Soixante ans (60 ans) d’exclusion des mulâtres, des arabes, des juifs et des blancs du pouvoir politique en Haïti: quelles sont les conséquences de cette exclusion? Où en est on aujourd’hui?


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Dire que les politiciens noirs haïtiens auraient exclu les mulâtres et les blancs d’Haïti du pouvoir politique en Haïti n’aurait aucune crédibilité si ce n’était un besoin de chiffrer l’absence de ces derniers de la sphère politique d’Haïti comparativement au pouvoir réel que ce groupe exerce sur les structures économiques d’Haïti.

Contrairement également à la datation de cette exclusion des Mulâtres haïtiens de la politique en Haïti, plusieurs faits et plusieurs cohortes de politiciens mulâtres auraient pu nous contredire puisque cette exclusion serait difficilement défendable compte tenu que depuis toujours les mulâtres ont toujours été bien positionnés pour défendre eux-mêmes leurs intérêts économiques et politiques en tout temps et quelque soit le régime politique et l’idéologie qui était au pouvoir dans le pays.

De même, la troisième contre argument concernant une exclusion systématique qui frôlerait la persécution de tous les mulâtres et de tous les blancs en Haïti serait également indéfendable puisque toute l’histoire d’Haïti renferme des évènements, des faits, des circonstances où plusieurs politiciens noirs avaient offerts aux mulâtres de s’impliquer davantage dans la gouverne de leur pays qu’ils ont soit boudé, soit se sont opposés ou encore qu’ils se soient alliés avec des étrangers pour tenter de prendre et de garder le pouvoir pour eux seulement.

Néanmoins, et au delà de nos propres contre argumentations, quelques évidences sont là pour nous permettre de reposer notre problématique en terme d’implication et de participation effective des mulâtres et des blancs d’Haïti dans la gouverne et dans la politique active d’Haïti.

En effet, si dans les coulisses de tous les régimes et de toutes les idéologies dominantes qui se sont succédées au pouvoir en Haïti, il y a toujours des groupes de mulâtres qui profitent généreusement tout en négociant très habilement leurs privilèges, la présence physique, active et effective des mulâtres n’a pas toujours été continuelle au sein de tous les gouvernements qui avaient été portés au pouvoir pas plus que ces mulâtres aient pu devenir président du pays en tant groupe politique minoritaire dans le pays.

Autrement dit, depuis l’arrivée de François Duvalier, compte tenu de son idéologie noiriste en réaction au système colonial et de préjugé que les mulâtres avaient reproduit dans le pays dès le lendemain de l’indépendance du pays, très certainement, et ce sous certaines réserves bien entendu, on pourrait dire que physiquement les mulâtres avaient été exclus des pouvoirs politiques en Haïti.

Néanmoins, il faudrait ne pas oublier que depuis l’occupation américaine de 1915, toutes les structures du pouvoir en Haïti avait contrôlé par les mulâtres dont ceux qui étaient au pouvoir et se succédant l’un après l’autre au pouvoir et à la tête des gouvernement provisoires dans le pays.

Et comme aiment le dire les duvaliéristes que ce sont eux qui avaient choisi de donner le pouvoir à François Duvalier par peur d’un régime et d’un gouvernement révolutionnaire de Daniel Fignolé. Il avaient peur de Fignolé et ils ont eu Duvalier et ce dernier savait qu’il n’avait pas le choix de se débarrasser d’eux et c’est ce qu’il avait fait. En fait si le pays a eu Duvalier, en grande partie c’était à cause des mulâtres qui étaient à la tête de l’armée coloniale américaine qui craignait le populisme de Fignolé.

Par conséquent, les campagnes de violence que Duvalier avait entreprises contre plusieurs mulâtres selon certains, ce fut en grande partie parce que ces mulâtres croyaient pouvoir manipuler le vieux Duvalier voir mettre en péril et en danger la vie de ses enfants. À ce titre, on peut se rappeler les campagnes de chasses systématiques que François Duvalier avaient entreprises contre plusieurs grandes familles de mulâtre dans le pays plus particulièrement, le massacre de Jérémie qui a décimé complètement plusieurs familles de mulâtres dans cette grande ville du pays. C’étaient des familles apparemment qui s’opposaient à l’arrivée de François Duvalier au pouvoir ou qui étaient considérés comme des communistes par le dictateur.

Néanmoins, il faut bien admettre que Duvalier n’a pas pu développer son idéologie sans le support des préjugés dont les mulâtres portaient en leur sein contre les masses noires. Eux aussi, ils ont participé à la radicalisation systématique de cette idéologie noiriste en plusieurs occasions et tout au début de la naissance du pays. D’abord parmi les héros de l’indépendance du pays, on retrouve en la personne de Alexandre Pétion qui n’avait pas accepté d’épouser la fille de Jean-Jacques Dessalines, ce qui aurait très probablement d’heureuses conséquences sur le devenir du pays, évidemment, c’est juste une condition livrée aux aléas de l’histoire car on ne peut pas affirmer de telle chose.

Par contre, le massacre des blancs et des mulâtres dans le Sud du pays n’avait pas aidé l’union d’autant que Dessalines les avait provoqué lorsqu’il les appelait à se soulever s’ils étaient des hommes, et personne n’a véritablement déblayé les autres causes de ce massacre à part la volonté des mulâtres d’exiger les biens des anciens colons.

Cependant, l’assassinat de Dessalines au pont Rouge le 17 Octobre 1806, la division du pays en deux royaumes avec Henri Christophe dans le Nord et Alexandre Pétion dans l’Ouest et le Sud puis également, le long règne de Jean-Pierre Boyer sur l’Île entière montrent clairement que malgré la possession du pouvoir par les mulâtres, le développement n’était pas assuré adéquatement ni non plus empêché les anciens préjugés de ces mulâtres de s’effacer par des meilleurs exemples.

Au contraire, le règne des mulâtres qui vivaient toujours l’espoir du retour des Français constituait de véritables freins au développement et au progrès de tous les haïtiens. Jean-Pierre Boyer a été l’un des plus fervents défenseurs de la domination française du pays et son choix de payer la dette de l’indépendance puis son choix de s’exiler en France ont confirmé son rôle de commandeur qu’il jouait en tant que président du pays pour les comptes de l’ancienne métropole colonisatrice.

 à suivre…

Hermann Cebert