Le salaire minimum en Haïti: la bourgeoisie menace et le gouvernement agit avec incompétence


Considéré souvent comme le pays le plus pauvre de l’Amérique et des Caraïbes et également, le pays où les haïtiens sont toujours très nombreux à laisser leur pays dans le but d’améliorer leurs conditions de vie et, étant donné qu’il n’y a aucun investissement, aucune infrastructure favorisant le développement du pays, le débat actuel concernant la nécessité d’augmenter le salaire minimum en Haïti montre clairement comment les hommes et femmes d’affaires haïtiens et étrangers s’opposent à toutes les formes d’améliorations des conditions de vie de l’ensemble du peuple Haïtien.

D’un côté, il y a les hommes d’affaires qui refusent d’accorder ces augmentions dont ils auraient dû donner depuis plusieurs années déjà et de l’autre côté, il le gouvernement actuel qui négocie à rabais une très petite augmentation en promettant de compenser ces manques à gagner des travailleurs en offrant des avantage3s sociaux avec les fonds propres du gouvernement. C’est donc un véritable monde à l’envers car aucun autre gouvernement dans aucun autre pays du monde accepterait que ce soit le patronat qui lui impose d’assurer les coûts sociaux avec de l’argent qui n’est pas généré par le secteur d’affaire concerné.

Bien entendu moi qui croyais que le communisme était chose du passé, je me retrouve à me demander si c’est vrai que je ne suis pas en train de rêver lorsque c’est le gouvernement de Jovenel Moïse et de son premier ministre Guy-Jacques Lafontant qui décide de remplacer les citoyens en gérant à leur place leurs propres argents à travers un programme social et des avantages sociaux.

En fait, ce que le gouvernement haïtien se propose de faire c’est d’empêcher que les entreprises payent convenablement leurs ouvriers des salaires décents pour offrir à ces travailleurs des avantages comme le  repas à moitié prix, le transport à moitié prix, des assurances à moitié prix que nous pouvons estimer à peu près à plus de 550.00 gourdes par mois voir un peu plus si nous tenons en compte tous les autres paramètres qui rentrent dans le panier des avantages et des dépenses que les travailleurs consentent déjà.

Selon les facteurs multiplicateurs de richesses dans une économie et dans une perspective macroéconomique, ce n’est guère non plus avantageux d’opter pour les avantages supportés par le gouvernement central puisque, l’argent consommé par les travailleurs se retrouvent concentré à un même endroit, celui de l’environnement immédiat des usines où travaillent les ouvriers.

Tandis que, en accordant l’augmentation des salaires en totalité aux travailleurs, ces dépenses seront étendues sur l’ensemble des zones où vivent et habitent ces ouvriers, c’est-à-dire sur l’ensemble du territoire du pays.

Hélas que voulez-vous, ce sont des incompétents qui se trouvent à la tête de l’État et ces gens sans vergognes ne peuvent pas planifier ni non plus envisager tout le circuit économique dont ils se devaient de bien comprendre avant de prendre des mesures globales comme faire plaisir à leurs amis ou satisfaire les travailleurs malheureux haïtiens. Ce sont tous des incompétents, de la tête au pieds.

Pourtant dans une république comme l’est Haïti, ce devait être au citoyen de faire lui-même ses propres dépenses et non un État tout puissant et centralisé qui devait le faire à sa place. C’est en quelque sorte un nouveau système idéologique que je pourrai appeler le Capitalisme socialisé et tout cela sous les yeux des américains de Donald Trump. Bravo au communisme de Jovenel Moïse et de Guy-Jacques Lafontant.

Où Est-ce que le gouvernement trouvera des fonds à moyens et à long terme pour financer ces avantages qu’il entend offrir aux travailleurs mal pays haïtiens? Que le gouvernement et tous ses ministres nous expliquent les sources du financement de ce nouveau programme social? De notre côté, nous doutons qu’un tel programme puisse survivre au delà de ce régime en place. Et tout ce que les travailleurs réclament c’est un salaire qu’ils peuvent disposer à leur guise et non des forfaits tout inclus du régime de la caravane des incompétents.

Par ailleurs, du point de vue social et économique, ce n’est pas rentable pour les travailleurs d’être obligés de manger tous les jours sur leurs lieux de travail dans les cafétérias de ces usines car cela leur reviendrait plus cher de consommer pour 150.00 gourdes par jour alors que ce même montant d’argent aurait pu nourrir toute la famille, chose que font habituellement les travailleurs haïtiens qui le plus souvent amènent leurs lunchs au travail dont ils préparent déjà à la maison.

De plus, ce débat met en évidence le niveau de violence dont les bourgeois haïtiens sont capables pour maintenir leurs privilèges dans l’exploitation abusive de nos pauvres frères et travailleurs haïtiens dans le pays. Et, les autorités politiques d’Haïti sont déjà inféodées aux grands manitous de la bourgeoisie nationale et internationale qui ne cessent de gagner des profits maximum sur le dos de ces pauvres travailleurs haïtiens avec des salaires en de ça du coût de la vie qui lui est imposé de fait par cette même bourgeoisie.

Évidemment, pour bien comprendre cette violence où plusieurs travailleurs avaient été battus, matraqués arrêtés et interdits de se manifester sur leurs lieux de travail alors qu’ils n’ont jamais été mis en fermeture, je me réfère principalement aux diverses violations des droits internationaux sur la liberté d’association et du droit du travail dont Haïti a signé avec l’organisation Internationale du Travail ( OIT).

En fait, soit dit en passant OIT aurait dû commencer des enquêtes sur la manière que les patrons haïtiens violent sans relâche les droits des travailleurs haïtiens et je les invite à le faire le plus vite possible. Il en est de même pour l’amnistie International qui de son côté fait silence sur ces violations des travailleurs haïtiens et j’espère que cette organisation aillent de son côté faire enquête sur l’ensemble des travailleurs et ouvriers de la Sonapi en Haïti à savoir le nombre de travailleur qui ont subi la violence des policiers miliciens du régime du gouvernement de Jovenel Moïse et de Guy-Jacques Lafontant.

Comment comprendre qu’aucune mesure et sanction soit prise contre le patronat et plus particulièrement contre ceux qui ont empêché et ordonné la violence sur les travailleurs manifestants qui ne réclament qu’un salaire décent pour vivre dans un pays où ce sont ces mêmes patrons qui décident unilatéralement et sans aucune raison valable de l’augmentation des prix des divers produits qui sont importés dans le pays. Il y a quelque chose d’incompréhensible dans la démarche des patrons et des politiciens haïtiens dans la gestion de cette demande normale des augmentations de salaires.

Tout ceci dit, voyons plus directement ce qui fait que la demande des travailleurs haïtiens pour une augmentation de leur salaire soit considéré comme étant incompréhensible dont l’excès de violence de la bourgeoisie par les menaces qu’elle ne cesse de faire. et de l’autre côté, un gouvernement qui se montre véritablement incompétent dans ses dossiers à la fois sur le coût de la vie que sur les coûts des différents services sociaux qu’il entend implanter pour compenser les manques de salaires à gagner par les ouvriers.

En effet, selon le député de Grand-Goâve, Lumérant Jean-Marcel, le coût de la vie serait approximativement de 150.00 gourdes à 250.00 gourdes, seulement pour cette année et en tant qu’économiste, je sais qu’il a trouvé ses informations  des sources fiables mais comment se fait-il que le gouvernement ne se soit pas procuré de ces mêmes informations pour comprendre la nécessité de cette augmentation de salaire à 800.00 gourdes.

Par ailleurs, des économistes comme Kesner Pharel du groupe Croissance  laisse entrevoir de graves crises violentes si ce problème n’est pas réglé rapidement et avec justice sociale. De plus, à entendre André Apaid qui semble accuser l’usage de la violence par les manifestants sans tenir compte de la violence véritable qu’exerce le patronat et le gouvernement lorsqu’il dit en passant que le salaire n’est pas important et que pour lui, c’est le climat de violence qui ferait peur aux industriels et hommes et femmes d’affaires dont les Sud-Coréens en particulier.

Nous sommes donc devant un patronat qui ne jure par ses profits et pour qui la seule chose qui compte c’est de maintenir les ouvriers dans la misère alors que tout le monde sait que la raison véritable qu’il y a des compagnies en Haïti pour faire de la sous-traitance c’est particulièrement la proximité du pays avec le marché Nord-Américain que ces pays n’ont pas ailleurs ou chez eux.

Tout homme d’affaire est un homme averti et par conséquent, montrer que ceux qui font affaire avec Haïti seraient prêts à quitter est faux comme argument et ne peut constituer en soit la raison de maintenir le salaire à son niveau de pauvreté actuel.

En fait, ce n’est jamais un hasard ou de la bonne volonté ni non plus par charité que les hommes et femmes d’affaire décident de venir investir en Haïti,. Ils y viennent parce qu’il y a des avantages comparatifs à investir dans le pays. Ce, qu’il s’agit du marché Nord Américain ou des facilités de transport.

Autrement dit, en fabriquant en Haïti, l’homme d’affaire est gracieusement bien servi car il y a les conditions d’investissement qui sont très avantageux pour eux, la main d’œuvre est de très bonnes qualité sans oublier les coûts qui sont plus faibles.

Par conséquent lorsque des faux économistes ou des hommes et femmes d’affaires nous brandissent la menace de fermer la porte, ils n’ont nul part où aller pour avoir tous les avantages que Haïti leur offre actuellement.

Les coûts du loyer, les coût de l’énergie et plusieurs autres coûts sont tous subventionnés. Sans oublier, les droits et les tarifs douaniers sont nettement avantageux pour eux. Par ailleurs, lorsque l’on considère les revenus qu’ils gagnent par rapport aux coûts de la main d’œuvre les sommes versées en salaires et en avantages sociaux sont complètement dérisoires et choquants à la limite.

La grande majorité des entreprises qui sont dans la sous-traitance en Haïti ne payent pas les impôts à l’État et le pire, c’est que cette grande majorité de ces entreprises ne payent pas non plus les cotisations de santé et en assurance emploi à l’ONA et à l’OFATMA qui sont responsables de la santé et du chômage des travailleurs. D’ailleurs, tout dernièrement, l’OFATMA qui est en quelque sorte la société d’assurance santé des travailleurs semblait avoir déclaré faillite.

Comment une entreprise dont les assurés continuent de payer leurs cotisations d’assurance santé peut ne plus être en mesure de fournir des services à ses assurés. C’est du non sens et c’est du vol et de la magouille entre les politiciens haïtiens et les élites du monde des affaires. Le patronat haïtien est corrompu parce qu’il refuse de payer ce qu’il doit payer et il est aussi corrompu lorsqu’il préfère garder l’argent déjà prélevé sur les travailleurs dans ses poches. Je veux parler des impôts sur le revenu, les cotisations sociales et les avantages sociaux appartenant aux travailleurs et à l’État.

Il n’y a pas longtemps, j’ai même entendu tout aussi vrai qu’incompréhensible dans un pays qui serait normal, le maire de carrefour qui disait qu’une entreprise dans sa ville n’avait jamais accepté de pays ses impôts à la ville depuis sa création. Maintenant, imagine que toutes les entreprises et toutes les familles les plus riches du pays n’ont jamais payé à la fois ce qu’ils prélèvent sur les revenus de leurs employés au nom de l’État ni non plus payé aux villes et aux mairies là où elles vivent . C’est là la véritable raison qui explique l’absence de fonds pour financer les dépenses de l’État.

Les citoyens doivent continuer d’exiger leurs salaires à 800.00 gourdes. Ils doivent se mobiliser pour l’obtenir et ils méritent d’avoir un salaire décent même si ce sont ces mêmes patrons qui refusent l’augmentation de leurs salaires qui font également augmenter le prix des produits qu’ils consomment. Et dans ce contexte, manifester, protester, contester le statu quo c’est la chose la plus noble pour ces travailleurs qui luttent et qui sont en train de défendre leurs droits légitimes dans ce pays.

à suivre…

Hermann Cebert