Les limites de la démocratie en Occident c'est que cette démocratie a peur de son ombre lorsqu'elle est en contradiction avec elle-même. Alors, elle devient violente, méchante, criminelle
L’option souverainiste de l’ile de la Gonave à l’heure du grand désastre national. Une utopie réaliste que tout Gonavien devrait apprivoiser.
Pourquoi Haiti, première République negre indépendante du monde s’est glissée a un niveau critique de sous développement chronique, et d’indignité, au point que la République dominicaine, à l’occasion du passage de ce puissant ouragan en Haïti trouve un prétexte négocié pour justifier sa présence sur le territoire haïtien.
La crise humanitaire actuelle née du passage du puissant ouragan Matthew révèle l’échec total de la gouvernance politique d’Haïti au cours de ces trente dernières années. Le départ désorganisé de Jean Claude Duvalier le 7 février 1986 a entraîné la déstructuration et la désorganisation totale de l’État haïtien.
Au lendemain du 7 février le pays était libéré de la dictature, mais aussi de ses symboles. Comme tous les pays ravagés par ces régimes féroces, Haïti disposait tant bien que mal de quelques infrastructures industrielles et matérielles qui auraient pu servir de support a son développement.
Dans les pays d’ Amérique latine et partout ailleurs, les infrastructures laissées par les dictatures même les plus sanglantes ont été consolidées durant les transitions démocratiques par les nouvelles élites politiques. Ces réalisation matérielles avaient servi de base pour lancer leur pays vers développement durable.
En Haïti, a cause de l’impréparation de nos élites dirigeantes, ç est tout le contraire qui s’est produit. Les maigres infrastructures laissées par les trente années de dictature des Duvalier ont été littéralement détruites par des régimes politiques populistes de gauche et de droite, lesquels ont organisé le pillage systématique des fonds publics. Trente de gouvernance politique ont laissé un pays en lambeaux. Les institutions n’existent plus. Les individus remplacent les institutions. Le territoire de l’État est émietté, c’est le règne des caciques et bêtes politiques.
Durant ces trente dernières années, l’économie haïtienne souffre de stagnation et s’enlise dans le chaos. Mais en même temps, il se développe parallèlement à l’économie nationale, une économie dite de la corruption. L’économie et politique étant intimement liées, il en résulte que tous les espaces politiques et de pouvoir sont contrôlés par cette nouvelle économie Des lors, le jeu politique n’est pas libre. L’ espace politique devient hermétiquement fermé aux secteurs progressistes de la société haïtienne. La politique chez nous est enfin décidée et contrôlée par ceux qui ont accès a ces ressources financières .
Cette course effrénée et la lutte sans merci au sein des classes dominantes pour l’accaparement des ressources du pays se font tout bonnement au détriment de l’État et des citoyens dépourvus de tous les moyens de substance. Exposés a toutes les vulnérabilités, tant sur plan économique, social qu’environnemental, ces haïtiens vivent dans une totale indignité. Leur dignité est extorquée et gardée violemment par ces seigneurs de la nouvelle économie de la corruption. En effet, les fonds de l’État qui auraient dû servir à la construction des infrastructures nécessaires pour lancer le pays sur la voie du progrès social et du développement économique sont détournés au profit des individus et des groupes d’individus.
La politique sociale brutale de » papa bon coeur » des gouvernements qui se sont succédé a la tête du pays de 86 a nos jours a anéanti les espérances des masses populaires. Cette politique d’étranglement de la nation est l’oeuvre de l’oligarchie nationale et une partie de la classe politique haïtienne appuyées par les puissances occidentales qui exercent une influence politique en Haïti . Comme tous les pays occupés et contrôlés par la mafia locale, Haïti fait l’objet d’un pillage économique, humain, financier et même territorial.
Cette situation au delà de la responsabilité des élites nationales, nous donne l’opportunité de questionner l’aide américaine et sa stratégie politique en Haïti. La démonstration de force de la plus grande armée au monde sur le sol haïtien est inutile et se situe dans la logique de sa politique de domination qui a toujours caractérisé les rapports entre les deux nations. On exige plutôt des États unis un nouveau paradigme dans les rapports entre les deux peuples, un nouveau programme qui soit audacieux et qui mette les avantages de son avance scientifique, technologique, de ses progrès industriels et matériels au service de l’amélioration et de la croissance d’Haïti.
Et, c’est dans le cadre de la stratégie des puissances occidentales en Haïti, plus précisément des États unis, et c’est dans ce contexte qu’il faut situer et comprendre l’intervention humanitaire de la République dominicaine en Haiti dont l’objectif stratégique est de prendre le contrôle politique et économique d »Haiti Au cours des années 80, il se développe sur l’ile un impérialisme dominicain. Un impérialisme qui s’exerce par moment, et par étape à l’égard d’Haïti dont dénonçait le professeur Leslie Manigat dans un article fort intéressant qu’il a publié en 1982 sur les relations commerciales qu’entretient la République dominicaine avec Haïti, et dans lequel, il entrevoyait déjà le projet d’annexion de la République d’Haïti par la République voisine.
En 1999, l’historien politologue a écrit dans les cahiers du CHUDAC un article intitulé : les relations haitiano dominicaines, ce que tout Haïtien devrait savoir. Une véritable bible des relations haitiano dominicaines, où l’historien chercheur a tout expliqué sur les relations, les rapports entre ces deux peuples, leurs périphéries , leur douleur, leur solitude et la voie possible de l’avenir.
Cet article continue de faire l’objet de sérieuses discussions, d’études dans les milieux politiques et diplomatiques dominicains et sert encore de référence pour les étudiants en maitrise en sciences po et en histoire dans les universités dominicaines. Pourtant , cet article n’est pas lu ici et est presque ignoré de nos milieux politiques et universitaires. Oubli volontaire ou amenesie collective! En effet, l’histoire, quand elle est bien enseignée, elle devient une école de morale.
La notre, elle est confisquée ailleurs et racontée a nos jeunes de manière sélective. Les haïtiens par la force des choses perdent tous les repères moraux, parce qu’ils sont coupés, séparés de leur histoire et leur culture, leurs préoccupations, et de leurs espérances dans l’avenir. Un philosophe du 19e siècle écrivit :
Dieu prend bien soin de nous à de prendre soin de la patrie. Mais la notre, c’est la République dominicaine qui s’en occupe. Demandez à nos dirigeants, s’ils sont au courant du pourcentage de nos enfants se trouvant dans les zones frontalières et qui vont chaque matin en terre voisine pour recevoir l’instruction et la formation dont ils besoin pour accéder au marché global.
Demandez leur, s’ils détiennent les informations concernant le nombre de jeunes haïtiens qui fréquentent les universités dominicaines. Demandez leur, s’ils sont au courant de la pénétration de nos espaces publics par les services secrets dominicains
La majorité des jeunes diplômés haïtiens en République voisine préfère mourir sous les balles assassines des soldats dominicains que de retourner sur cette terre que les politiques néfastes des dirigeants haïtiens ont transformées en enfer.
Les jeunes qui sont allés a la recherche du bonheur vivrier partout sur la planète, savent qu’ils ne sont pas toujours les bienvenus dans certains pays d’accueil; mais ils y vont quand même. S’ils y vont, c’est parce que « lakay pa bon ». A notre avis, nos légitimes indignations auraient pu avoir un sens, et un échos favorable aux près de ces jeunes abusés par la vie , si nous avions pu définir des politiques publiques efficaces leur permettre de rester chez eux.
A la place d’un projet politique salvateur et inclusif, les conflits interminables au sein des élites dirigeantes haïtiennes pour le contrôle des ressources financières du pays nous ont conduits a deux occupations militaires étrangères dans l »espace de dix ans. Cela traduit non seulement, la faillite de toute une classe d’hommes, mais aussi la volonté de destruction de ce symbole de résistance negre que représente Haiti. Malgré tout, l’image d’Haïti en tant que symbole de résistance des opprimés, va au-delà du pillage, du vol et la trahison des élites haïtiennes
La présence des soldats dominicains et l’armée transnationale sur le territoire national ne pourra détruire ce symbole. Au contraire, cette suprême humiliation infligée aux haïtiens démontre une fois de plus que ces dirigeants ne sont pas dignes d’être les descendants de nos pères fondateurs.
Haiti, pays failli, nous en faisons tous le constat. Mais , il ne faut pas seulement déclarer faillite de l’entreprise qu’est l’ État haïtien, Il nous faut fixer les responsabilités des faillis, sinon nous risquons de répéter les mêmes expériences, les mêmes erreurs et avoir les mêmes résultats qu’on dénonce.
Cette faillite dont parlent Nesmy Manigat et Marie Carmelle Paul Austin dans leur article publie conjointement devient en vérité une véritable banqueroute. Quand la faillite est organisée et provoquée, quand les débiteurs qui sont nos gouvernants et qui par le vol, leur négligence, fraudes et corruption ont causé préjudice au créancier qui est le peuple haïtien, cela s’appelle tout simplement banqueroute .
Ainsi, nous leur demanderions et à certains de leurs collègues grands fonctionnaires de l’État, en quoi sont ils victimes de la perte de la souveraineté nationale et de la faillite de l’État haïtien ? en quoi, peuvent ils prétendre continuer et à exercer leurs droits civils, civiques et politiques, et pourquoi ils peuvent prétendre encore accéder à la gestion du bien commun. Le failli, quoique de bonne foi, a quand même des responsabilités qu’il doit assumer du fait de la faillite de l’entreprise.
C’est après qu’il eut fait face à ses responsabilités morales et judiciaires , il pourra obtenir une réhabilitation qui le réintègrera dans tous les droits dont il jouissait antérieurement. Ces arrogants hier et aujourd’hui sont aujourd’hui frappés d’incapacité temporaire et définitive de faire des propositions en ce qui concerne le futur d’Haïti.
Qu’on soit d’accord ou non, nos hypocrites indignations ne changeront rien dans la ligne qu’on a tracée pour Haïti, de même que les élections programmées pour le mois de novembre 2016 ne pourront que profiter, légitimer le vol d’un petit groupe de jouisseurs et aider à dissimuler en toute impunité les infractions financières et économiques dont ils sont rendus coupables durant ces trente dernières années. Il faut arrêter cette descente aux enfers.
Dans les circonstances présentes, nous apportons notre compassion aux victimes de l’ouragan Matthew. Nous encourageons la manifestation de la digne solidarité de tous les peuples en ces moments difficiles. Mais en même temps, nous dénonçons une certaine forme de violence de l’aide dite humanitaire dont l »objectif stratégique consiste à marginaliser des acteurs nationaux et a affaiblir l »État haïtien. Car, cette aide dans les circonstances actuelles constitue et représente un vecteur de dépendance et une érosion de la souveraineté de notre pays; quand celui-ci ne dispose d’aucun plan pour canaliser l »aide humanitaire et ultimement la faire profiter à ceux qui en ont réellement besoin.
face à l’effondrement de l »État haïtien, il est évident que les autorités en place ne peuvent contrôler véritablement l »aide sur le terrain, parce qu’ils ne contrôlent pas le territoire. Ce espace territorial de l’État sert uniquement de canal de transmission de la volonté du donneur d ‘aide et d’ordre. Le fait que les forces américaines et dominicaines puissent rentrer dans le pays sans avoir de comptes à prendre concernant leurs activités humanitaires et souterraines pose aussi la question de l’absence de l’État.
En effet, l’absence
du contrôle territorial de l’État permet de manipuler l’aide au profit des objectifs politiques. Cette absence crée aussi des espaces de pouvoir et des pôles de pouvoir, hors de l’État qui lui échappent totalement. Les citoyens se trouvent ainsi livrés aux forces étrangères par les dirigeants de leur propre État, desquels ils devraient espérer un minimum de protection et de sécurité. Ils plongent ainsi les masses populaires dans les campagnes et les villes dans la misère et l’indignité « .
Cette crise humanitaire, comme d’autres dans le passe placent Haiti sous la couple réglée des ONGs, des Fondations de charité, des armées internationales et de la générosité individuelle des caciques régnant, où l’État s’est vu totalement dépossédé de ses prérogatives régaliennes.
Ainsi, tenant compte de ces situations malheureuses dont vit Haiti actuellement, nous croyons que l’aboutissement normal de cette utopie collective, de cette aventure souverainiste est possible ; si les gonaviens se mettent ensemble, dans l’unité, et devant l’échec des élites corrompues et réactionnaires haïtiennes, pour définir une autre citoyenneté, une autre gouvernance politique sur l’ile de la Gonave qui viendrait résoudre de manière adéquate et définitive les nombreux problèmes auxquels nous y sommes confrontés depuis plus de deux siècles d’histoire.
La souveraineté de l’ile de la Gonave ne sera pas proclamée contre Haiti et nos compatriotes haïtiens, mais pour les Gonaviens. En attendant que s’éclaircisse la situation du pays, et qu’une autre génération de politiciens patriotes et progressistes prennent la direction d’Haïti, ne serait ce que pour débloquer une situation inhumaine qui a trop duré, l’option souverainiste de l’ile de la Gonave est mise sur la table et s’impose a la conscience citoyenne gonavienne, a la fois comme une alternative au débâcle, au grand désordre national, à l’échec, a la non réussite , a l’impuissance, a la disqualification des élites répugnantes haïtiennes et un droit dont dispose le peuple Gonavien de choisir librement son avenir et son droit a l’autodetermination.
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