Les limites de la démocratie en Occident c'est que cette démocratie a peur de son ombre lorsqu'elle est en contradiction avec elle-même. Alors, elle devient violente, méchante, criminelle
Dans mon dernier article sur le prix du pouvoir en Haïti, j’avais relevé le mouvement de grève et la grande mobilisation des médecins haïtiens comme l’un des éléments qui pourrait affecter la stabilité du pays à l’heure où plusieurs problèmes commencent à s’aligner vers un possible éclatement social et politique du pays.
Compte tenu de l’ensemble des revendications de ces médecins haïtiens qui touchent leurs conditions de travail, leur environnement de travail et leurs qualités de vie, c’est de façon normale que j’appuie leur mouvement car j’estime que la santé de l’ensemble de la population se retrouve concernée lorsque ce sont ceux qui doivent offrir des soins qui sont bafoués et négligés dans leurs droits pendant que nos politiciens haïtiens pillent et gaspillent les fonds du pays dans le seul but de garder et conserver le pouvoir dans le pays.
Cependant, malgré mon appui infaillible à la cause de ces médecins haïtien, force est de constater diverses faiblesses de ce mouvement à la fois en termes de solutions recherchées, du modèle de lutte de ces médecins qui ne diffère en rien les autres modèles de luttes des groupes populaires du pays et également, en termes de créativité et de réflexion sur l’ensemble du système de santé en Haïti.
Pour ce qui concerne les solutions recherchées, je trouve que les médecins haïtiens font preuve d’un manque criant de débrouillardise puisque, en tant qu’universitaires dont plusieurs professeurs ont fait des études à l’étranger et qui ont vu comment sont gérés et financés les grands hôpitaux dans le monde, je m’attendais à un peu plus d’études sur les conditions de travail, la qualité et l’environnement du travail des médecins et de tout le personnel de la santé dans le pays.
Malheureusement, ce que je constate ce sont des médecins qui décident un bon jour d’arrêter de travailler, qui sortent dans les rues avec leurs blouses blanches, accompagnés de groupes de musiques à pieds en train de scander :« On veut de meilleurs salaires, des Hôpitaux plus propres ».
Comme résultats, de ces manifestations les médias ont reportés ces informations, quelques réseaux sociaux ont reprit ces publication pour les multiplier et finalement, tout le monde est informé puisque l’information a été bel et bien partagé. Je pourrais même ajouter que quelques journalistes ont pu interviewé quelques médecins et puis, plus rien compte tenu que c’était la semaine de la fête du drapeau.
En matière de luttes syndicale et de mouvements sociaux qui visent à améliorer les conditions de travail, pour avoir pris part à plusieurs mouvements et de luttes populaires, on pourrait admettre avec moi, que du point de vue de communication, les médecins ne savent pas vendre leurs luttes d’autant qu’ils ne savent pas non plus comment intégrer le peuple qui doit profiter de leurs services de santé à leurs causes.
D’un côté, ils ont décidé de fermer les portes de l’hôpital général et mettre fin à toute offre de service de leurs parts privant ainsi le peuple de ses services essentiels que sont les soins de santé. D’ailleurs, se faisant, les médecins se mettent à dos avec leurs patients ce qu’ils ne doivent jamais faire surtout pour un pays comme Haïti où la grande majorité de la population attendent beaucoup et tout de cet hôpital général de l’université d’État d’Haïti.
En fait, ce qui semble échapper à nos médecins haïtiens c’est leur serment de Hippocrate qui définit très clairement pourquoi l’on devient médecin ce avant toute les autres conditions et de considérations monétaires à la base des revendications de ces médecins. À noter qu’ici, je ne dis pas que les médecins doivent travailler gratuitement pour sauver des vies et soigner les malades.
Loin delà, mais sur la base de ce serment, les médecins haïtiens devaient savoir qu’ils peuvent mener leur leurs luttes, formuler leurs revendications tout en maintenant les services essentiels ou plus mais ils ne peuvent pas fermer complètement les hôpitaux compte tenu de leurs clientèles qui sont les plus démunis du pays.
Leur lutte est juste leurs revendications sont légitimes par contre, ils ne peuvent pas mener leurs luttes contre le peuple même s’ils les mènent déjà sans le peuple. Donc une très mauvaise stratégie de luttes des médecins haïtiens.
Un autre point faible des médecins haïtiens dans ce qu’ils appellent leurs luttes pour les meilleures conditions de travail c’est l’absence d’alternatifs par les médecins pour financer l’hôpital général et du coup leurs propres salaires.
À ce niveau, je trouve les médecins moins imaginatifs que les autres secteurs du pays qui sont sous financés puisqu’ils n’ont jamais su transformer la santé et les soins médicaux comme problèmes nationaux ou encore comme le secteur stratégique du pays au même titre que la sécurité.
D’ailleurs, il en est de même pour les autres secteurs comme l’énergie, les communications, le transport qui ont toujours été négligé par tous les pouvoirs et de tous les régimes politiques qui se sont installés dans le pays.
Le corps médical doit parvenir à rendre leurs services et les soins de santé indispensables pour le pays en rendant leurs services essentiels et prioritaires pour l’ensemble de la population haïtienne. De même, les médecins et tout le corps médical en général devra faire preuve d’une bien meilleure organisation syndicale que ne le sont pas les autres corps professionnels et de tous les travailleurs haïtiens en général.
Toutefois pour atteindre un très haut niveau d’organisation comme il se doit et qui puisse être profitable à la fois pour les médecins membres de ces corporations que pour le reste de la société haïtienne, ça leur prend tout un système de financement directe et automatique de leur organisation plus ou moins selon la formule de Rand.
Il en est de même pour une stratégie du financement par eux-mêmes de leurs fonds de retraite contrairement à ce qui se fait présentement dont l’ONA et l’OFATMA gère présentement. Les médecins doivent sortir leurs argents de retraite de l’ONA en vue de transformer ces fonds en de véritables leviers économiques et de croissance économique pour l’ensemble du pays. Les médecins doivent se prendre en main et ainsi ils pourront devenir de vrais modèles pour le reste de la société.
Lorsque je considère l’ensemble des problèmes que les médecins haïtiens soulèvent avec leur grève et leurs multitudes de manifestations ainsi que leurs impacts sur l’ensemble de la société, je suis porté à croire que le principal enjeu de cette situation serait inéluctablement lié au financement du système de santé haïtien et de l’absence d’un plan de ce financement en lien étroit avec le manque de structure et d’organisation des diverses unités de santé dans le pays.
Toutefois, en plus de ces problèmes, je dois admettre qu’il y manque surtout aux divers acteurs du système de santé haïtien de nouvelles idées, l’absence d’innovation en matière de gestion et de financement de nos établissements de santé. Les médecins haïtiens, en tant qu’universitaires, je les trouve pitoyables puisqu’ils sont incapables d’amener de nouvelles idées, de nouvelles stratégies pour rendre leurs services indispensables pour l’ensemble du pays.
Cela étant dit, permettez-moi de faire un rappel concernant les juifs en matière de financement de leurs organisations plus particulièrement de leurs hôpitaux et de leurs centres de santé et d’hébergement pour les personnes âgées.
En effet, à travers le monde, les communautés juives participent activement dans le financement de toutes leurs organisations plus particulièrement les hôpitaux et les centres de santé.
Non seulement les gouvernements des États participent au financement des hôpitaux juifs là où il y a les communautés juives dans le monde, au Québec et à Montréal en particulier, à travers tout un système de bénévolat et de dons privés, les communautés juives dans le monde organisent régulièrement des levés de fonds pour financer leurs hôpitaux sans attendre les gouvernements pour innover et moderniser ces hôpitaux.
Comparativement à nous autres les Haïtiens, je crois que les médecins haïtiens devaient se prévaloir de ces stratégies pour financer les soins de santé en Haïti. tout ce que cela demande c’est des personnes crédibles, des organisations honnêtes et fortes capables de grandes ambitions et tournées vers le progrès.
Pourquoi pas une fondation de l’Hôpital général de Haïti avec des anciens médecins haïtiens et des médecins actifs pour solliciter l’aide de tous les Haïtiens dans le monde en vue de financer d’une part l’hôpital général mais également tous les hôpitaux publics dans le pays. Ce serait leurs grande autonomie, mais également une participation citoyenne haïtienne qui vise à faire mieux pour tout le peuple et les masses appauvries du pays.
Je sais qu’il y a l’expérience malheureuse de VOAM ( Voyé Ayti Monté) de Jean-Bertrand Aristide) mais cela ne doit pas nous empêcher de créer de nouvelles organisations avec des personnes crédibles dans le but d’aider vraiment le pays. Je suis sûr que nous les haïtiens qui vivons à l’étranger aimerions bien aider s’il y a une grande organisation qui décide de prendre les choses en main.
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