À qui profite la violence qui règne en Haïti actuellement : par la fédération des parts du monopole de la violence, les groupes de gangs changent le paradigme de la sécurité en Haïti


Tout le monde sait qu’il y a une industrie de la violence en Haïti. Elles est produite par la bourgeoisie mulâtre haïtienne, les ambassades étrangères dans le pays, par les groupes néo-duvaliéristes, par les organisations internationales et plus particulièrement par les forces multinationales qui occupent le pays depuis le 19 septembre 1994 bien que dans les faits, ces forces d’occupation du territoire national sont dans le pays depuis 1915.

D’ailleurs, à chaque fois que les pays étrangers retournent dans le pays des délinquants ou bien les soi-disant haïtiens comme le fait habituellement la République Dominicaine, la France, les États-unis et le Canada, nous savons qu’ils participent à détériorer les conditions sécuritaires et du pays puisque ce sont bien souvent des bandits, leurs mercenaires et des criminels qu’ils font entrer au pays. Et, c’est ainsi qu’ils développent également la violence et l’insécurité dans le pays par leurs propres bandits et leurs propres mercenaires qui reviennent par relève car ces derniers sont à contrat et une fois qu’ils auront commis les crimes qu’on les commandite, ils retournent dans leurs pays d’origine.

Évidemment, ce n’est pas sans intérêts que les étrangers, la bourgeoisie traditionnelles et rétrograde ainsi que les néo-duvaliéristes continuent de rendre ingouvernable Haïti, au contraire, cela leur garantie une situation chaotique qui les permet d’exploiter plus facilement le reste de la population haïtienne.

Et, même si quelques groupes de gangs arrivent à posséder des armes à feu, ces derniers n’ont aucun moyen pour faire entrer ces armes dans le pays. Ils ne sont pas grands importateurs ni non plus de grands exportateurs de biens dans le pays. Or, ce que nous avons observé depuis les dix dernières années ce sont des groupes qui circulent avec toutes sortes d’armes sophistiqués sans que les autorités puissent avoir un minimum de contrôles sur ces armes.

Ce sont donc des gens riches, des groupes au pouvoir dans le pays durant ces dernières années qui avaient distribué à ces jeunes volontairement ces armes à feu. Voilà pourquoi, nous sommes d,avis que le climat de violence qui règne dans le pays avait orchestrée par les groupes au pouvoir, la bourgeoisie et quelques ambassades pyromanes accréditées dans le pays qui n’ont toujours aucun intérêt à ce que Haïti soit sécuritaire et stable pour assurer son propre développement. Ils profitent de ce climat de violence pendant que leurs commerces, leurs exploitations continuent loin des regards de la population meurtrie du pays.

Devant une telle réalité construite de toutes pièces, en tant qu’observateurs, analystes voire théoriciens qui nous sommes donnés pour mission de faire comprendre les causes de l’anéantissement d’Haïti par les faux nationalistes haïtiens ainsi que par les puissances impérialistes et colonialistes de voir que Haïti est en train de changer son paradigme sécuritaire et qu’il y a lieu de faire l’état des choses sécuritaires du pays en inscrivant nos constats dans une perspective inquiétante qui risque de mettre l’existence même du pays en danger.

Il n’y a pas trop longtemps, pour ne pas dire que hier encore, seules les forces armées en général détenaient le monopole de la violence en Haïti. Très certainement, nous incluons dans cette force armée, la police, les tontons macoutes ainsi que le crime organisé. Les pouvoirs politiques pouvaient se permettre d’abuser de cette violence tout comme ils s’en servaient pour protéger seulement les groupes les plus aisés de la société haïtienne.

Ce temps semble être révolu désormais en Haïti puisque, les anciens bandits, au service de la bourgeoisie mulâtres et apatrides du pays, aussi bien qu’au service des gouvernements néo-duvaliéristes pro les classes dominantes, se sont appropriés une partie de ce monopole de la violence, selon eux bien entendu, pour exiger une certaine répartition et de distribution de la richesse dans le pays au profit des personnes les plus démunies tout en terrorisant cette même classe laborieuse des masses populaires.

Comment concilier, les intérêts des uns et des autres pour ne pas dire de quelques chefs de gangs mercenaires, l’usage de la violence à l’intérieur d’une démarche de justice sociale, eu égard aux passés récents de ces derniers, ainsi que les exigences des conditions propices et sine qua non de toutes formes de développement et de progrès du pays?

Question complexe et réponse complexe. Néanmoins, traditionnellement les chefs de gang se sont toujours partagés les butins de guerre entre eux. Ce qui pourrait coïncider à des ententes à l’amiable. Ou du moins, comme c’est également une certaine tradition, un groupe vaincra un autre de telles sorte soit que nous risquons de tomber le statu quo soit que tout soit chambardé vers les chefs de gang. Il n’y a aucune certitude là-dessus.

Pourtant en tant groupe de tampon des deux zones obscures auxquelles les groupes armées semblent s’y opposer, une troisième voie ouvre des perspectives plus larges qu’on a l’habitude de le vivre dans le pays.

À ce propos, nous avons déjà en tête les dernières initiatives de quelques uns des groupes de gang qui décident de se fédérer afin de rassembler la part de la violence qu’ils ont pu arracher des forces traditionnels qui possédaient la quasi totalité du pouvoir de la violence. Mais qui pourrait être certain qu’ils ne s’agit du cynisme du régime en place qui aurait faciliter cette fédération de la violence en la contrôlant à distance tout en les concédant une certaine autonomie logistique et de rhétorique. C’est une part importante de nos réserves.

Toutefois, si l’on devait leur accorder une totale liberté intellectuelle à savoir que les chefs de gang seraient maîtres de leurs actions et qu’ils se soient libérés de toutes structures et de toutes les allégeances à des groupes donnés et définis, toute une nouvelle page s’écrirait alors dans une vision révolutionnaire des luttes de classes et de soulèvements populaires dans le pays.

Malgré tout, ils seraient très limités dans le temps et dans l’espace, ces mouvements insurrectionnels car, tout le mouvement souffre d’un très grand déficit idéologique même si jusqu’à présent, aussi minime qu’elle soit, une petite espérance traverse ce mouvement en construction.

Ici, il faut bien se mettre dans un nouvel état d’esprit pour bien saisir cette nouvelle opportunité révolutionnaire ou réactionnaire du mouvement de légitimation des gangs surtout, lorsqu’ils transforment leur appropriation d’une part de la violence en actions révolutionnaires sociales et populaires en ce qui concerne de la manière qu’ils se justifient de leurs violences. Ils sont véritablement manifestes dans cette démarche puisqu’ils arrivent à faire porter toutes leurs actions par les groupes déshérités du pays, les masses populaires.

Ils sont ingénieux et, voilà pourquoi, au lieu de les détruire un par un, ce que les pouvoirs font habituellement devant de mêmes réalités, leurs actions fédératives et d’unification de l’ensemble des parts de violences qu’ils se sont appropriées au cours de ces dernières années, on devrait les pousser davantage à s’unir afin de pouvoir créer des conditions propices à l’organisation systématique de ces parts de violences qu’ils se sont appropriées.

Ceci demande une très grande ouverture d’esprit pour tolérer un si long processus de réalisation mais combien nécessaire à la récupération de ces parts de violences qu’ils ont entre les leurs mains et surtout, qu’ils ont actuellement sous leurs contrôles. Ici, il faudrait penser pays d’abord avant de penser aux intérêts mesquins et de son propre clan.

D’ailleurs, l’État n’est-il pas là pour être le seul détenteur de l’ensemble des forces de violences? À chacun de voir. L’organisation de la violence populaire peut amener à pacifier une fois que les conditions seront réunies. C’est à chacun de voir plus largement les intérêts du pays avant de se préoccuper de ses propres mesquineries.

Toutefois, il faut bien reconnaître qu’il est extrêmement difficile de faire comprendre une considération à la population qui souffre de la violence de ces bandits et rien ne nous empêche de croire que leurs stratégie de justification de leurs violence n’est pensée par ceux-là même qui les fournissent leurs armes et qui en profite d’avantage de ces violences.

À quel niveau, ces jeunes bandits qui, il n’y a pas trop longtemps, travaillaient pour le régime des têtes calées et les membres de la bourgeoisie, peuvent ou pourraient s’affranchir des responsables du pouvoir en place? Nos doutes doivent persister jusqu’à ce que ces mercenaires qui se veulent aujourd’hui des robins des bois ou encore des marrons modernes, décident de transformer leurs actions de justification en réelles insurrections populaires et révolutionnaires. Mais là encore sont-ils intellectuellement équipés pour opérer un tel changement idéologique, nous sommes encore dans le doute profond. Et, même si nous prendrions pour vraie leurs menaces de s’insurger contre l’état déplorable des choses sociales, sécuritaires et économiques dans le pays, ils nous manque trop d,informations pour leur donner un certain crédit d,actes et d,actions révolutionnaires. Ils ont pointé du doigt la bourgeoisie et leurs affaires économiques cependant nous continuons de croire qu’ils sont toujours au service du pouvoir en place et plus particulièrement au service des représentants étrangers qui s’opposent à la stabilité et au développement du pays.

Comme le disait Maurice Sixto, J’ai ma carte de pelouse, je vais attendre pour voir jusqu’où ces mercenaires révolutionnaires peuvent aller dans leurs actes et avec leurs organisation de la part du monopôle de violence qu’ils se sont appropriée dans le pays.

Hermann Cebert

(Poète, blogueur, artiste peintre)