Les chiens aboient, la caravane passe: Comment comprendre l’idéologie et les intérêts en arrière du projet de caravane de Jovenel Moïse?


Le philosophe éveillé

Lorsqu’on a fait un peu d’épistémologie et de droit, on sait très bien l’importance de chaque mot que l’on utilise car chaque mot a son histoire, sa valeur, son sens et sa signification. Et, lorsque c’est un président, un gouvernement qui décide de faire usage d’un mot pour nommer son action, on doit toujours prendre pour acquis, que ce gouvernement ou ce président a pris le soin de bien choisir chaque mot qui est utilisé.

Autrement dit, en choisissant le mot caravane pour nommer son projet de visiter l’ensemble du territoire du pays, soit la Caravane du changement de Jovenel Moïse, je prends pour acquis que le président a volontairement décidé d’endosser l’ensemble des valeurs idéologiques que charrie le mot et le concept caravane ce, après avoir consulté tous les experts et tous les avocats qui sont dans son gouvernement.

Par conséquent, il devient évident pour tout citoyen et plus particulièrement les producteurs de réflexions de procéder à l’analyse de ce concept afin de faire ressortir les non-dits idéologiques qui se cachent derrière le projet du gouvernement et surtout les véritables intentions du régime de Jovenel Moïse dans son ensemble à travers la nomination et la formulation du projet Caravane du Changement en tant tel.

En ce sens, selon le véritable sens et la véritable signification du mot caravane tel que le président et son gouvernement le conçoivent traduit tout le mépris du régime pour les critiques, pour les masses populaires qui se retrouvent à vivre dans les grottes, sous les tentes. C’est le mépris du gouvernement vis- à-vis de tous ceux qui offrent des conseils pour de véritables changements dans le pays.

Néanmoins, il faut bien admettre qu’il y a quelque chose qui semble échapper au gouvernement, au président et surtout à son régime c’est qu’ils oublient tous que ce n’est pas parce que «les chiens aboient que la caravane passe» qui ferait en sorte qu’ils puissent faire quelque chose car, dans les faits, «tout ce qui brille n’est pas Or», tout comme «pierre qui roule n’amasse pas mousse». Par conséquent, ce n’est pas en sillonnant tout le pays pour faire sa campagne de propagande que le gouvernement arrivera à faire passer son manque d’action, son inefficacité et son mépris pour les plus pauvres et les plus démunis pour de grandes réalisations.

Tout ceci dit, il apparait donc une très grande évidence que le gouvernement de Jovenel Moïse s’inscrit dans une logique de mépris qui a été initié par Joseph Michel Martelly lui-même vis-à-vis de la population haïtienne dans ce qu’elle vit actuellement comme humiliation, comme misère criante et de souffrance.

Les membres du régime et du gouvernement veulent masquer la réalité dans laquelle se trouve tout le pays. Et où, les villes et la capitale du pays sont très sales avec des fatras partout, les jeunes sont sans emplois, que la police nationale est accusée de ne pas pouvoir assurer la sécurité de la personne du président et que les personnes victimes du tremblement de terre du 12 janvier 2010, les handicapés sont sans soutiens et sans aides, sans oublier l’absence flagrante de moyens de déplacements adaptés ainsi que des accès adaptés pour ces personnes.

À ce propos, nous pensons d’abord aux diverses familles de Jérémie et de la Grande-Anse qui vivent dans des grottes sans eaux, sans électricité et sans nourritures et qui sont obligées de manger des racines d’arbres, des herbes sauvages, de l’argile et de la terre.

Il en est de même pour les familles qui vivent à Port-au-Prince et qui ont subi en tant que sinistrés permanents des dernières inondations dans la capitale du pays dont leurs maisons, leurs biens sans oublier les jours de congés forcés qu’ils étaient obligés de prendre afin de sauver ce qu’ils pouvaient encore sauver.

C’est également le même cas pour ces familles du grand Sud et du Grand Sud-Ouest qui ont été inondées par les pluies des cinq dernières semaines et qui ont emportées toutes leurs récoltes, tous leurs jardins, tous leurs animaux d’élevage alors que personne n’a sollicité le décaissement des fonds publics pour les aider toutes.

Tandis que, c’est pourtant le gouvernement irresponsable et méprisable des souffrances et des calamités de toutes les familles victimes de ces inondations qui ne s’est pas gêné pour exiger avec beaucoup d’arrogance le financement de la sécurité personnelle du président et de tous ses ministres ce, également tout en méprisant la force de police nationale du pays.

Je crois que les haïtiens devaient se questionner sur ce qui ressort des grandes priorités de ce gouvernement et du président en particulier. Laisser périr et souffrir les sinistrés de toutes ces inondations ou sauver et sécuriser la seule vie du président. C’est plutôt très égoïste de vouloir prendre soin du président alors que le président devait être là pour servir d’abord les citoyens et surtout ceux qui sont les plus vulnérables.

Évidemment ce gouvernement qui veut de l’argent pour aider le président à payer ses propres dettes manque de respect pour les citoyens et, tout le monde se rappelle comment Michel Martelly manquait de respect pour les étudiants ceux de la faculté d’ethnologie en particulier, les journalistes dont Liliane Pierre-Paul qui avait été diminuée dans sa personne lorsque Joseph Michèle Martelly l’avait renommé ti lili, de Jean Monard Metellus qui est journaliste à radio caraïbes et là, c’est en quelque sorte une suite de ce même comportement, de cette mégalomanie et du populisme qui semble se poursuivre avec Jovenel Moïse lorsque celui se paye la traite d’aller parcourir tout le pays pour la propagande de son propre.

D’ailleurs tout le monde le constate avec consternation que le président ne cesse de parler de sa personne, toujours Moi, Moi-même le président nous rappelant le dictateur Kim Jong Un, ce dictateur Nord Coréen qui veut anéantir le reste du monde. En fait,à part de ce dictateur communiste, Jovenel Moïse semble rassembler dans son personnage plusieurs autres dictateurs tels que Jean-Claude Duvalier, Mobutu Sese Seko.

D’ailleurs, on a qu’à se rendre sur la page Facebook du président Jovenel Moïse pour constater que le président s’est toujours pris pour un roi lorsqu’il écrit qu’il est le chef du gouvernement alors que la constitution dit le contraire. Il oublie qu’il est le chef de l’État et c’est le premier ministre qui est le chef du gouvernement.  Ce n’est pas une erreur c’est une faute et je présume qu’il ne le voit pas ainsi.

Avec sa caravane qu’il décide de parcourir tout le pays, nous pouvons comprendre que le président nous annonce qu’il va afficher ses photos sur tous les mus de toutes les villes partout où il va passer comme le faisait Jean-Claude Duvalier, Saddam Hussein ou Mobutu Sese Seko. C’est le début de la grande folie de Jovenel Moïse comme principal héritier de Joseph Michel Martelly et duvaliériste par ricochet.

Évidemment, c’est juste un début de quelque chose de très sale qui semble se construire par le régime de Jovenel Moïse et nous pouvons déjà imaginer ce qu’il fera à la deuxième, à la troisième année et ainsi de suite jusqu’à la fin de son mandat si bien sûr il y aura une fin heureuse pour ce nouveau régime. En ce sens, nous devons commencer par craindre les manipulations dont sont capables les membres de ce régime. Et vous avez déjà remarqué comme moi plusieurs vendus qui ont déjà commencé à défendre le régime lorsqu’ils commencent à défendre la Caravane de Jovenel Moïse.

Comment quelqu’un peut prétendre défendre les plus démunis et appuyer la tournée présidentielle de la caravane pendant que plusieurs citoyens et compatriotes se retrouvent sous les eaux sales et de boues?

Quelle audace! Et, surtout quel esprit d’opportuniste que ces gens peuvent avoir devant la misères et les souffrances de tout un peuple.

Il y en a qui n’ont jamais eu de caractère dans ce pays et là, en les entendant défendre cette tournée dans un pays où il a encore les victimes du choléra, les victimes du tremblement de terre de 2010, les victimes de la tempête Matthew qui vivent encore sous des tentes, qui vivent sans eaux potables et qui n’ont rien à manger ni pour donner à leurs enfants.

Comment appuyer un président et son gouvernement qui veulent de l’argent pour acquitter les dettes électorales du président?

Demain on  va les entendre prétendre défendre les droits humains alors que maintenant qu’ils ont tous un emploi celui d’être les partes paroles de la propagande de ce régime corrompu dès ses premiers jours au pouvoir. Qui s’est questionné sur le financement de la tournée propagandiste du régime de Jovenel Moïse.

À combien s’élèveront les coûts de cette tournée? Vous avez une simple petite idée? Certains gouvernements étrangers avaient préalablement annoncé le financement de l’agriculture et de toutes les initiatives en ce sens, alors que nous savons qu’il s’agit bel et bien de l’aide liée.

D’où notre question, qu’est ce que Moïse Jovenel va consentir pour obtenir ces sommes de l’international? Selon toutes les informations recueillies jusqu’à présent, il serait fort probables que le président ait déjà négocié et liquidé les réserves d’or du pays pour pouvoir piller les 150 millions de dollars que quelques gouvernements décident d’investir dans le pays dont la grande part de ces sommes retourneront chez eux.

Tandis que certain voir plusieurs ministres commencent déjà à s’enrichir très facilement aux dépens des personnes les plus démunis qui croupissent dans la crasse, c’est plus de 100 millions de gourdes que le régime réclame pour faire une tournée de propagande dans le pays.

De même, il semble se mettre en place un ensemble de mécanismes qui visent à permettre à Jovenel Moïse de devenir président à vie du pays surtout lorsque nous apprenons que les accusations contre les possibles fraudes et de blanchiment d’argent dont le président serait probablement accusés vont tomber à l’eau et que l’appareil judiciaire va se mettre en branle pour accuser plusieurs politiciens dont Jude Célestin pour gaspillage des biens publics lorsqu’il était à la tête de CNE, nous avançons parait-il directement la dictature du régime de Jovenel Moïse.

Il en est de même pour les ordres qui sont donnés pour arrêter Jean-Bertrand Aristide et le mettre définitivement en prison. Nous semblons être déjà dans l’inqualifiable et l’innommable, une dictature pure et dure.

Ce sera par la loi sur la liberté d’expression que la grande majorité de la population commencera à comprendre ce que nous anticipons aujourd’hui déjà. Cette loi qui viserait à donner plus de pouvoir au régime de bloquer l’accès à internet pour l’ensemble des jeunes et des honnêtes citoyens et à empêcher la libre expression dans le pays, à empêcher la circulation des informations dans le pays.

Comme à l’époque de Jean-Claude Duvalier où, nous qui étions intéressés à la politique du pays, étions obligés d’écouter les stations comme la Voix de L’Amérique,  Radio Moscou, Radio La Havane de Cuba chaque après midi sous le lit, dans l’ombre et loin de tout le monde. Le soir également, il nous étaient difficile d’écouter la télévision de Radio Canada, de Radio France Internationale voir même TV5 Monde.

Nous devons commencer à imaginer comment feront les journalistes pour pouvoir informer le public lorsqu’ils vont devoir se faire arrêter pour avoir mentionner que le président serait peut-être mêlé à des fraudes, à du blanchiment d’argent. Qu’un ministre aurait favorisé sa région au dépens du reste du pays. Que le gouvernement n’a pas dit toute la vérité sur une situation. Ce seront des cas de violation de la loi sur la liberté d’expression. Personne ne pourra dire utiliser les expressions comme rumeur ou sources anonymes puisque le gouvernement pourra toujours évoquer un manquement ou une violation des lois et règlements sur la liberté d’expression.

Ceux qui peuvent empêcher la dictature naissante de prendre forme dans le pays se montre plus vigilants car lorsqu’elle entre bien souvent les masses y participent tout comme les intellectuels également.

à suivre…

Hermann Cebert