Dans tous les autres pays du monde, les politiciens savent qu’ils doivent avoir chaque année leur propre agenda politique en vue de faire passer leurs projets politiques mais également, dans le but d’influencer ou d’affaiblir leurs vis-à-vis politiques. En Haïti, par contre, aucun politicien haïtien n’a d’agenda politique, tout comme ils n’ont pas non plus de stratégies pour chacune de leurs actions politiques. Évidemment, les chefs des Partis politiques haïtiens ne siègent pas au parlement et préfèrent tous diriger à distance comme des commandeurs et des télé commandeurs de telles sorte que cela les rend faibles et incapables de diriger efficacement les groupes d’opposition voire d’arriver à des consensus autour de leurs projets et de leurs visions politiques du pays.
Bien entendu, puisqu’ils ne sont pas présents au parlement pour pouvoir influencer directement les choses et, d’établir leurs vrais leaderships de chefs des Partis politiques, moins encore, ils agissent sur l’état et par urgence dont plus souvent ils sont à cours d’idées et d’actions face à des gouvernements et à des régimes qui tendent à imposer leurs dicta au reste du pays.
Tout ceci dit, et on comprend dès lors, ce qui manque souvent aux politiciens haïtiens et plus particulièrement aux groupes d’opposition ce sont une présence directe sur la scène politique au parlement haïtien en particulier, des stratégies et de la planification de cette stratégie sur le court, le moyen et le long terme. Or, sans une bonne planification et un bon agenda de ses actions politiques, on risque d’échouer toutes ses actions.
Par conséquent, quand vient le temps pour le peuple haïtien de participer à des actions politiques comme des manifestations et des grèves générales ou sectorielles, le peuple haïtien risque de ne pas toujours répondre présent et lorsqu’il répond, peu de jours après, le peuple tend à s’essouffler ou de ne pas participer du tout. Dans ce cas, ce n’est pas parce que le peuple n’y adhère pas au mouvement en question mais, simplement parce que la rationalité populaire et le bon sens populaire exige des politiciens une bonne planification et des agendas politiques montrant des possibilités d’actions futures capables d’influencer tous les autres secteurs de la vie nationale d’un peuple et d’un pays.
C’est donc, grâce et surtout à cause des plans d’action efficaces qu’un groupe d’opposition peut forcer des groupes d’intérêts à s’allier ou à s’opposer à des régimes politiques ou à des groupes d’opposition. Et cela s’explique par le fait que tout le monde peut savoir ce qui s’en vient et quelles seront les conséquences que ces actions auront sur leurs intérêts et du coup se forcer à prendre partie ou s’opposer.
Par ailleurs, pour bien comprendre l’utilité et l’importance d’une bonne planification de ses actions politiques en Haïti, il faut savoir qu’en Haïti le peuple vit réellement au jour le jour voire, qu’il vit même au quart de jour. C’est-à-dire qu’il n’a aucune aide et qu’il n’a pas de comptes bancaires ni de comptes d’épargne. De plus, le peuple fait énormément de sacrifice pour survivre et qui, malgré tout, continue de répondre positivement à toutes les luttes pour changer les choses dans le pays en vue d’améliorer son sort.
De ce fait, tout politicien responsable devrait tenir compte de tous les sacrifices que le peuple serait capable de faire dans sa volonté de changer ce qui mérite d’être changé dans le pays. Ainsi, donc, à titre d’exemple, au lieu de lancer un mouvement sur une semaine, le politiciens responsable pourrait choisir de le réaliser sur une plus longue période comme deux mois ou trois mois.
De plus au lieu de choisir de mener le mouvement tous les jours sans prendre le souffle comme on le dit si bien en Haïti, on choisirait de préférence deux jours ciblés de chaque semaine comme l’ont fait dernièrement les jeunes écoliers dans le cadre de leur mouvement en faveur de l’environnement ou encore comme les gilets jaunes en France qui avaient opté pour un jour de fin de semaine.
Faire une action sur une très longue période à des conséquences directes sur les activités économiques, sociales et politiques. En ce sens, les secteurs économiques ressentent les impacts de ces actions qui paralysent leurs activités sur cette longue période. Contrairement à une action spontanée, qui affecte le jour même, la semaine même, une action hebdomadaire par exemple s’inscrit dans le temps et ruine la confiance des hommes et des femmes d’affaires parce ces actions sont répétitives.
Par ailleurs, pour un politicien, un Parti politique qui projette ses actions sur une longue période ne doit pas laisser toute leur lutte tout leur mouvement et toutes leurs actions aux mains du peuple. Au contraire, ils doivent maintenir leurs pressions sur tous les fronts où chacun de leurs membres auront certaine responsabilité d’action plus ou moins autonome mais surtout donner des directives nettes à leurs membres pour assurer le maintien de la pression sur le régime en place. Cette liste de directives d’actions permanentes est le principal moteur des objectifs à atteindre car ces actions continuent aident à maintenir les groupes partisans à rester mobiliser.
Ainsi donc, lorsqu’on mène une lutte, un combat sur une très longue période ça exige des adaptations de tous les secteurs et de ce fait, force les pouvoir en place à agir et à mobiliser beaucoup plus de force et de ressources qu’une action spontanée en demanderait. Par ailleurs, tout mouvement, toute lutte qui n’a pas d’objectif bien défini risque de perdre sa crédibilité sur une longue période puisque les citoyens comprendront assez vite la non utilité de ce ,mouvement ou de cette lutte. En ce qui concerne les revendications actuelles du peuple haïtien dont le départ du président Jovenel Moïse, dans son ensemble le peuple y adhère et une bonne planification et un bon agenda pour les six prochains mois pourraient forcer les rares secteurs qui soutiennent le président et son régime peuvent le laisser plus rapidement devant cette volonté et cette détermination que le peuple fait preuve actuellement.
Historiquement, on connait très bien la stratégie de porter une lutte, un mouvement et des actions politiques dur une longue période dont celle des Mères de la place de Mai en Argentine qui ont toujours réclamé justice pour leurs proches disparues.
On peut donc comprendre qu’il vaut mieux un mouvement qui réussit qu’un mouvement qui échoue. Voilà pourquoi, les politiciens haïtiens auraient beaucoup plus à gagner en prenant l’habitude de tout planifier leurs actions afin de mieux gérer les précarités dans lesquelles vivent le peuple haïtien alors même qu’il cherche à améliorer le système politique et les régimes politiques et économiques qui ne cessent de l’étrangler continuellement.
Évidemment, très souvent, je fais référence à l’extrême tolérance du peuple haïtien face à ses bourreaux et vis-à-vis des régimes autoritaires qui cherchent à prendre pieds dans le pays, néanmoins, ce n’est pas que le peuple haïtien ignore ses droits ni non plus qu’il soit incapable de se prendre en main, mais au contraire, j’ai en arrière plan dans ma tête, lorsque je parle de l’extrême tolérance du peuple haïtien, des politiciens qui agissent sans plan tout en espérant des soulèvements spontanés du peuple haïtien.
Malheureusement, ce genre de chose n’arrive qu’exceptionnellement pour ne pas dire rarement en histoire. Pourtant, et malgré tout, en juillet 2018 (6, 7 et 8 juillet 2018), en octobre 2018, en novembre 2018 et en janvier 2019, le peuple haïtien a montré à la face du monde qu’il possédait sa capacité d’agir et de soulèvement lors de ces quatre grands moments de l’histoire actuelle du pays.
Par contre, ces mouvement ont également montré comment la misère avait été déterminants dans l’essoufflement de ces mouvements car le peuple ne pouvait pas aller au delà de ces jours pour renverser le régime de Jovenel Moïse. Bien sûr, tout comme les marrons avaient fini par se soulever tous ensemble et de fait, ce mouvement en branle contre Jovenel finira également par atteindre ce même paroxysme et du coup ce sera le coup final contre l’ensemble de l’ordre établi en Haïti.
Par ailleurs, lorsque l’on peut constater comment le peuple haïtien était toujours en mesure et toujours en position d’exercer sa souveraineté en se révoltant contre les dérives de ce régime des Jovenel Moïse et des Joseph Michel Martelly, une chose est devenue certaine pour quiconque, le peuple ne renoncera pas à sa lutte et, je pèse mes mots, malheur à celui qui résiste à la volonté de ce peuple. Le peuple finira toujours par gagner ses luttes et ses batailles. Que cela soit dit pour qui veut l’entendre.
à suivre…
Hermann Cebert
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