Dernier discours de Martelly: démission, accord avec les oppositions, prochain gouvernement, Evans Paul encore premier ministre


« Je dis merci à tous ceux qui m’ont aidé à servir le pays. C’était un honneur pour moi. Je n’ai jamais eu de regret, jamais eu de fatigue. Pas un seul jour. Je n’ai jamais voulu garder le pouvoir un jour de plus, ni quitter un jour de plus.

Je n’ai jamais eu peur de rien. 7 février tout droit, sans regrets, sans envie, sans attaches », a confié, ému presqu’aux larmes, Michel Martelly, jeudi 4 février, trois jours avant la fin de son quinquennat.

« Je me sentirai plus libre parce je ne gérerai plus vos problèmes. Vous n’êtes plus sous ma responsabilité », dit Michel Martelly lors de la cérémonie d’inauguration du bâtiment non achevé du ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales, en l’absence du Premier ministre Evans Paul, mais en présence de beaucoup de ses ministres, les fidèles des fidèles, dont Stéphanie B. Villedrouin, Florence Duperval Guillaume, Jacques Rousseau, qui ont traversé le quinquennat de bout en bout.

 « Je pourrais gérer Sweet Micky, ma famille », a-t-il dit. Sur ses projets, Michel Martelly n’entretient aucun mystère. Il est à fond dans Sweet Micky après avoir partagé son intention de garder son « style », son franc-parler assimilé à de l’arrogance, a-t-il dit. Il pousse d’un cran la provocation. « Je profite pour inviter tout le monde à écouter ma méringue carnavalesque. J’ai fait une méringue.

Il y a des gens qui sont d’accord et d’autres qui ne le sont pas. Là encore, je suis d’accord avec les gens qui ne sont pas d’accord. Ils en ont le droit. Je voulais le faire. Je l’ai fait », a affirmé sèchement Michel Martelly qui ne fait aucun cas de la polarisation et de l’avalanche d’articles négatifs pour le pays, provoquées par cette meringue dans laquelle il attaque deux journalistes avec des propos grivois à connotation sexuelle, assimilée à une agression contre la journaliste Liliane Pierre-Paul.

Michel Martelly, lors de cette même intervention, s’est targué du début du changement de l’image d’Haïti à l’étranger. Sans prendre sa part de responsabilité, il a imputé à la politique les images de conflits, de casses, d’incendies de pneus de ces dernières semaines. « Nous aimons vendre la détresse pour ne rien récolter.

Nous changeons de gouvernements et la situation du pays ne change pas. Rien ne change et l’on n’avance pas. Il faut arrêter de se battre juste pour se battre. Battons-nous pour aller de l’avant », a dit Michel Martelly.

La semaine dernière, Michel Martelly avait fait part de son intention de ne remettre le pouvoir qu’à un président élu. Il avait également exprimé des inquiétudes que le pays ne sombre dans le chaos à l’initiative de ses opposants qui veulent le pouvoir sans passer par les élections.

Après cette déclaration, des voix en Haïti et au sein de la communauté internationale ont rappelé que le mandat du président Michel Martelly expire le 7 février 2016.

Accord avec les oppositions

Au terme de plusieurs heures de discussions intenses au palais national, vendredi soir, un accord a été trouvé entre le président Michel Martelly et les présidents des deux branches du Parlement, le sénateur Jocelerme Privert et le députe Cholzer Chancy, a appris le journal à 1hrs 05 du matin, samedi 6 février 2016.

« C’est l’Assemblée nationale qui élira un président provisoire. L’Assemblée nationale va accepter la candidature de personnalités qui ne sont pas membres de l’ Assemblée», a révélé au journal une source proche des négociations. Ce samedi, dans l’après-midi, est prévue une cérémonie officielle de signature de l’accord.

«Chaque partie est partie avec un original de l’accord signé des présidents de la République et des présidents des deux chambres du Parlement », selon notre source. Cet accord ouvre la voie à de nouvelles tractations, cette fois au sein de l’Assemblée nationale pour désigner le remplaçant de Michel Martelly. Un lent accouchement 5 février 2016.

La nuit est longue. La réunion au palais entre le président Michel Martelly et les présidents des deux chambres, Jocelerme Privert et Cholzer Chancy, s’étire. « Nous sommes en discussion pour trouver un accord », confie au journal le président de la Chambre des députés, Cholzer Chancy.

Il ne dira pas plus, un peu avant 10 heures 30. Entre-temps, le journal a appris d’une source proche des discussions que le président Michel Martelly a proposé Jules Cantave, le président de la Cour de cassation et du CSPJ (dont le mandat a expiré l’an dernier) pour le remplacer. La mission prioritaire du premier juge de la République sera de faciliter la poursuite du processus électoral, si les parlementaires l’aceptent. « Il a peur.

En Jules Cantave, Martelly trouve une certaine assurance de tranquillité quant à son avenir », confie un sénateur. Mais le Parlement veut, conformément à l’esprit de l’article 149, élire le président provisoire. Dans l’Assemblée, il y a des intentions clairement manifestées, dit ce sénateur, qui voit dans ces longues heures de négociations l’évidence d’un désaccord, a-t-il souligné.

Le juge Jules Cantave, jeudi, a refusé de dire s’il avait été contacté ou non pour remplir la fonction de président après le 7 février. Vers minuit, vendredi, un accord a été trouvé et ouvre la porte à une nouvelle page dans l’histoire des institutions en Haïti.

Il n’est que d’attendre quel accueil feront la rue et les forces politiques à cet entente intervenue entre l’exécutif et les têtes du Parlement.

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