

Toussaint Louverture (né Toussaint Breda vers 1743 près de Cap-Français, en Haïti, mort le 7 avril 1803 au Fort de Joux, à La Cluse-et-Mijoux dans le Doubs) a été un esclave nègre affranchi dont le rôle dans la Révolution haïtienne a été majeur, en tant que gouverneur de Saint-Domingue (le nom d’Haïti à l’époque) de 1797 à 1802. Il est une figure historique d’importance dans les mouvements anticolonialiste, abolitionniste et d’émancipation des Noirs.
« En me renversant, on n’a abattu à Saint-Domingue que le tronc de l’arbre de la liberté, mais il repoussera car ses racines sont profondes et nombreuses »[1]. Ces mots, dignes d’une réplique de tragédie, sont ceux qu’auraient prononcés Toussaint Louverture, le 7 juin 1802, à l’instant de monter sur le navire Le Héros qui l’emmène en France avec sa famille.
Cette citation doit être restituée dans une certaine historiographie, confinant parfois à une légende dorée associant Toussaint au « Spartacus noir » prophétisé par l’abbé Raynal[2]. L’historiographie haïtienne ou encore l’œuvre de l’abolitionniste Victor Schoelcher ont en effet érigé Toussaint Louverture en modèle de libérateur de l’oppression. D’autres historiens présentent une vision plus contrastée du personnage, nostalgique d’un Saint-Domingue « perle des Antilles », dans lequel il a grandi et prospéré et dont l’opposition au système colonial de l’Ancien Régime serait à nuancer. Pourtant, c’est bien la Révolution qui porte cet ancien esclave noir affranchi dans les plus hautes strates du pouvoir militaire puis politique jusqu’à sa chute face aux armées du général Leclerc envoyées par le consul Bonaparte qui parallèlement rétablit l’esclavage (1802). Exilé en France, Toussaint Louverture finira ses jours incarcéré en 1803, sans avoir pu assister à l’aboutissement de la révolution haïtienne par la proclamation d’indépendance le 1er janvier 1804 par son ancien lieutenant Dessalines.
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Biographie [modifier]
Toussaint Bréda, un habitant nègre propulsé chef militaire d’esclaves insurgés [modifier]
Un nègre créole affranchi, contribuant au système esclavagiste [modifier]
La première partie de l’existence de Toussaint appartient en grande partie à la mythologie. Il serait né esclave à Saint-Domingue au début des années 1740 et non libre en Afrique car Toussaint occupait des fonctions de domestique, très certainement de cocher, une faveur qui n’était réservée qu’aux créoles[3]. On raconte, au sujet de ses origines, qu’il aurait été le fils d’un prince africain Arada (actuel Bénin). Cette rumeur circulait de son vivant. L’historien français du XXe siècle Antoine Marie Thérèse Métral rapporte qu’« en l’an X, quand la perte de Toussaint Louverture fut jurée, on lui reprocha, dans les journaux, d’être le descendant d’un roi d’Afrique (voyez les journaux de vendémiaire et de brumaire de ce temps) »[4]. Selon l’historien M. Bernard Gainot, dans son cours magistral enseigné à La Sorbonne, ce mythe d’une ascendance royale trouve peut-être son origine dans le fait que Toussaint Louverture savait lire et écrire, que cela impressionnait énormément ses congénères. Pourtant Toussaint n’a été alphabétisé que tardivement, puisqu’en 1779 il déclarait, dans un acte, ne savoir « ni signer, ni écrire »[5]. Son éducation lettrée a donc été indépendante de ses origines familiales.
Toussaint a servi comme esclave sur l’habitation Bréda, située sur le Haut du Cap au nord de l’île. Il était le protégé du gérant Bayon de Libertat, qui lui aurait accordé une « liberté de savane »; en d’autres termes, il bénéficiait de la liberté de mouvements sans l’affranchissement[3]. Selon les historiens Menier, Debine et Fouchard, son affranchissement se serait produit en 1776[6]. Mais cette date est ambiguë car basée sur un acte où il est question d’un autre affranchi : on ne sait donc pas si la date indiquée le concerne vraiment. De ce fait, s’il est certain qu’en 1776 Toussaint était totalement libre, il est probable que son affranchissement ait remonté à la fin des années 1760 ou au début des années 1770. Une fois affranchi, Toussaint a pris comme patronyme « Bréda », le nom de l’habitation dont il avait été l’esclave. En 1779, on retrouve Toussaint Bréda à la tête d’une habitation produisant du café et comportant 13 esclaves au Petit-Cormier[7].
Toussaint Bréda faisait ainsi partie des esclaves nègres à avoir bénéficié sous l’Ancien régime d’une ascension sociale. Sa situation, à l’aube de la Révolution française, était donc très confortable pour un nègre des colonies. Or la Révolution française menaçait l’ordre socio-économique dont il était un des bénéficiaires.
Le double jeu dans la révolte des esclaves du Nord en 1791 [modifier]
Il existe deux courants historiographiques au sujet du rôle joué par Toussaint Bréda dans la révolte des esclaves du Nord en 1791.
Le plus important courant le présente comme l’un des instigateurs importants de l’insurrection[8]. L’historien haïtien du XIXe siècle Céligny Ardouin rapporte à partir de témoignages d’anciens vétérans, que Toussaint Bréda aurait été contacté par les royalistes pour fomenter l’insurrection. Les royalistes cherchaient, par ce biais, à porter atteinte au mouvement des patriotes autonomistes, c’est-à-dire aux petits blancs. Mais pourquoi, une fois l’insurrection lancée, la première réaction de Toussaint Bréda a-t-elle été de mettre à l’abri son ancien maître Bayon de Libertat ? Nous pouvons concevoir deux hypothèses. La première est qu’il n’aurait pas envisagé que le mouvement puisse se retourner contre les grands blancs. La seconde est qu’il ne serait tout simplement pas l’un des fomenteurs de l’insurrection.
Ce qui nous amène au deuxième courant animé par un auteur comme Pierre Pluchon[9]. Pour lui, Toussaint Bréda n’était pas forcément en phase avec ce mouvement insurrectionnel qui le menaçait d’une double manière : en tant que maître d’esclaves et de biens, il pouvait être la proie des insurgés ; dans la confusion des représailles quasi-imminentes des Blancs, il pouvait facilement être une victime de la répression. Par conséquent, avec une certaine habilité, Toussaint Bréda aurait adopté un double jeu. D’une part, en mettant à l’abris son ancien maître Bayon de Libertat, Toussaint se serait assuré d’avoir un protecteur influent auprès des autorités coloniales. D’autre part, en approchant les insurgés en tant que médecin grâce à sa connaissance des plantes, il se serait assuré la protection de ses biens. Ce n’est peut-être qu’a posteriori, que ce double jeu lui aurait permis de s’ériger en intermédiaire entre les royalistes et les insurgés, puisque sa personne, connue des autorités à travers Bayon de Libertat, aurait été en mesure d’apporter une certaine honorabilité au mouvement. Ainsi, on note qu’il est un des signataires le 4 décembre 1791, de l’adresse à l’Assemblée coloniale, proposant en vain, une amnistie générale, avec les deux meneurs de l’insurrection Jean-François et Biassou[10]. L’enlisement marqué par l’extension du mouvement et la relative paralysie des propriétaires européens et mulâtres l’aurait poussé à s’impliquer davantage dans l’insurrection, dans le but de canaliser les insurgés, le transformant ainsi en meneur d’hommes.
Cette vision critique émanant d’un auteur iconoclaste est toutefois loin de faire consensus auprès des historiens universitaires qui en critiquent le biais idéologique et l’absence d’un certin nombre de sources[11].
Un brillant organisateur militaire : l’avènement de Toussaint Louverture [modifier]
Toussaint Bréda, en plus d’occuper des fonctions de médecin chez les insurgés, offre ses services de conseiller à Biassou qu’il jugeait plus malléable que Jean-François, le chef suprême[12]. D’après l’historien M. Bernard Gainot, il lui organise une garde disciplinée à l’européenne qui tranchait avec la totale désorganisation des insurgés. Pour Toussaint, cela aurait été une question de survie : être à la tête d’un mouvement discipliné lui aurait été plus efficace pour protéger sa personne et ses biens qu’être seul face à une horde d’insurgés laissés à eux-mêmes.
Au printemps 1793, les Espagnols offrent aux révoltés, un sanctuaire en même temps que la liberté à ceux qui combattraient pour eux. Toussaint Bréda, à la tête de son armée de 3 à 4000 Noirs, est vite remarqué pour ses talents militaires et sa discipline[10]. Ainsi est-il promu lieutenant-général. Toussaint troque alors son nom Bréda pour Louverture, surnom qui, bien que faisant l’objet de spéculations diverses, devait suggérer son habilité à ouvrir une brèche dans les rangs de l’adversaire. Ses qualités militaires le mènent à développer des ambitions politiques.
Un éminent politique : de l’opportunisme à la conduite de la Révolution dominguoise [modifier]
1793-94 : Une conduite pragmatique et séditieuse vis-à-vis des Espagnols, Jean-François et Biassou [modifier]
Toussaint s’émancipe rapidement de la tutelle des deux chefs historiques du mouvement ainsi que de celle des Espagnols, en entretenant des relations avec le camp français[13]. Le 18 mai 1794, il rallie ainsi le camp républicain sur l’offre du 5 mai 1794 du gouverneur général Lavaux. Longtemps, les historiens ont cru que cette décision avait été motivée par l’officialisation de l’abolition de l’esclavage par la Convention le 4 avril 1794. L’historien américain M. John Garrigus a démontré le contraire : la mesure de la Convention n’avait pas encore été portée à l’île.
Toutefois, il est vrai, la proclamation par Sonthonax, commissaire de la République pour Saint-Domingue, de la liberté générale sur l’île en août 1793 avait rendu le camp français plus attractif pour les anciens cultivateurs esclaves, que le camp espagnol. En mai 1794, Lavaux avait ainsi pu armer de nombreux cultivateurs avec les 30 000 fusils qu’il avait reçus de la deuxième commission civile. Ce n’est donc qu’une fois l’armée française passée à l’offensive que Toussaint Louverture rallie les abolitionnistes. Pour autant, il n’est pas impossible que Toussaint ait vu dans la cause abolitionniste, l’idéologie qui pourrait lui permettre de survivre politiquement. Une autre raison l’ayant poussé dans le camp français est que Toussaint Louverture était en conflit ouvert avec ses supérieurs. Il venait d’échapper à un attentat dont la responsabilité a été attribuée à Jean-François. Avec Biassou, ses relations n’étaient pas meilleures[14].
Sa défection du camp espagnol marque ainsi son engagement en faveur de l’abolition de l’esclavage et dénote un formidable instinct de survie. L’année suivante, l’Espagne capitule.
1794-1797 : Au service de la République française [modifier]
Le ralliement de Toussaint Louverture apporte à Lavaux, 4 000 hommes entraînés à l’européenne, disciplinés. Cet apport a été décisif dans la reprise en main du Nord de Saint-Domingue par les républicains. En 1795, les Espagnols vaincus signent la paix avec la France et lui cèdent Santo Domingo. Toussaint Louverture domine alors la province du Nord sauf le Cap-Français contrôlé par le général Villatte[15]. En récompense de ses services, Toussaint fait partie de la promotion du 23 juillet 1795 permettant l’accès à de nombreux officiers de couleur au grade de général de brigade.
La figure de Toussaint Louverture, particulièrement appréciée par le gouverneur Lavaux, finit par entraver l’ascension du général Villatte. En mars 1796, las de cette situation, Villatte se fourvoie dans un coup d’État en arrêtant le gouverneur Lavaux. Immédiatement, Toussaint intervient et le met en déroute. En récompense de sa loyauté, en plus d’être promu général de division, Toussaint est nommé le 31 mars 1796, lieutenant gouverneur de Saint-Domingue, occupant de fait le second rang derrière Lavaux[16].
Le 11 septembre 1796, Toussaint Louverture profite que le corps électoral soit majoritairement formé de soldats, pour donner des consignes afin d’élire le gouverneur Lavaux et le commissaire civil Sonthonax comme députés. Toussaint n’est pas immédiatement nommé commandant en chef de l’armée de Saint-Domingue en remplacement de Lavaux. Il doit attendre le 3 mai 1797 pour obtenir ce poste par Sonthonax[15]. Une fois la promotion obtenue, Toussaint expédie manu militari en août 1797, Sonthonax siéger en métropole, ce dernier lui portant ombrage notamment auprès des Noirs dont il était très apprécié. Toussaint, jaloux de son autorité, glisse vers un pouvoir très personnel.
1798-1802 : Le « primat » et la cristallisation d’un Nord noir face à un Sud mulâtre [modifier]
En août 1798, Toussaint Louverture obtient la reddition des Britanniques occupant encore l’Ouest de l’île. L’accord signé entre les deux parties prévoyait notamment l’ouverture des ports de Saint-Domingue aux navires de commerce britanniques, alors même que la France était encore en guerre avec la Grande-Bretagne[17]. Le général Hédouville, supérieur hiérarchique de Toussaint en poste depuis mars 1798, furieux d’une telle insubordination, s’émeut plus encore par le contenu de l’accord. La dégradation de leur relation est telle que Toussaint organise, en octobre 1798, une révolte populaire forçant Hédouville à quitter l’île. La veille de son départ forcé, Hédouville décharge le général André Rigaud contrôlant le Sud de l’île, de toute sujétion à l’égard de Toussaint Louverture.
En juin 1799, le Noir Toussaint entre en guerre contre le mûlatre Rigaud. Ce fut la « guerre du Sud ». Le conflit entre les deux hommes n’était pas une question de couleur ou d’idéologie politique, mais une véritable lutte pour le pouvoir et le contrôle du territoire[16]. Il n’empêche qu’une véritable guerre d’extermination a été menée contre les mulâtres du Sud ; près de 10 000 d’entre eux périssent. En juillet 1800 Toussaint sort vainqueur[18]. Six mois après, la partie espagnole, officiellement française depuis 1795, est envahie par Toussaint. Mais la consécration est en février 1801, lorsque Bonaparte nomme Toussaint capitaine-général de Saint-Domingue. Le général noir devient ainsi le dépositaire officiel du pouvoir exécutif.
En moins d’une décennie, Toussaint Louverture, chef militaire autodidacte, célébré à la fois par les Noirs et les Blancs, est parvenu à se hisser politiquement à la plus haute fonction de Saint-Domingue. Sous son impulsion, la révolution dominguoise permet l’instauration d’un nouvel ordre, inspiré du modèle colonial de l’Ancien régime, mais profitant aux militaires de couleur, surtout aux Noirs.
La Révolution dominguoise, l’œuvre inachevée de Toussaint Louverture [modifier]
Le projet : une restauration de l’ordre ancien au profit des Noirs créoles ? [modifier]
En effet, on observe, sous le primat de Toussaint Louverture, la restauration de nombreux « symboles » de l’Ancien régime. Toussaint Louverture s’était entouré, d’après l’historien M. Gainot, d’une cour où l’étiquette était de rigueur. Les Blancs étaient nombreux à y participer. Certaines mesures prises par Toussaint marquent également une restauration des « valeurs morales ». Ainsi est rétablie la pompe de l’Église catholique lors de victoires : cette cérémonie d’Ancien régime glorifiant la lutte contre le protestantisme, a été célébrée lors des succès de Toussaint contre les Anglais. Le divorce légalisé sous la Révolution, est supprimé avec Toussaint. Les émigrés, ces planteurs blancs ayant fui la Révolution, sont rappelés afin, assurait Toussaint, de bénéficier de leurs compétences techniques.
Dès 1795, Toussaint Louverture se montre très actif pour obliger les anciens esclaves non engagés dans l’armée à reprendre le travail. Ce qui provoque des soulèvements, les cultivateurs y voyant une forme de rétablissement de l’esclavage. Toussaint a alors utilisé ses troupes disciplinées d’anciens esclaves pour mater ces révoltes[19]. Les habitations ont été placées sous administration militaire : les officiers de Toussaint, comme Jean-Jacques Dessalines ou Henri Christophe ont appliqué de manière militaire les « règlements de culture ». Désormais à Saint-Domingue deux entités existent : celle des militaires et celle des cultivateurs assignés sur leurs anciennes habitations[20]. Cette forme de servage a été qualifiée par les historiens de « caporalisme agraire ».
Enfin, sous son autorité, est réalisée une vieille revendication coloniale : l’accession à l’autonomie de la colonie. À la suite du coup d’État de Bonaparte, le régime d’isonomie républicaine des colonies a été supprimé. Les colonies ont été placées sous un régime d’exception. Toussaint informé de cette mesure, s’est attelé de son propre chef à l’élaboration d’une constitution, celle du 8 juillet 1801, autonomiste et autocratique. Elle est inspirée de la constitution de l’an VIII, notamment pour la prééminence de l’exécutif et du militaire. Cette constitution le nomme gouverneur à vie, et consacre le catholicisme comme religion d’État ; et si, en théorie, elle reconnaît la liberté générale, elle envisage à terme la possibilité de recourir de nouveau à une main-d’œuvre africaine. Enfin, cette constitution institutionnalise les « règlements de culture ».
C’était compter sans Bonaparte qui, en mars 1801, apprenant la prise de possession de la partie espagnole – lui qui œuvrait pour une réconciliation franco-espagnole -, était entré dans une grande colère qui a joué pour beaucoup dans la disgrâce de Toussaint Louverture[21]. Cette constitution était un affront de trop. La réaction du Premier consul de France Napoléon Bonaparte a été l’envoi d’un corps expéditionnaire devant mettre un terme à la révolution dominguoise.
Une chute provoquée par la métropole [modifier]
La France, en octobre 1801, entre enfin en paix avec la Grande-Bretagne: une expédition à Saint-Domingue est ainsi rendue possible. Un corps expéditionnaire est donc formé et placé sous le commandement du général Leclerc. Il comporte des officiers issus des colonies comme Rochambeau, ou encore des officiers de couleur défaits par Toussaint Louverture (Rigaud, Pétion, Villatte). L’expédition Leclerc quitte la France en décembre 1801 avec 17 000 hommes, renforcée entre mars et mai 1802 par 6 000 hommes. Toussaint dispose d’une armée de 20 000 hommes, répartie entre la cavalerie, l’infanterie et le génie. Par ailleurs, sa garde nationale, véritable troupe aguerrie, compte près de 10 000 hommes.
Malgré une supériorité numérique, Toussaint Louverture est vite défait militairement. Toussaint adopte une tactique défensive, pratiquant la stratégie de la terre brûlée. Celle-ci n’arrête pas l’offensive menée dès février 1802 par le corps expéditionnaire. Le général Leclerc avait débuté par un débarquement simultané dans tous les grands ports, suivi d’une offensive pour refouler les rebelles. Les pertes françaises sont importantes mais se soldent par de nombreuses victoires. Si bien que les officiers de Toussaint, à l’exemple de Maurepas ou Henri Christophe, font tout à tour défections. Le 6 mai 1802, Toussaint Louverture est contraint de capituler, puis placé à résidence dans l’île.
Avec la chute de Toussaint Louverture, la Révolution dominguoise connaît un coup d’arrêt. Son objectif aurait été l’instauration d’un nouvel ordre, inspiré à la fois par l’Ancien régime, notamment pour l’organisation du travail, et par la Révolution française, principalement pour la suppression du préjugé de couleur et la rhétorique idéologique. Trop progressiste pour Bonaparte, trop réactionnaire aux yeux des cultivateurs, le régime de Toussaint Louverture ne satisfait au final personne, à l’exception de la nouvelle élite de militaires de couleur, grande bénéficiaire du nouvel ordre. Lâché par la population après la violente répression menée contre des cultivateurs insurgés dans le Nord, en octobre 1801, Toussaint Louverture est rapidement mis en déroute par l’expédition Leclerc en 1802, malgré une supériorité numérique. C’est au final dans une certaine indifférence que le 7 juin 1802, en dépit des promesses faites en échange de sa reddition, Toussaint Louverture – ainsi qu’une centaine de ses proches – est déporté en France: il est embarqué avec sa famille sur la frégate la Créole et transbordé au large du Cap-Haïtien sur le Héros qui le transporte à Brest. Enfermé au fort de Brest le 14 juillet, il est transféré huit jours plus tard avec son fidèle serviteur Mars Plaisir au Fort de Joux où il meurt de froid le 7 avril 1803.
Il faut attendre la Révolution haïtienne pour que l’œuvre amorcée par Toussaint Louverture trouve son achèvement, et l’érige pour la postérité en héros national. En effet, c’est son ancien lieutenant Jean-Jacques Dessalines qui proclamera l’indépendance de la République le 1er janvier 1804.
Hommage posthume [modifier]
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Alphonse de Lamartine publie en 1850 un poème dramatique en cinq actes, Toussaint Louverture.
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Alexandre Dumas, dans son roman Les Mohicans de Paris (1854-1855), met en scène, à Paris, sous la Restauration, des sociétés secrètes dont un membre a pris le pseudonyme de « Toussaint-Louverture ».
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Le groupe de latin-rock Santana a intitulé une chanson à son nom, sur l’album Santana III (1971).
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En 2003, à Haïti, l’aéroport international de Port-au-Prince a été rebaptisé Aéroport international Toussaint Louverture.
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Plusieurs rues ou lycées dans des villes d’Haïti portent le nom de Toussaint Louverture.
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Un lycée professionnel de Pontarlier à proximité du fort de Joux en Franche-Comté porte son nom.
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Une école primaire de Clichy-la-Garenne porte son nom.
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Plusieurs villes de France métropolitaine ont donné le nom de Toussaint Louverture à une rue, une avenue, une place… : Blainville-sur-Orne, Bobigny, Clermont-Ferrand, Lorient, Montpellier, Niort, Notre-Dame-d’Oe, Palaiseau, Poitiers, Saint-Brieuc, Saint-Denis…
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À Bordeaux un buste de Toussaint Louverture a été inauguré en juin 2005 sur la rive droite opposée au quartier des Chartrons haut lieu de la traite négrière de la ville[22].
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À Nantes, le 15 avril 2008, une plaque commémorative et un square dans le centre ville honore la mémoire de Toussaint Louverture.
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À Paris le 11 avril 2009, dans la crypte du Panthéon, fut inaugurée une inscription gravée sur un mur en l’honneur de Toussaint Louverture qui commémore son combat pour l’abolition de l’esclavage.
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Une statue l’honore à Québec, inaugurée le 8 septembre 2010, dans le « parc de l’Amérique latine » situé dans la basse-ville, entre le Palais de justice et la rivière Saint-Charles[23].
Galerie d’images [modifier]
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Toussaint Louverture
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Toussaint Louverture, chef des insurgés de Saint-Domingue, 19e siècle.
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Toussaint Louverture, gravure réalisée en 1825. Françoise-Elisabeth, dite Eugénie, Tripier Lefranc, née Le Brun (1797-1872)
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Toussaint Louverture, gravure par H. Rousseau (designer graphique) et L.Dumont (graveur)
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Le général Toussaint Louverture reçevant un général anglais
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Toussaint Louverture reçoit une lettre de Napoléon
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Toussaint Louverture à Saint-Domingue.
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1802 : Toussaint Louverture by Charles-Yves Cousin d’Avallon, (1769-1840), (notice BnF no FRBNF30282183n).
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1938 : Haiti. A drama of the Black Napoleon by William Du Bois. With the New York cast. » Poster for Federal Theatre Project presentation of « Haiti » at the Copley Theatre, 463 Stuart St., Boston, Mass., showing bust portrait of Toussaint Louverture.
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Portrait de Toussaint Louverture sur billet de banque haïtien.
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Billet de banque, Haïti, avec portrait de Toussaint Louverture
Selon une étude du chercheur haïtien Fritz Daguillard, seuls deux portraits d’époque semblent assez proches de leur modèle. Le premier est l’aquarelle réalisée probablement d’après nature par Nicolas Eustache Maurin, reproduit en gravure par François Séraphin Delpech. L’original fut offert par Toussaint à Roume. Le second portrait a été réalisé par M.de Montfayon, ingénieur sous les ordres de Toussaint. Il a été désigné par Isaac Toussaint comme étant le seul portrait dans lequel il trouvait son père reconnaissable[24],[25]. Enfin, un portrait[26] dessiné par Pierre-Charles Baquoy a été retrouvé en 1989 à Port-au-Prince, authentifié et publié par l’historien français Jacques de Cauna dans Haïti, l’éternelle Révolution et reproduit dans Toussaint Louverture et l’indépendance d’Haïti et la réédition critique des Mémoires du général Toussaint Louverture (couverture) par le même auteur.
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Toussaint Louverture, homme politique haïtien (1743-1803) ; portrait de Nicolas Eustache Maurin,François Séraphin Delpech[27]
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Portrait réalisé par M. de Montfayon
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https://fr.wikipedia.org/wiki/Toussaint_Louverture
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