La volonté de se révolter et le devoir de se révolter en Haïti


Lorsque je considère la grande opulence dans laquelle vit la bourgeoisie haïtienne ainsi que l’aveuglement dont font preuve quelques parvenus des masses populaires haïtiennes, je me demande s’il n’y a pas en Haïti une réelle urgence pour les masses populaires du pays de vouloir enfin se révolter.

Évidemment, pour arriver à cette considération, je ne me suis pas inventé une situation idéale qui serait de l’ordre fondamentalement théorique ou hypothétique comme certains médias haïtiens nous obligent bien souvent à entrevoir quelque chose qui frappe véritablement aux yeux.

Je n’essaye pas d’inventer un changement en profondeur dans le pays dans le seul but de renverser les groupes qui sont extrêmement riches dans le pays. Au contraire, je considère ce nécessaire changement dans les mentalités et dans tous les aspects dynamiques qui maintiennent le peuple haïtien en esclavage à l’intérieur de son propre pays.

En effet,  en prenant comme situation le fait que presque tous les gens et tous les groups riches dans le pays sont trempés dans le vol, dans la drogue, dans l’illégalité, dans les crimes de diverses sortes, dans la violence, dans le kidnapping, dans l’extorsion, dans les pots-de-vin pendant que les intérêts mesquins de certains éléments de la classe moyenne profitent pour se fermer les yeux on choisissant volontairement d’omettre certaines informations importantes ou de dire tout naturellement toutes les vérités sur certaines affaires connues de tous, je veux croire qu’il y a là matière à pousser le peuple à se révolter.

En parlant de vol, je pense   à ceux qui doivent payer l’État et qui refusent de payer mais également à tous ceux qui se sont enrichis par le vol. Il n’y a pas longtemps de cela, une certaine presse avait rapporté une combine extrêmement sophistiqué que même les lavalassiens les plus extrêmes n’ont pas pu dénoncer.

Pourtant, avec juste un peu de sens critique, je m’attendais à voir ces extrémistes brandir leurs drapeaux rouges pour inviter la justice dans cette affaire. Malheureusement, même les plus zélés des lavalas n’ont pas lever le petit doigt pour exiger l’annulation de la transaction que Emmanuel Ménard avait arrangé avec une banque privée. Les crimes économiques et financières ne sont pas punissables en Haïti, par conséquent ce n’est pas une affaire politique qui pourrait intéresser les militants politiques en Haïti.

 Le système d’exploitation qui est imposé par les groupes et les familles riches du pays s’impose de telle sorte que même les plus conscients du pays se révèlent également très inconscients par rapport aux divers changements nécessaires dans le pays. Pourtant, ces intellectuels qui étaient supposés d’être des êtres normaux et des intellectuels porte flambeau et porte étendards sont tous aveuglés surtout lorsqu’ils doivent envisager des solutions aux problèmes du pays.

En fait presque tous les haïtiens qui vivent actuellement dans le pays ont du mal à penser et à agir en dehors de la réalité du pays. C’est-à-dire, tous ceux qui devaient être en mesure de comprendre le changement et les transformations dans le pays avec des yeux et des vues différents participent et contribuent à la perpétuation de la misère dans le pays comme si le changement était devenu complètement impossible à l’intérieur du pays.

C’est donc une extrême aliénation généralisée qui affecte l’ensemble du pays telle une paralysie qui rend le pays paraplégique car incapable d’utiliser ses propres membres faisant en sorte que la réalité inventée, manipulée et construite devient la seule réalité qui absorbe tous les esprits de tous les haïtiens.

Tout le pays devient aveugle et inconscient de toutes les situations de grandes misères et de grandes pauvretés dans lesquelles ils vivent. Haïti est sérieusement malade puisque personne n’ose penser voir imaginer ou agir en vue de faire ou de provoquer un changement dans le pays car tout le monde est inconscient de l’état et des états dans lesquels vit tout Haïti et tous les haïtiens en général.

Évidemment c’est regrettable de faire ce grand constat mais que voulez-vous, lorsque tous les haïtiens ne peuvent pas comprendre ni savoir qu’ils vivent actuellement dans une grande caverne à ciel ouvert. Ce qui se passe à l’extérieur de la caverne est devenu inacceptable, incompréhensible, inimaginable étant donné qu’ils sont tellement habitués avec cette misère, cette pauvreté de crasse, de fatras et de la boue.

En ce sens leur expliquer que quelqu’un ou tout homme peut et a le droit de vivre dans un confort est quelque chose de possible et malgré tout qu’ils ne décident de changer les choses est vraiment anormal pour des êtres humains comme tous les haïtiens en général.

C’est le cas pour les besoins d’avoir une maison ayant l’eau potable 24h/24h, ayant de l’électricité 24h/24h sans coupure, que tout le monde a un salaire ou une allocation de revenu à tous les mois que l’on dispose à sa manière et selon ses besoins, que les enfants vont à l’école et qu’ils sont pris en charge par un État responsable qui envoie régulièrement et à tous les mois une contribution pour ces enfants à leurs parents , que tout le monde a une assurance santé qui les permet de recevoir des soins de santé selon leur maladies.

Toutes ces choses qui sont un véritable luxe actuellement pour les haïtiens pourtant c’est juste un minimum pour les citoyens canadiens , américains ou français. Les dirigeants du pays et les élites économiques du pays ont pourtant fait comprendre aux haïtiens que c’est mauvais de vivre bien. C’est donc cette réalité qu’il faut changer dans les mentalités et le peuple a vraiment besoin de se réveiller à sa vraie conscience pour qu’il puisse se voir dans le miroir afin de découvrir les conditions d’extrêmes misères et d’extrêmes pauvretés dans lesquelles il vit. Personne en Haïti, qu’il s’agisse des médias, des intellectuels, des journalistes, des chroniqueurs, des reporteurs, et même les autres blogueurs ne prennent la décision de diffuser les conditions de misérables dans lesquelles  vivent les haïtiens.

D’ailleurs, on peut même constater ce que chacun fait de sa page Facebook, twitter, instagram ou quoi d’autre pour avoir une idée de ce qui préoccupe chaque haïtien ayant accès à ces réseaux sociaux. De même, même dans mes cercles d’amis, je le constate également comment plusieurs ont encore peur de s’associer à mes textes pourtant ils se cachent pour les lire pour eux-mêmes. Je compte sur mes doigts le nombre d’amis qui peuvent prendre le risque de republier mes textes. La peur de changer Haïti et d’améliorer les conditions de pauvreté en Haïti envahit tout le monde, à l’intérieur et dans la diaspora haïtienne.

Dans le cadre des revendications des ouvriers et des travailleurs haïtiens qui continuent de réclamer des augmentations de leurs salaires j’ai entendu toutes les sortes sottises du monde qui se réunissent autour de la peur et de cette peur généralisée qui affectent et qui paralysent tout le pays et tous les haïtiens.

Certains annoncent la catastrophe pour l’industrie de la sous-traitance en Haïti si on accorde des salaires mérités aux travailleurs alors que c’est en enrichissant les travailleurs que le pays pourra se développer puisque les augmentations de salaires favorisent un élargissement de l’assiette de l’imposition de l’État. Ce qui devait signifier une nette augmentation des recettes de l’État qui pourra à son tour offrir plus  de services aux citoyens.

Malheureusement, et le gouvernement irresponsable et la présidence irresponsable de Haïti n’ont vraiment pas à cœur les intérêts des travailleurs et du pays lorsqu’ils ont préféré aller à l’encontre des intérêts des travailleurs et ouvriers.

D’ailleurs, le comble de la grande ignorance des membres du gouvernement de Jovenel Moïse et de Guy-Jacques Lafontant, c’est qu’ils ont pu même négocier en dessous des prélèvements fiscaux du gouvernement surtout lorsqu’ils proposent de financer quelques services et quelques avantages sociaux avec les autres recettes de l’État.

C’est donc un régime de ténèbres qui règne actuellement dans le pays. Ces ignorants et ces idiots ne devaient pas être au pouvoir dans le pays.

Que voulez-vous. Le peuple dans son inconscience a fait ses choix, il doit vivre avec son choix. Néanmoins, il est du devoir de chaque haïtiens de débarrasser le pays de ces cancres qui prennent tout un pays en otage. Et, c’est à ce carrefour historique que les vrais leaders doivent se lever pour dénoncer cette extermination pure et simple des haïtiens qui sont restés encore au pays.

Enfin, lorsque dans un pays comme en Haïti qui a fait son indépendance, par des hommes qui étaient arrivés dans ce pays enchainés puis, mis en esclavage pendant plus de 300 ans, en utilisant les armes de ceux qui les dominaient pour les diriger et ensuite les mettre à la porte, où il n’y a ni la volonté de se révolter et, ni le devoir de se révolter, tout digne héritier de ces va-nu-pieds, mais Héros avec tout le caractère magnanime de ce qualificatif, se doit de se révolter légitimement.

à suivre…

Hermann Cebert