Un grand nombre de mes textes et de ma peinture tourne autour de la notion d’inachevé comme si je poursuivais ce terme dans tous ses entrailles. Pourtant, aujourd’hui encore il demeure aussi mystérieux et aussi inconnu que je sois obligé de traduire cette notion en image et de l’observer dans ses travers par rapport au sublime et en lieu et place du décor et des apparats dont le fini ou le presque inachevé arrive à prendre forme et sens.
Évidemment, selon toutes mes attentes, je ne me suis pas souvent trompé sur le mépris que ce qui est inachevé peut subir, sans prétention certes de quiconque qui le rejette ou qui le néglige ou qui l’abandonne au delà de son inconnu et surtout de son non sens dont il est l’incarnation de son propre mystère, mais livré à lui-même, il se laisse méconnaître par son inaperçue. C’est le sens même de ce qui nous échappe.
Cependant, et admettons que l’on connaissait les causes de l’inachevé, alors quel serait son sort, saisi dans sa totalité ou tel qu’il le subit habituellement, négligé, abandonné rejeté et refusé aux dépens du connu, du terminé, du réalisé, du parfait, de l’utilisé, du consommé ou tout simplement du jusqu’au bout, au sublime.
Dans le cadre de ce texte, et de la peinture que j’utiliserai pour l’aborder, mes causes sont l’importance de philosopher la notion «inachevé». Selon moi, une telle préoccupation s’expliquera un peu plus tard dans la globalité de mes oeuvres puisque c’est par l’accession à cette vérité que je puis me permettre d’oser éclater ce qui semble naturel comme comportement alors que ce ne sont que des construits sociaux et culturaux.
Par ailleurs, si puissant est inachevé que l’on doive se demander si une grand part de nous n,est pas à l’intérieur de ce qui nous semble inachevé. Mieux encore, ne serait-il pas vérifiable que l’inachevé serait l’inconnu et donc la part mystérieux de Dieu lui-même? Et si tel était le cas, nos oeuvres, nos actions, nos pensées, nous-mêmes les êtres, ne serions pas vraiment exactement ce que nous sommes?
Normalement, nous ne pouvons nous envisager comme des êtres inachevés parce que nous choisissons nos modèles d’achèvement et d’inachèvement de telle sorte ce qui ne nous ressemblent pas, ce qui ne correspondent pas à nos propres critères définis par consensus ou arbitrairement sont et doivent être considérés comme tels.
Chez les enfants et chez tous ceux qui ne suivent pas nos règles ou du moins tous ceux qui n’ont pas suivi notre agenda, nos programmes de soumission ou de redressement sont capables de pénétrer les profondeurs de ce qui est inachevé, de l’inconnu, de l’inconscient alors que nous passeront pour les plus intelligents, les merveilleux. Mais, qui sont vraiment merveilleux lorsque la grande majorité que nous sommes, des soumis bien entendus, ne sommes même pas capable d’apprécier l’essence alors que ce sont les esprits simples qui peuvent l’apprécier.
Nous avons perdu nos capacités passives au dépend du normatif. Nous ne sentons plus, nous ne voyons plus, nous saisissons plus les choses en elles-mêmes, tout cela au profit ou plus précisément au détriment de nos diverses et multiples capacités cognitives.
Nous ne pouvons plus être intuitifs, nous voulons et nous cherchons du coup ce qui est perceptible, ce qui est saisissable, ce qui est réel, ce qui est visible et enfin ce qui est matériel parce qu,ils nous permettent de partager nos émotions avec les nôtres, nos cercles je veux dire.
Nous devons faire partie du lot, de la gang et nous avons, au terme peur d’écarter les rangs, de faire cavalier seul même si nous ignorons ce sur quoi ils peuvent nous conduire, de nouvelles voies, de nouvelles routes de nouveaux chemins, de véritables raccourcis que le temps révélera.
Pourtant il nous suffit simplement de rompre les liens, de rompre les routines de pensée, de décisions et de réflexions pour voir s’ouvrir tout grand devant nous l’infini, l’inachevé. Découvrir le Dieu vivant en nous, les parts obscurs de nos univers, les choses imparfaites, non terminées, non parfaitement consommée ou réalisées. Ces parts inconnues de Dieu, de l’univers, ce qui nous empêche d’atteindre l’absolu.
Texte inachevé
Hermann Cebert
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