Soixante ans (60 ans) d’exclusion des mulâtres, des arabes, des juifs et des blancs du pouvoir politique en Haïti: quelles sont les conséquences de cette exclusion? Où en est on aujourd’hui?(partie 1)


«Permettez-moi, mes chers lecteurs, de partager avec vous quelques articles que je me retenais de partager avec vous parce que j’estimais que le moment n’était pas propice. En fait ce n’était le moment qui n’était pas propice parce que je ne me limite en rien pour partager avec vous mes réflexions. J’espérais les États généraux pour montrer en quoi les vrais sujets ne font pas partie des agendas des politiciens haïtiens.

Tout comme je l’ai déjà dit dans un article, tant que la bourgeoisie haïtienne n’est pas perturbée dans ses quartiers et dans son lieu de résidence, il n’y aura pas de changement en Haïti.

Aujourd’hui encore j’ajouterai à cette affirmation que tant que les les juifs, les arabes, les blancs, les mulâtres haïtiens ne peuvent pas prendre part à la politique active du pays le pays ne pourra pas se développer. Car, la grande nation civilisatrice haïtienne c’est la nation haïtienne unie de tous les haïtiens. »

Parmi les sujets les plus tabous en Haïti, il y a sans nul doute la participation des mulâtres, des arabes haïtiens, des juifs haïtiens et des blancs haïtiens à la politique active du pays. Ce qui signifie, personne dans le pays ose exiger la présence de ces mulâtres comme leaders politiques, comme activistes politiques pourtant, ce sont ces mêmes mulâtres qui contrôlent et tirent les ficelles de l’ensemble des activités politiques dans le pays.

Évidemment, par le fait même qu’ils dominent tout l’engrenage du système politique du pays, on pourrait me demander pourquoi les avoir plus directement sur la scène politique du pays puisque également ils sont toujours capables de placer leurs propres représentants pour mieux défendre leurs intérêts.

En effet, ma démarche va au delà de ces évidences et elle transcende à la limite tous les vieux modèles de participation effective de ces mulâtres étant donné depuis la mort de Dessalines et surtout avec l’arrivée de Alexandre Pétion à la tête du pays et en passant par le long règne de Jean-Pierre Boyer, nous nous sommes jamais questionnés pourquoi tous les fils du pays ne devaient pas prendre part à la vie politique de leur propre pays.

Bien entendu, nous ne pouvions pas répondre à cette épineuse question puisque nous nous sommes divisés sur les causes et sur les conséquences même de notre division, celle de la mort du Père fondateur de la nation Haïtienne. C’est-à-dire, depuis la mort de Dessalines, nous croyions que les mulâtres avaient assassiné l’Empereur.

De ce fait, nous avions attribué des valeurs négatives à cet assassinat de telle sorte que nous croyions même aux idées que le pays ne devait être dirigé que par un groupe ou l’autre c’est-à-dire par les mulâtres ou par les noirs. Or, puisque la majorité des haïtiens sont noirs alors, il se crée une petite élite noire qui s’est accaparée du pouvoir au nom de la soi-disant grande majorité noire et cette petite élite noire de la gouverne politique du pays procède à l’exclusion à la fois des mulâtres, des arabes, des juifs et des blancs haïtiens et de tous les haïtiens vivant à l’extérieur du pays, la diaspora haïtienne.

D’ailleurs durant la période de 1860 jusqu’à 1915 et jusqu’à 1934, à l’époque où il y avait que deux grands Partis politiques dans le pays dont, le Parti National (qui se voulait le Parti des personnes noires du pays) et qui réclamait le pouvoir au plus grand nombre et ensuite, le Parti Libéral ( qui se voulait être un Parti  des Mulâtres pour sa part réclamait (le Pouvoir aux plus capables).

C’était du non sens malgré la grande carrure des idéologues de ces deux Partis politiques, je veux parler de Anténor Firmin et de Edmond Paul qui se trouvaient du camp et du Pati des mulâtres deux personnes noires et de l’autre côté, on avait parmi les idéologues du Parti Libéral Boyer Bazelais. On devait se demander à cette époque, qui défendait qui et, dans quelle intention puisque, rien qui concerne la nation en tant que tout n’était mis de l’avant par les tenants de ces deux positions qui au fond préconisaient une nouvelle division du pays sur la base raciale, ce pourquoi tous les haïtiens, noirs et mulâtres se sont battus contre le colonialisme français de l’époque.

Autrement dit, sur la base de la division, chacun se vantait d’être plus apte à diriger le pays. Pourtant tout ce que le pays avait besoin c’était un pays uni, où tout le monde devait se mettre au service du bonheur et du progrès de tous et de l’ensemble de la société haïtienne. Malheureusement, nos politiciens de l’époque tout comme ceux d’aujourd’hui, ne comprenaient pas ce que le mot Fraternité qu’ils avaient volé aux français voulait dire. Il en était de même pour la notion d’Égalité puisque celle-ci semblait vouloir dire, chacun pour soi et la liberté pour tous dans leurs propres petits coins.

Depuis lors, à chacun son tour, à la tête du pouvoir dans le pays et surtout désormais à partir de François Duvalier on allait tasser tous les mulâtres dans leurs ghettos à Pétion-Ville où ils vivent depuis en vase clos sans que le reste des noirs du pays sachent très bien comment ils vivent et ce qu’ils font pour se maintenir au pouvoir par l’entremise de leurs petits serviteurs qui sont aux commandes de leurs affaires politiques alors que ce sont eux qui profitent largement large de tous les systèmes économiques et financiers du pays.

Ce rôle leur plait semble-t-il bien parce qu’ils ne se sentent pas ou jamais menacer par les différentes crises qui démantèlent le pays, tout en le détruisant très certainement à petit feus feux. Pour plusieurs d’entre eux c’est mieux ainsi car toujours gagnants quelque soit le régime en place. Ils ont leurs commandeurs à qui ils offrent régulièrement des cadeaux comme juges, commissaires de gouvernement, ministres, prêtres, professeurs, médecins ingénieurs, chimistes et quoi d’autres comme professions libérales qui ne sont pas à leurs services.

Or, c’est justement ce système de cloison social et économique entre les mulâtres et la grande majorité des noirs haïtiens qui est l’une des plus grandes causes du sous-développement de Haïti. Et, je veux aller encore plus loin dans mes réflexions en disant: Tant que les Mulâtres et les blancs d’Haïti ( incluant les juifs, les arabes haïtiens) ne s’impliquent pas activement et physiquement dans la vie politique active de Haïti, le pays ne pourra pas se développer.

Ce qu’il nous faut pour redémarrer le pays c’est l’implication active de tous mulâtres, et tous les blancs qui sont des Haïtiens dans la politique du pays. Et pour y arriver, il faudra que ceux qui s’intéressent à la politique, ceux qui étudient à l’étranger et qui ont les moyens pour retourner au pays commencent par s’impliquer dans les organisations communautaires ou populaires, dans les groupes des droits civiques, dans les groupes de défense de l’environnement.

Évidemment, je ne vois pas et je ne pense pas aux vieux politiciens mulâtres, arabes, juifs de la vieille école politique haïtienne qui ont été des jeanclaudistes et des duvaliéristes notoires mais, je veux parler et je vois surtout leurs enfants, les plus jeunes de ces familles. Des jeunes qui peuvent imaginer le pays inclusif, uni solidaire, progressiste pour l’ensemble de tous les Haïtiens et non un  pays sectaire ou divisé.

Et, tout dernièrement, j’en ai vu de ces jeunes surtout ceux qui se vantent sur les réseaux sociaux qu’ils étaient des haïtiens même si on avait tendance à les considérer comme des blancs ou des nationalités différentes. Ce sont eux que j’invite à s’impliquer dans les causes sociales du pays car ils peuvent plus facilement convaincre leurs proches qui sont riches d’endosser des causes sociales.

Se faisant ces jeunes mulâtres se feront des noms et des leaderships qui leur permettront d’avoir certaines légitimités pour représenter leur circonscription pour pouvoir devenir des députés, des sénateurs, des Premiers ministres voir le président du pays.

Je ne veux pas les voir se faire parachuter par personne ou par quiconque mais qu’ils puissent gagner leur notoriété par eux-mêmes et pour ce qu’ils font. En ce sens, ils auront acquis toutes les expériences requises par leurs œuvres et par leurs engagements dans leurs communautés et au sein de l’ensemble de la société haïtienne.

à suivre…

Hermann Cebert