Chez les québécois, avec qui je partage depuis déjà presque un quart de siècle, je retrouve ces mêmes problèmes et ces mêmes difficultés et les blocages qu’une langue peut causer à savoir le français et le joual (Le joual ou choual (du français cheval) est un sociolecte du français québécois issu de la culture populaire urbaine de la région de Québec).
En effet, selon ce que j’ai pu observer chez les québécois au cours de ces vingt-cinq dernières années, il y aurait dans un premier ordre sociologique deux types de québécois: celui qui s’exprime très bien et qui parle vraiment le français (ce sont les intellectuels) et celui qui parle le joual fièrement (dans lequel le québécois est tout à fait naturel sans faire semblant d’être quelqu’un d’autre), mais qui dégage un ensemble complexe d’infériorités académiques ou d’hésitations linguistiques lorsqu’il essaye de s’exprimer en français ( le simple citoyen ordinaire qui n’a pas fait ou n’a jamais fait de grandes études universitaires et ou aussi, qui a fait des études universitaires mais par nationalisme culturel avancé choisit de s’exprimer en joual sans complexe).
Autrement dit, lorsque les québécois moyens essayent de s’exprimer en français conventionnel, il n’est pas lui-même et il les arrive dans plusieurs situations d’être nerveux et inconfortables puisqu’ils doutent d’eux-mêmes voire, qu’ils soient bloqués dans leurs expressions et dans leurs émotions. Tandis que de l’autre côté, on a les intellectuels qui revendiquent le français comme leur langue parce qu’ils parlent cette langue très bien.
De là à dire, loin de faire l’unanimité, bien entendu, le français que les nationalistes semblent vouloir défendre bec et ongles au Québec n’est pas la langue créative et nationaliste des québécois et ce, au même titre que l’anglais l’est encore pour les québécois, deux langues étrangères pour la grande majorité des québécois. Pour bien comprendre cette affirmation, il faut se référer à l’importance du Joual dans l‘Osstidcho du 28 mai 1968 ainsi qu’à la pièce Les Belles-Sœurs de Michel Tremblay par lesquels les québécois exprimaient leurs frustrations, leurs misères et leurs aliénations disait un commentaire.
Évidemment, il faut voir que tous les mouvements et toutes les actions pour défendre le français, comme soi-disant la langue des québécois et de la grande majorité des québécois, vont à l’encontre des québécois puisque le français qui est défendu n’a rien à voir avec les québécois. D’ailleurs, et cela contrairement aux bonnes intentions, on détruit à petit feu toute la culture réelle des québécois. Et, il ne faudra pas s’étonner non plus que d’ici une cinquantaine d’années ou moins le joual pourrait être disparu de la culture québécoise au profit du français. Et je peux me demander sans arrière pensée bien entendu, comment seront la confiance et la fierté de la grande majorité des Québécois lorsque le Joual aura certainement disparu puisque les prochaines nouvelles générations apprendront à s’exprimer en Français? Vous m’enverrez les nouvelles.
Quel français diriez-vous?
Celui-là même que l’on prétend défendre avec certaines Lois 96. Et retenez bien ceci, le français au Québec c’est la langue des petits bourgeois et il n’a jamais été la langue de la grande majorité des Québécois car, la seule vraie langue du peuple québécois c’est le Joual. Évidemment, cela s’explique par le fait que c’est dans le joual que les québécois sont eux-mêmes et ne sont guère gênés ce à tous les points de vue. Combien de fois que vous suivez un micro-trottoir sur Radio Canada pour entendre un accent Joual? En tout cas, moi qui écoute régulièrement les médias locaux, je peux vous dire que j’entends principalement un accent français de France. Très certainement, personne n’osera dire cela dans les médias du Québec sous peine d’être banni mais, moi je suis un immigrant et je n’ai rien à perdre car il fallait qu’un jour que quelqu’un le dise haut et fort.
D’ailleurs, j’ai pu observer et constaté que les moments où les québécois étaient plus fiers et plus confiants d’eux-mêmes c’étaient lorsqu’ils s’exprimaient en joual. Et ce côté typiquement québécois charme et intéresse tous les immigrants. Or, c’est dans le joual et à travers le Joual que l’on peut facilement intégrer les immigrants avec très peu de frais. Très certainement, on pourrait me demander : Où se trouve ce vrai Québécois capable de charmer tous ses immigrants?
Évidemment, ce n’est pas nécessaire de passer par les quatre chemins pour trouver la culture du peuple québécois et dont tous les immigrants seraient intéressés à s’approprier sans l’aide de personne ni non plus de politiques gouvernementales ou d’institutions qui nous disent quotidiennement Ici on parle Français, on travaille en Français alors que dans les faits, les réalités économiques, financières et commerciales du Québec font en sorte que l’on utilise beaucoup plus l’Anglais pour travailler que le français ici même au Québec. Bien sûr, un nationalisme pseudo ethnocentriste au Québec nous bombarde avec des demi-vérité sur l’usage du français au Québec mais, on oublie de nous dire qu’au Québec, la question de la langue et plus particulièrement du statut du français est un instrument de propagande et de quotte d’écoute des politiciens et des médias pour se positionner sur les différents segments de marchés qui les intéressent.
Cela étant dit, il ne faut pas confondre les différents types de québécois que l’on croisera sur son chemin. Qui, selon mes propres observations, il y en aurait trois types de québécois au Québec.
Celui que l’on croise dans les grandes villes comme Montréal, Sherbrooke, Trois-Rivières, la Ville de Québec, Laval pour ne citer que ces villes-là. Ce Québécois ou cette Québécoise, il habite dans un bloc d’appartement, il ne dit pas souvent bonjours et dans la grande majorité des cas, on ne connait pas son nom alors qu’il serait le voisin d’à côté. Certains immigrants vont considérer abusivement ce Québécois comme raciste alors que dans les faits, c’est juste quelqu’un qui, par précaution et surtout, en vue de se protéger, garde ses distances vis-à-vis de ses voisins. D’ailleurs, ce Québécois parle très peu et s’il arrive à parler c’est juste pour dire l’essentiel. S’il vit en couple et avec sa famille, il pourrait manifester des signes de possession voire de jalousie. C’est le signe de son manque de confiance en lui-même qu’en son partenaire même.
Le deuxième Québécois c’est celui ou celle dont le logement ou la maison se donne sur la ruelle en arrière. Il ou elle fait son jardin et est souvent foiré dans ses chaises de patios dans sa cour arrière. Ce québécois jase, vous dit bonjours, s’intéresse à vous et c’est un bon ami. Il partage tout ce qu’il fait comme compote et parmi ses récoltes de laitue, de carottes, ou de n’importe légumineuse. Et si par hasard, la providence lui envoie quelques mannes, il pourrait partager avec vous. La majorité des immigrants arrive à s’entendre très bien avec le Québécois dont la maison se donne sur la ruelle en arrière de la maison. Ce Québécois va parler beaucoup plus souvent en français qu’en Joual afin de ne pas froisser son amis voisin et immigrants. C’est un accommodant.
Le troisième Québécois, c’est le Québécois sans complexe, qui est authentique et qui ne se gêne pas pour dire ce qu’il pense et ce de façon la plus naturelle possible. Cependant, il peut être l’un ou l’autre des deux premiers Québécois voire, il peut être les deux et n’importe des deux. Sauf, il faut aller à sa rencontre, au travail, dans le quartier, à l’épicerie bien entendu, le meilleur endroit pour le trouver c’est dans un camping. Il marche pieds nus, sans chandail ou chemise, il crie, il rigole, il s’amuse comme un fous et si par un heureux hasard, c’est le même québécois, qui habite dans le même bloc d’appartement que soi, ce sera dément car, il pourrait sauter sur vous et dans vos bras comme si vous étiez des amis depuis des années alors qu’il ne semblera même pas se rappeler qu’il était hier encore voire quelques heures plus tôt, que vous étiez le voisin d’à côté à qui il ne disait toujours pas bonjour depuis cinq dix ans que vous vivez juste à côté de lui.
On peut bien comprendre qu’il s’agit d’un même type de Québécois que j’ai pu observer mais selon les endroits, les circonstances et plus particulièrement selon les différents contextes, et qui semble faire profiler trois types de Québécois. Dans les deux premiers cas et de contextes, on pourrait donner ou attribuer un certain qualificatif à ces deux Québécois tandis que, lorsque le Québécois est naturel et qu’il se trouve en terrain connu et qu’il parle le Joual il devient plus abordable et plus intéressé aux autres. Cela traduit que le Québécois est au naturel dans sa culture et dans sa langue le joual. D’ailleurs, à maintes fois je me suis demandé comment se fait-il que les Québécois étaient peu confiants lorsqu’ils s’exprimaient en français alors que le français devait être sa langue. C’est avec le temps et surtout en les observant parler que j’avais fini par comprendre que le Français était une langue seconde pour eux et que leur véritable langue était le Joual.
Pour m’expliquer cette dualité linguistique des Québécois j’ai dû lire beaucoup de textes plus particulièrement sur la Révolution tranquille qui a été à la fois pour le Québec et les Québécois une période de grandes réformes en termes de patriotisassions de l’État du Québec et d’une certaine affirmation du peuple québécois. L’État s’est mis au service de chaque québécois en termes de services, de libération économique et sociale mais également sur le plan culturel.
Évidemment, il n’y avait rien de Nouveau en termes de politiques sociales comme dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement (la loi sur la fréquentation scolaire obligatoire créée par Adélard Godbout) puisque les Gouvernements de Taschereau et de Godbout les avaient déjà posées mais la période de Duplessis marquée par une très forte main mise de l’Église allait empêcher les réformes sociales entamées précédemment.
Néanmoins lorsque vous lisez sur la révolution tranquille et les traits sont vraiment marquants durant cette révolution, on dirait que les architectes de cette révolution avaient profité pour falsifier quelques pages de l’histoire du progrès du Québec lorsqu’ils situent la naissance du Québec moderne aux environs des années 1960 et 1980. Et donc, c’est durant cette période qu’ils allaient établir le Français comme principale langue du Québec et se faisant ils en ont profité pour tasser le Joual dont ils n’étaient pas fiers de côté.
Bien entendu, si d’un côté ils avaient mis le petit pain dans la main des Québécois de l’autre côté ils en avaient profité de tasser toute la culture et donc, toute la fierté du peuple Québécois de côté également. Voilà la plus grande erreur de la révolution tranquille puisque depuis les années 1960, les Québécois sont devenus peu confiants en eux-mêmes, ils doutent d’eux-mêmes lorsqu’ils s’expriment en français et jusqu’à transposer toute sa fierté dans son char, dans sa belle maison mais en eux-mêmes aucune confiance. La classe moyenne québécoise avait pris le contrôle de l’intelligence du peuple pour un petit pain.
Voyez-vous le problème différent de moi? Donnez votre opinion.
Hermann Cebert