étrangers. Néanmoins, il demeure interessant de constater que les participants à cette première rencontre sur l’état de la presse dans le pays particulièrement lorsqu’on parle re réflexion permanente autour des questions liées à la presse dans le pays.

Il n’y a pas si longtemps je lisais à la fois les réflexions et un compte rendu d’une conférence de Daly Valet sur les enjeux et les besoins de repenser la presse dans le pays. Certaine de ses propositions sont intéressantes bien que trop vagues et un peu démagogique puisque fondamentalement insuffisant par rapport à la réalité et au besoin pressant de cette presse nationale.

Du point de vue méthodologique, je trouve difficile la compréhension du journaliste de diffents problèmes qu’il souterait soulever. De même, en tant que journaliste à vision 2000, je n’arrive pas à recenser les différences qu’il a pu faire dans son métier ainsi que dans les différents contenus qu’il proposait au pays et à son public en général, bref, Daly Valet dans ses propositions me paraît beaucoup un nouveau candidat en quête d’un Parti politique pour le chapeauter aux prochaines élections, rôle qu’il pourraît remplir bientôt.

La nécessité de repenser les médias en Haïti, quelle est cette idée de repenser? et, les médias ont ils été déjà pensés en conformité et en fonction des besoins existentiels et d’affirmation de Haïti? Je ne suis pas sûr et en ce sens, jusqu’aux années 1980, les médias du pays appartenaient aux classes dominantes et seulement quelques d’entre eux appartenaient à quelques éléments disparates de la classe moyenne.

Les journaux écrits, les radios et les télévisions appartenant à la classe dominante produisaient des contenus pour satisfaire les besoins de la bourgeoisie et quatre vingt dix neuf pourcent de leur contenu était en français. Mieux encore, ce jusqu’à nos jours, l’ensemble de la presse de Haïti s’abreuve principalement des grandes agences de presses internationales comme Bloomberg, AFP, Reutters où les contenus sont dirigés vers certaines idéologies et au profit des intérêts impérialistes et de la bourgeoisie internationale des pays développés.

C’est très tard qu’on a vu naître l’AHP, l’agence Haïtienne de presses qui très timidement essaye de donner une certaine logique à la presse haïtienne en terme de vision lus ou moins haitienne de l’information même si en terme de contenu et de production journalistique à contenu sociétallement et culturellement haïtienne demeure très faible et quasi inexistante.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier les diverses et fausses appellation que les journalistes haïtiens se donnent afin de, je ne sais pourquoi, de se catégoriser ou de se positionner politiquement et idéologiquement, dont la presse indépendante, journalisme engagé, journalisme militantiste  des noms et des catégorisations qui n’ont rien à voir avec le métier de journalisme ou de la fonction journalistique. En fait, ces segmentations du journalisme loin de garantir la liberté d’expression et la fonction éducative et informationnelle de la presse, l’expose plus directement au baillonnement par les régimes dictatoriaux tel que le régime actuel des martelly-lamorthe le pratique systématiquement dans le pays.

Si les presses dans son ensemble réclament ou veulent réclamer la liberté d’expression il faut également que ces mêmes presses cessent de se positionner idéologiquement par l’usage de ces appellations. Pire encore, il faut tout aussi bien que certains journalistes cessent de s’identifier aux messages et aux informations qu’ils communiquent puisque en s’identifiant aux messages qu’ils communiquent ils cessent d’être des journalistes et n’ont plus d’éthique journalistique.

En ce sens, il me paraît inconcevable et inadmissible d’entendre un journaliste qui en faisant son analyse ou en faisant son éditorial voire donner son opinion affirmer ou parler de son combat.

De quel combat un journaliste exerçant son métier de journaliste peut-il bien parler? Il rapporte, il repporte, il communique quoi comme information? Est-il en train de prendre position ou est-il en train de défendre un intérêt quelconque? Il faut donc admettre dans l’application stricte du concept éthique, il doit ou devait y avoir là de graves danger pour la liberté même de l’expression par le fait que ces catégorisations et ces appellations s’opposent de facto à l’esprit même de la liberté d’expression qui, soit dit en passant, est le fondement même de toute existence sociétale.   

Malgré tout, cela ne signifie pas que les médias et les journalistes qui y travaillent ne peuvent pas avoir leur propre opinions ou leur propre idéologie. Evidemment, le fait de faire partie intégrante de la société, de vivre dans la société, les médias en tant qu’organisation et les journalistes sont tous affectés par les idéologies diverses qui traversent la société.

Par contre, dans leur rôle et dans leur fonction ils ne peuvent pas mettre de l’avant leur propre idéologie étant donné qu’ils sont supposés être neutres. Tout au plus, ils ont des moyens et des artifices pour se positionner idéologiquement dans la société sans qu’ils puissent être accusés de partisannerie ou de sympatisants.

Parmi les moyens dont disposent les journalistes pour se positionner idéologiquement, il y a le choix des intervenants et des acteurs et des spécialistes, il y a les types de sujets fréquemment abordés ou développés, les documents, les études, les rapports, les groupes de recherche, les segments de population ou de public cible etc.

En occident, c’est comme sur cette base qu’on identifie les médias et les journalistes pour dire s’ils sont à gauche ou à droite du point de vue idéologique. Par contre en Haïti, tout est confus et les médias accordent des temps d’antenne à n’importe qui indépendamment de son idéologie ou de ses intérêts.

De plus, et les médias et les journalistes font rarement appel à des experts ou à des acteurs qui font l’actualité et rare sont les médias qui s’associent à des chaires d’étude dans les universités, ce qui leur aurait permis d’avoir les sujets à la une ou des sorties et des publications de rapports et d’études.

D’ailleurs, c’est en choisissant les acteurs et les spécialistes qui partagent leurs choix idéologiques que les médias font bouger les choses dans une société et en même temps qu’ils renouvellent la classe politique en produisant de nouvelles figures intellectuelles et de nouveaux acteurs.

Cependant, en ouvrant leurs tribunes à n’importe qui, de gauche ou de droite, les médias renforcent les idéologies dominantes tout en combattant malgré eux des groupres qu’ils prétendent souvent défendre.

Si le rôle des médias c’est de contribuer au développement des idées et du progrès dans la société ou encore réduire les risques pour l’arrivée de régime dictatorial, c’est en créant deux ou trois courants idéologiques de se développer ou d’occuper la scène politique, la scène culturelle, la scène sociale et la scène économique que ces médias peuvent efficacement rendre et matérialiser l’idéal des alternances dans la gouverne de l’État.

Sans quoi, et sans le vouloir, des groupes médiatiques de gauches peuvent faire le même travail que les groupes médiatiques de droite pour la seule raison que eux aussi ils donnent trop souvent la parole et leur tribune à des spécialistes, à des Partis politiques, à des rapports et à des études auxquels ils sont souvent en désaccord. Voilà en quelques sorte un aspect qui me pousse à croire à la nécessité de repenser les médias en Haïti.

Dans les prochains articles, je vais aborder d’autres aspects pertinents qui touchent le financement des médias, les productions journalistiques, l’intégration du numérique, la commercialisation des informations haïtiennes et d’haïti, les médias et l’affirmations de Haïti etc. ce, dans mon souci de contribuer au progrès et au développement de mon pays.

Hermann Cebert

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