Selon des sources raisonnables et de surcroit raisonnées, nous avions appris que le Commissaire du Gouvernement, Me Ocnam Clamé Daméus, s’apprête à ordonner la libération immédiate et rapide des 64 personnes qu’il avait ordonné les arrestations après les événements du 6 au 8 juillet 2018.
Me Ocnam Clamé Daméus que nous sommes capables de reconnaitre les compétences et les connaissances en Droit ainsi que son grand sens de l’histoire et des faits sociaux, ne se privera pas de cette occasion son élan de radicalisation compte tenu de la solitude de ses fonctions ingrates pour rendre justice à sa famille sociale.
Le commissaire se doit d’aller dans les mêmes directions que lui a tracées Réginald Boulos dans la lettre à la nation haïtienne car, en tant que victime de deuxième ordre, il a renoncé à l’idée de porter plainte contre les 64 victimes économiques et sociales.
Cela étant dit, ce serait une mesure prise selon plusieurs critères raisonnables du Chef du Parquet de Port-au-Prince sur le fait d’une part, l’un des principaux victimes de ces actes de pillages, d’incendies, le Docteur Réginald Boulos lui-même dans une lettre ouverte à la Nation Haïtienne renonce à porter plainte contre les 64 personnes arrêtés.
Dans cette lettre, il a considéré les 64 personnes arrêtées et emprisonnées comme des victimes économiques puisque, n’ayant pas d’ascenseur social pour ne pas avoir à se livrer à ces types d’actes;
Il dit à ce sujet: «Quand l’ascenseur social ne fonctionne plus, et que des segments importants de la société vivent dans l’angoisse perpétuelle d’une improbable mobilité sociale, les frustrations abondent avec pour corollaires les agitations de rue et les violences de foules périodiques auxquelles notre pays est tellement accoutumé».
Et d’autre part, par le fait même que tout le monde s’entendait pour reconnaitre le caractère insurrectionnel et à la limite, révolutionnaire ( ce que seul un tribunal populaire et révolutionnaire aurait pu juger) de ces pillages et de ces incendies qui selon Réginald Boulos auraient des auteurs intellectuels cachés en arrière.
Préalablement à son constat, Réginald Boulos fait une affirmation très suprénante pour quelqu’un de la classe avantageuse du pays en disant:«Il nous faudra tenir compte des demandes légitimes de mieux-être émanant des catégories pauvres et marginalisées de notre peuple».
Ici, nous sommes d’accord également avec Docteur Réginald Boulos car il confirme ce que nous dénonçons depuis belles lurettes concernant les effets de la marginalisation systémique de la grande majorité des haïtiens et, qui produit toujours des frustrations dont cette violence qu’on a enregistrée tout dernièrement lors de cette insurrection civile dans le pays.
Évidemment, il sait très bien de quoi il parle puisqu’il fait partie de ceux-là qui créent cette marginalisation lorsque les plus nantis de sa classe ne laissent tomber aucune miette pour les masses populaires du pays. C’est donc un fait, Réginald Boulos a raison tout comme nous le savions déjà.
Néanmoins, les questions à se poser sont celles-ci, pourquoi, avant d’être victime de deuxième ordre, si nous comprenons bien ses affirmations et ces constats, il n’avait pas vu le pays, les problèmes que sa classe sociale engendre dans le pays, de ce même point de vue?
Nous lui laissons le soin de poursuivre sa prise de conscience qui l’aidera à devenir une bien meilleure personne en affaire dans le pays. Toutefois, nous tenons sincèrement à saluer cet effort de sa part alors même que nous continuons de compatir avec lui concernant l’ensemble de ses pertes car nous sommes contre toutes les formes de violences criminelles dans le pays.
Par ailleurs, toujours concernant les victimes économiques ou première catégorie des victimes de ces évènements, Réginald Boulos réclame leur libération immédiate et rapide surtout lorsqu’il affirme sans ombre de doute:
«L’appareil judiciaire doit épargner ces êtres tourmentés de misères insoutenables et sévir avec la dernière rigueur contre les criminels de métier, les auteurs intellectuels, les opérateurs et groupuscules politiques de mauvais aloi, et contre les acteurs et groupes d’intérêts économiques ayant commandité et financé ces opérations ciblées de déchouquage».
Ici, nous mettons l’accent sur le travail du système judiciaire haïtien dans cette affaire, dont Me Ocnam CLamé Daméus assure la gestion, je parle ici de sa fonction de Commissaire du Gouvernement, et qui a procédé à ces arrestations. Car, Réginald Boulos, par son affirmation où il demande d’épargner ces personnes, exige du Commissaire Daméus la libération de ces 64 personnes.
Je reprend mon argumentaire, en disant, c’est un principe de droit universel, lorsque la victime ne porte pas plainte ou refuse de porter plainte à la limite, il doit être dans les obligations de la justice de procéder à la libération des présumés accusés. Sinon cette justice que nous chérissons, cette justice que nous cessons de réclamer son indépendance devient arbitraire.
Dans le cas des 64 victimes économiques que Réginald Boulos reconnait d’emblé qui ne profitent pas d’un système social efficace, l’ascenseur social, à cause de la gloutonnerie des uns:
«La soif pathologique du pouvoir des uns constitue un frein à la consolidation de la démocratie en Haïti. De même, l’appétit glouton d’autres pour davantage de richesses mal acquises se pose en menace pour la bonne gouvernance»,
et de certaines autres personnes très nanties de la bourgeoisie de Haïti ont dû développer plusieurs frustrations qui prédéfinissaient leurs instincts de survie. Ces personnes qui vivent au jour le jour ne sont donc pas les coupables de ces actes insurrectionnels.
En tant que victimes, victimes économiques, victimes des luttes intra classes sociales, victimes de manipulation des groupes économiques très puissants qui ont commandité, et financé ces opérations de déchouquage des biens de Réginald Boulos, leurs concurrents pour compléter l’intention de sa phrase. Et il le dit clairement dans sa lettre, ce ne sont pas ces personnes que la justice doit emprisonner, mais d’autres familles riches qui sont des criminels et qui s’enrichissent malhonnêtement dans le pays. Les 64 personnes arrêtés étaient donc des victimes qui vivent au jour le jour. La justice se doit de les libérer immédiatement et rapidement.
«des pauvres qui avaient effectivement faim et en quête de quoi se nourrir le jour-même, voire le lendemain».
Par ailleurs, on pourrait nous demander pourquoi ne pas avoir commenté le reste de l’article ou de la lettre de Réginald Boulos, où il parle de sa déception, de sa victimisation d’un système dont il est aussi un grand opérateur, de ses références au racisme qu’il serait également victime parce qu’il serait d’origine libanaise et de ses possibilités d’aller vivre ailleurs.
Je lui laisse l’entière responsabilité d’expliquer, d’expliciter et d’élucider l’ensemble de ces accusations car il a toute sa vie pour le faire. Cependant, c’est à sa conscience qu’il fera face en ce qui concerne la grande générosité du pays qui l’a vu naître, nourri et fait prospérer comme il est aujourd’hui.
Pendant qu’il a le choix de choisir où il veut faire grandir et vivre ses enfants, il y a d’autres haïtiens qui sont probablement nés le même jour, la même heure, la même année et dans le même pays que lui qui ne peuvent pas choisir.
Et autour de lui, c’est plus de cinq millions d’haïtiens qui ne mangent pas tous les jours à leurs faim selon la FAO. C’est 80% des haïtiens autour de lui qui ne peuvent pas se laver quand ils veulent, ni non plus boivent à leur soif de l’eau potable.
De toute évidence, néanmoins, si je peux suivre le raisonnement de Réginald Boulos en ce qui concerne ceux qu’il souhaite accuser, très probablement, il pourrait être victime de raciste à l’intérieur du clan des bourgeois haïtiens sachant qu’il y a très bien des préjugés au sein de cette classe. Mais, malgré tout, là encore c’est à lui de mettre l’action publique en mouvement Étant donné que la justice haïtienne est impitoyable à ce propos.
à suivre…
Hermann Cebert
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