Les limites de la démocratie en Occident c'est que cette démocratie a peur de son ombre lorsqu'elle est en contradiction avec elle-même. Alors, elle devient violente, méchante, criminelle
« Les intellectuels et les politiciens haïtiens, entre le déshonneur, et la nécessité de retrouver un respect perdu. Réflexions et analyse sur la ténacité de l’ignorance, face au refus d’un débat éclairé autour du bilan présidentiel de René Préval ». Texte de Me Sonet Saint-Louis.
« Les intellectuels et les politiciens haïtiens, entre le déshonneur, et la nécessité de retrouver un respect perdu. Réflexions et analyse sur la ténacité de l’ignorance, face au refus d’un débat éclairé autour du bilan présidentiel de René Préval ».
Texte de Me Sonet Saint-Louis.
Dans toute démocratie, il faut que l’on évalue avec objectivité les réalisations de ceux auxquels le peuple confie sa destinée. Il arrive souvent que les citoyens ou les institutions habilitées devant le faire en manquent. Des lors, le citoyen, peu informé et ignorant les conséquences et les implications des choix des dirigeants, pourrait être des informé et même intoxiqué .
La mort d’un président déclenche automatiquement dans l’opinion le débat sur la manière dont cet homme public s’était comporté au pouvoir et les actions qu’il a posées dans l’intérêt ou non des citoyens. En effet, comme tout homme public, le président Préval ne s’y échappe pas.
Mais, dans un débat rationnel, comme celui que nous tentons de provoquer ici, la seule question politique digne d’être posée – sereinement et sans démagogie n’aurait elle pas dû être sur le bilan du président Préval. Mais ce débat si légitime ,si impérieusement indispensable, est demeuré interdit ou empêché.
On peut bien aimer la personnalité, les traits de caractère du président Préval, mais ce qui compte, ce sont les actions posées par le président au moment où il avait la direction du pays.
Cette appréhension citoyenne naturelle, il nous faut carrément dénoncer l’ignorance qui gouverne les esprits et occupe le discours dominant. La presse ne se fait- elle pas complice ou ne participe t-elle pas à l »interdiction du libre débat?
Les citoyens doivent- ils demeurer passivement complice d »une telle situation ?
Je ne peux m’y résoudre, en tant que citoyen, car je n’admets pas qu’on galvaude les faits.
Le bilan du président Préval doit être fait sur les choix qui ont été faits, les décisions qui ont on été prises, et les promesses tenues ou non. Le président Préval avait-il défendu les mesures qu’il avait prises pendant ses dix (10) années de mandat, les choix qu’il a assumés devant le peuple, les avancées qu’il avait revendiquées, et les erreurs qu’il a commises pendant ses deux mandats.
De ce point de vue, Préval n’a pas de bilan. Je me renferme autant que ses partisans dans la conclusion de la presse haïtienne qui le présente comme un homme humble et être courtois. C’est curieux, c’est extraordinaire dans ce pays.
Le pays n’a besoin d’autres choses que l’humilité et la sympathie d’un président de la République. On exige rien de nos responsables, encore moins d’un chef d’État. On ne veut pas de résultat, il suffit d’être courtois dans la gestion de la chose publique. « C’est vraiment fantastique ».
Même si quelques timides efforts ont été faits, le bilan est loin d’être probant, malgré les gesticulations. Le mandat présidentiel est marqué par deux grandes plaies. : la généralisation de la corruption et l’insécurité aux multiples facettes ( politique, économique, social et environnemental)
Dans cette cacophonie de la parole, il y a toutes les paroles. Il y a les paroles intéressées, les paroles de ceux qui ont bénéficié les gestes et les largesses du président. Ces citoyens parlent pour eux mêmes, non pas au nom de l’intérêt général.
A qui va t-on faire croire que Rene Préval est un grand président par le seul motif qu’il avait réussi à compléter deux mandants présidentiels dit- on dans un pays si complexe et complique comme Haiti?
Rene Préval était-il politiquement plus intelligent que ses deux prédécesseurs immédiats: Manigat et Aristide ?
Pour répondre à ces questions, il nous parait nécessaire d’analyser le contexte dans lequel Rene Préval avait exercé ses deux mandats présidentiels.
Contrairement aux deux autres présidents, Manigat et Aristide, dont les mandats étaient brutalement interrompus par des coups d’État militaires, les deux mandats de Préval, ont été exercés dans un contexte d’occupation du territoire par des forces étrangères.
De ce fait, le pays se trouvait inféodé aux forces étrangères déléguées sur le terrain pour assurer les intérêts des transnationales. Son élection, comme l’exercice de sa fonction a été décidé et téléguidé par l’occupant. René Préval était conscient de son rôle de comparse au pouvoir, au point qu’il avait déclaré que la MINUSTAH était un facteur de stabilité politique et institutionnel. Son droit d’initiative se trouvait limité et son pouvoir était soumis au diktat de l’étranger.
Sous le gouvernement de Rene Préval, et comme tous les pays occupés, Haïti faisait l’objet d’un pillage économique, financier et même humain. Le régime de Préval s’orientait vers une politique de collaboration, avec les forces occupantes, assurait les intérêts des multinationales déléguées en Haïti par les puissances occidentales qui, à cause de la faillite de l’État d’Haïti ont le contrôle sur tout.
Du point de vue historique, et y compris dans l’époque contemporaine, il n’y a jamais eu de coup d’État, ni de renversement d’un pouvoir dans un contexte d’occupation étrangère, à moins qu’il est décidé par les occupants eux mêmes.
En effet, le contexte de l’exercice du pouvoir par les présidents Aristide et Manigat est totalement différent de celui de Préval.
Pour nous, ce débat est définitivement clos. Préval n’est plus. Il n’est plus utile de le critiquer, il est temps d’identifier clairement les enjeux des années à venir.
Quoiqu’on dise, notre analyse a le mérite de clarifier une situation. En effet, l’analyse scientifique a ses exigences. Le respect de la vérité oblige intellectuel ou le scientifique à faire preuve d’une certaine retenue, et son rôle se cantonne à l’observation scientifique et à l’analyse critique. Contrairement, au sensationnalisme ou à l’observation journalistique qui se fait dans l’immédiat. Il faut demeurer l’intellectuel, c’est-à-dire, l’homme critique en toute circonstance.
Au point de vue politique, le pays a déjà atteint le trefond, mais de grâce, au point de vue intellectuel, il y a un respect à sauvegarder, on ne peut plus descendre plus bas. Même si dans l’air, il y a un peu de dégoût pour la chose publique, le jeu sal, et la politique.
Nous vivons dans une sorte de « contagion du collectif ». L’atmosphère est définitivement polluée, on marche, de magouilles en magouilles, de machinations, en machinations, de palinodies, en palinodies.
Finalement, dans ce pays, faut-il encore risquer quelque chose pour le bien commun ou au contraire, faut-il, passer à autre chose, autre chose plus personnelle?
Mais, à quoi sert à un homme de gagner le monde, s’il laisse mourir son pays ?
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