Pourquoi personne n’a jamais vu Dieu, sauf le fils unique: les gens cherchent un Dieu de chair qu’ils peuvent toucher et voir


Lorsque j’étais jeune, je pensais que Dieu était un être humain que l’on pouvait voir et rencontrer sans difficulté. Et cette idée de voir Dieu et de le rencontrer était restée dans ma tête très longtemps jusqu’à ce que je rentre au secondaire chez les Salésiens.

J’ai même passé toute ma première année et une partie de ma deuxième année à poser des questions aux prêtres qui étaient presque tous des docteurs en théologie et également des spécialistes dans plusieurs autres domaines dont la linguistique, la socio-anthropologie, l’ethnologie, la psychologie.

Cependant, aucun d’eux n’était parvenu à répondre correctement à mes questions parce qu’ils étaient incapables de me dire qu’ils ne savaient pas. Ou bien, qu’il m’était impossible de voir Dieu et de le rencontrer en personne étant donné qu’Il n’était pas humain comme moi.

D’ailleurs, c’est pourquoi que personne n’a jamais vu Dieu, sauf le fils unique. En fait, aujourd’hui encore, ce que j’ai eu la chance de vivre comme enfant et comme jeune garçon il y na des adultes et mêmes des croyants qui continuent de chercher un Dieu vivant, humain qui les ressemble.

De plus les gens cherchent un Dieu de chair qu’ils peuvent toucher et voir qui doit même venir leur apporter directement ce qu’ils veulent. Ainsi, lorsqu’ils demandent quelque chose à Dieu, ils s’attendent que ce soit Dieu lui même en personne qui leur apporte la chose directement. Tout est sous la responsabilité de Dieu comme si Dieu avait une usine qui produit tous les biens , tous les services et sans oublier une machine à imprimer l’argent comme le Père Noël le ferait au pôle Nord pour fabriquer les jouets des enfants.

Il s’agit de croyances naïves primaires que seuls des enfants peuvent avoir, et je croyais de cette manière en Dieu. Je voulais voir Dieu en personne pour le voir et pour le rencontrer en personne et je pensais de tout mon cœur que j’allais le voir. Je voulais son adresse et surtout, je voulais trouver quelqu’un qui connaissait là où il vivait et d’où il habitait.

Malheureusement, de nos jours encore, ils sont nombreux des soi-disant croyants qui disent attendent Dieu et qui remettent tous leurs projets sur le compte de Dieu. Pire dans tout cela, ils croient dur comme le fer que c’est Dieu seulement qui viendra mettre dans leurs mains leurs projets ou les moyens pour les réaliser. Quelle naïveté!!!. Dieu merci, que j’ai connu ce niveau de croyance très très jeune et que depuis cette tendre enfance, beaucoup d’eaux ont coulé sous le pont.

Évidemment, avec le temps j’ai pu trouver Dieu chez mes frères, mes semblables et qu’à travers leurs gestes j’ai pu le voir et le rencontrer.

Cependant personne n’a été en mesure de me dire que Dieu pouvait exister à travers les hommes, à travers les animaux, à travers les arbres parce qu’ensemble nous constituons Dieu. Un Dieu qui est à l’intérieur de nous et de qui nous sommes ses multiples parcelles. Bien entendu, une telle vérité ne se dit pas ni par des adultes lorsque j’étais jeune garçon ni non plus par les prêtres, les pasteurs qui prétendent être des docteurs de la loi et de la toute connaissance de Dieu.

De même on aurait pu me dire qu’il était une fiction, une forme de puissance que les hommes avaient inventé pour représenter tout ce qui leur échappe ou bien qu’ils ne savent pas.

On aurait pu me dire également que Dieu est tout ce qui dépasse la compréhension et l’intelligence de l’homme et puisque l’homme ne sait pas d’où il vient, comment il est arrivé sur terre ni non plus comment l’univers est devenu univers avec tout ce qu’il remplit dont l’intelligence n’est pas encore d’expliquer, alors on est parvenu à attribuer Dieu toutes ces choses et également tout ce qui arrivera dans le futur mais que les hommes ne comprendront peut-être pas toujours.

Évidemment malgré toutes ces explications, et c’était comme ça que j’étais, à chaque réponse je formulais encore de nouvelles questions, le petit en garçon demanderait si c’est nous mêmes les hommes qui nous sommes des Dieux et peut-être que nous avons en chacun de nous une parcelle de Dieu.

Autrement, dit, nous les hommes, nous sommes nos propres Dieux et cela étant, à chaque fois que nous attribuons des pouvoirs à Dieu, c’est à nous mêmes que nous attribuons ces pouvoirs.

À chaque fois que nous reconnaissons une intelligence à Dieu c’est à nous que nous l’attribuons de telle sorte que nous nous reconnaissons omnipotent, omniscient et tout puissant.

Ce qui n’est pourtant pas trop loin des différentes prétentions de tous les hommes entre eux surtout lorsque nous considérons les conséquences de la commercialisation du savoir et des sciences ont sur la vie de plusieurs autres hommes sur terre.

Et en définitif que l’homme aurait inventé Dieu pour pouvoir se placer au dessus de l’univers. D’ailleurs c’est ce qu’il croit être aujourd’hui encore.

Évidemment, à l’heure où j’écris ce texte, je ne sais plus à quel moment de mon jeune âge, ni non plus les raisons pour lesquelles je m’étais mis à penser à Dieu voire que je ne me souviens pas non plus comment j’étais devenu obsédé par l’idée de voir et de rencontrer Dieu.

Cependant, avec le temps, et compte tenu des conditions dans lesquelles vivait ma famille, je suppose que j’avais éprouvé un certain besoin de nous voir vivre bien compte tenu que j’allais passer souvent des mois de vacances d’Été, des fins de semaines chez les clientes et les amies de ma mère qui étaient des familles mulâtres très riches.

Or, puisque la plupart de ces gens n’avaient pas d’enfants ou bien qu’ils en avaient adopté des enfants, on était reçu chez eux comme leurs propres enfants et ils nous traitaient comme leurs enfants. C’était un genre de double vie qui nous permettait de voir les deux côtés de la vie en Haïti. Le luxe, l’insouciance de la bourgeoisie haïtienne et de l’autre, le manque, la misère et la crasse des masses populaires haïtiennes.

Autrement dit, mes contacts avec la bourgeoisie mulâtre et blanche haïtienne me permettaient de vivre deux situations économiques diamétralement opposées.

Et je suppose qu’en vivant cette double vie, je pouvais voir et comprendre certaines contradictions de la vie en Haiti mais que je ne comprenais pas vraiment ce que je voyais ou vouloir comprendre.

En ce sens, et puisque Dieu était le lieu commun entre ces deux réalités puisque on devait aller à l’Église peu importe l’endroit où l’on se trouvait et quelque soit les conditions dans lesquelles on était.

D’ailleurs, je me souviens même de Père Manno (Hermann Sylvain), un genre de père adoptif de mon père, qui lorsque je restait dormir chez mon père nous obligeait à aller à l’église adventiste les samedis matins. Peu importe là où l’on était il fallait aller à l’église même si c’était des religions différentes.

On passait de l’église adventiste le matin du samedi, au témoin des Jehovah le même samedi mais dans l’après midi, à l’église catholique le dimanche matin, pour aller terminer la soirée à l’église méthodiste ou pentecôtiste. je ne faisais aucune différence entre une Église, une religion avec une autre, j’allais à l’Église tout simplement et c’est partout que l’on parlait de Dieu.

Tout à fait anecdotique, je me faisais cinq gourdes ou un dollar (plusieurs élèves chez les Salésiens) payer par un professeur pour aller assister les dimanches juste après les messes catholiques du matin, en uniforme ( bleu et blanc) pour aller assister à une autre messe dans une Église protestante. Aujourd’hui encore je me demande pourquoi ce professeur nous payait-il et qu’est-ce qu’il gagnait pour trouver autant d’argent. Le commerce des missions en haïti peut-être. Qui sait.

Dans mon quartier, c’était la pauvreté extrême, le quartier était parfois sale, on marchait pieds nus, bien que nous nous amusions beaucoup tout en faisant du sport en plein air. À vrai dire, on en manquait pas grand chose chez nous, puisque l’on mangeait tous les jours très bien deux à trois fois par jour jusqu’en 1986.

De l’autre côté, c’était l’abondance et le gaspillage, on pouvait manger autant que l’on voulait et surtout exiger certaines choses que l’on préférait.

C’était le grand luxe. Sans oublier, tous les dimanches matin on allait au cinéma au ciné théâtre chez les frères bouvier ou frères de l’impasse Lavaud, en après midi, vers 1h30 à 2h00 pm, on attendait la voiture qui vendait les crèmes glacées dont tous les enfants accouraient pour aller acheter leurs cornets de crème glacée.

Puis vers 4h00 pm à 5h00 pm, on prenait nos douches pour pouvoir s’installer devant la télévision pour écouter nos émissions préférées: les films western dont, Daniel Boon, Michel Stroggoff; Perdus dans l’espace, la petite maison dans la prairie, tintin, scoubidou et plein d’autres films.

Tout ceci dit, il semble qu’en tant croaynts, nous oublions que les êtres humains que nous sommes devenus actuellement sont passés par deux chemins pour se formuler une représentation de Dieu. Il s’agit de l’héritage des grands initiés ou des grands illuminés et la démarche personnel de chacun de nous.

En ce qui concerne les grands initiés, ce sont les livres dits sacrés, les révélations, les messagers mais également il y a les images, les ressemblances, les philosophies, les religions et les cultes et rituels de presque toutes les cultures.

Pour ce qui concerne la démarche personnelle c’est le libre arbitre. Chacun et tout un chacun est appelé à trouver Dieu peu importe notre foi, nos croyances et surtout, peu importe les religions dans lesquelles nous confinons.

Aucune religion est en mesure de nous offrir une connaissance nette et vraie de Qui est Dieu cependant, chacune d’elle nous ouvre sur un ou plusieurs aspects de ce que pourrait bien être Dieu, à nous de les rassembler dans notre foi et dans nos croyances.

Chaque religion est une interprétation d’un récit, d’une histoire, d’une révélation ou d’une manifestation d’une expérience humaine, de l’existence ou non de Dieu. En ce sens, que chaque religion relie ceux qui adhèrent à ces interprétations, à ces expériences, à ces révélations et à ces manifestations. Cependant aucune d’ elle ne peut se permettre de nous présenter complètement Dieu. Toutefois, à travers la générosité des êtres humains, en observant notre environnement, nous pouvons nous rendre à une certaine évidence de Dieu comme intelligence ou puissance ou énergie ou force créatrice de qui seraient tout tout l’univers.

Et, en devenant ces choses-là, cette énergie-là peut-être que nous pourrions un jour saisir Dieu lui-même.

Évidemment, l’héritage des grands initiés comme Salomon, David, Moïse, Abraham, Noé, Jésus, Paul Bouddha, Mahomet, Boukman, Joseph Smith pour ne citer que ceux-là.

Avec le temps, ce qu’ils nous ont laissé nous arrivent ou se présentement à nous déformés, modifiés par des intérêts, des valeurs et des références identitaires qui leur déposent des couches culturelles qui nous empêchent de mieux les cerner ou de mieux les saisir . C’est pourtant malgré leurs limites et leurs encrassements que leurs représentations de Dieu semblent se présenter à nous de nos jours. La grande majorité d’entre nous ont ces représentations comme modèles et comme référents divins lorsqu’ils pensent à Dieu ou lorsqu’ils essayent de faire une idée de Dieu.

Les juifs ont une certaine image ou leur propre représentation de Dieu. C’est le cas pour les Hindous, les Européens, les Chinois. Mais les Africains, les Latinos américains, les Amérindiens, les Aborigènes d’Australie à cause de l’esclavage et de la colonisation tendent à se confondre dans ce qu’ils doivent considérer comme leurs propres représentations de Dieu.

à suivre…

Hermann Cebert