La crise électorale qui secoue présentement Haïti est une crise fondamentalement de légitimité des pouvoirs dans le pays et surtout de la légitimité des responsables politiques du pays. Car, en Haïti, tout le monde cherche à avoir du pouvoir et surtout à contrôler tous les pouvoirs et toutes les institutions qui constituent l’État d’Haïti.
Je veux parler du contrôle de la primature et de la présidence qui forme l’exécutif, le contrôle du Sénat et de la Chambre des députés qui forment le parlement et le corps législatif et également les tribunaux du pays, les cours de justice du pays, le parquet et les commissaires de gouvernement, les directions des prisons, la police et les corps militaires d’invention spécialisés comme le Cimo, le Swatt team qui forment le pouvoir judiciaire. Voilà pourquoi, nous nous enfermons dans un cycle et dans un cercle infernal de violence, de crimes gratuits et plus particulièrement dans une instabilité permanente du pays.
Or, personne ne cherche à avoir un pouvoir légitime ou du moins , à construire une légitimité sur la base de consensus général de tous et de toutes. En fait, je devais dire que tous les politiciens haïtiens ne savent pas ce que cela veut dire un pouvoir légitimité. Ils ne retiennent que le vieux système politique archaïque de l’occident oubliant de fait qu’ils peuvent être légaux c’est-à-dire, issus de la loi et des élections mais, illégitimes au sens de la représentation de toutes les collectivités et de l’ensemble de population nationale du pays. Il important voire fondamental que les dirigeants du pays soient élus par le peuple et qu’ils aient gagné les joutes électorales et ce à tous les niveaux des grandes fonctions d’autorité du pays.
Néanmoins, il faut tout aussi que nos dirigeants soient issus des consensus entre les divers secteurs et les diverses classes sociales du pays. Malheureusement, c’est cette partie du pouvoir que les uns et les autres ignorent comme fondement de la permanence de notre système démocratique. Un pouvoir peut être légal et illégitime et vice versa. Les politiciens haïtiens savent comment s’accaparer du pouvoir de façon légale et illégale mais aucun d’entre eux ne sait comment prendre construire un pouvoir légitime.
Nous avons déjà Jean-Bertrand Aristide prendre le pouvoir par les urnes, donc à partir des élections générales et démocratiques et ce avec la participation des masses populaires. De même nous avons vu Joseph Michel Martelly devenir le président du pays avec la collaboration des puissances étrangères et avec une plus grande collaboration de la bourgeoisie du pays.
De façons généreuse, je peux dire que ces deux types de présidence étaient des présidences plus ou moins légales. Toutefois, après avoir bien observé ces deux présidences, je peux confirmer qu’elles n’étaient nullement légitimes alors qu’elles étaient toutes deux légales.
C’était des présidences de secteurs définis et qui ne recherchaient aucun consensus avec tous les autres secteurs. Aristide n’avait pas cherché de compromis avec la bourgeoisie et Martelly non plus n’a pas essayé de son côté à chercher des ententes avec les éléments disparates du secteur populaire et de la classe moyenne du pays. Comme conséquence de ces deux présidences, nous avons encore un pays au bord du gouffre et de l’explosion sociale et politique.
En fait, ce qu’il nous faut à ce carrefour dangereux où nous sommes présentement c’est un accord de compromis et des ententes de gouvernance du pays et dans le pays. Nous devons protéger les grandes réalisations de l’Équipe de Martelly et ouvrir la sphère politique du pays aux plus riches qui gouvernent et contrôlent réellement le pays grâce à leurs argents et à leurs biens dans le pays. De même, les représentants de la bourgeoisie ne peuvent pas espérer maintenir leurs contrôles du pays en excluant les plus démunis et les exclus sociaux et économiques.
En d’autres termes, jusqu’à preuve du contraire qu’on le veuille ou non l’équipe de Martelly est encore au pouvoir et Evans Paul est encore Premier Ministre du Pays. Ce qui signifie, il nous faudrait exclure la passation du pays à un gouvernement provisoire qui remettrait tout en question et qui nous prendrait au moins une nouvelle année qui sera de toute façon une année de plus perdue car ce serait une année à chercher des ententes qui n’arriveront jamais.
Le pays ne peut pas se permettre de jouer à l’aveuglette en se basculant vers une énième nouvelle transition qui risque beaucoup plus de durer au moins deux à trois ans encore, trois ans donc de retards. Je suis contre le discours incendiaire comme celui qui circule présentement où des irresponsables comme Me André Michel qui jurent de brûler et réduire le pays en cendre. Ce n’est pas du tout constructif.
Et, si également c’est dans le but de gagner le pouvoir ou du moins de l’accaparer au détriment d’une classe sociale ou économique, Ce n’est non plus pas une solution. Évidemment, vu le niveau d’animosité qui règne actuellement au pays, on peut se demander s’il n’y a pas des volontés de vengeance en arrière de toute cette crise électorale et post-électorale.
Bien entendu, on le voit déjà chez Michel joseph Martelly qui a semble décider d’en finir avec Liliane Pierre-Paul en sortant sa meringue carnavalesque qui est vraiment inutile en cette période de fin de manda et de fin de régime. J’espère que Martelly va décider volontaire de rentrer sa musique provocatrice contre une grande figure journalistique haïtienne comme l’est Madame Pierre-Paul.
Ceci dit, si à leur tour, les groupes de l’opposition veut prendre le pouvoir dans le seul but de juger ou de condamner Martelly et sa famille, je peux leur assurer que le pays va droit vers une guerre civile. De la même façon j’étais contre l’emprisonnement de Jean-Bertrand Aristide, je suis également contre l’assassinat ou l’emprisonnement de Martelly. Je veux qu’il reste en vie et qu’il demeure au service du pays.
Il a d’autres choses qu’il peut faire pour le pays et il pourra être très utile pour d’autres gouvernements et pour l’État d’Haïti. De plus je suis contre son exil en terre étrangère car ce serait une grande perte pour le pays.
C’est ce que je disais avec le choix de Evans Paul lorsque Martelly l’avait choisi comme premier ministre, il a le devoir de garantir les intérêts du clan de Martelly et même temps qu’ils se droit de protéger les intérêts de l’ensemble de la classe politique du pays.
Je parlais de la reconnaissance que j’avais décelé chez Evans Paul, c’est maintenant le moment de démontrer sa loyauté envers celui qui a fait de lui un Premier Ministre à un moment où il n’avait aucun espoir de refaire sa crédibilité politique. Evans Paul doit se montrer à la hauteur de sa tâche et de sa grande intelligence émotionnelle vis-à-vis de son pays.
En terme de coûts du deuxième tour présidentiel, un gouvernement provisoire coutera encore plus cher au pays qui n’a déjà aucun contrôle de ces dépenses étant donné que ce sont les étrangers qui financent nos propres élections. En tenant compte de tout cela, je crois que la meilleure décision en ces heures difficiles pour le pays, doit être que le président Martelly reste au pouvoir ainsi que le premier ministre Evans Paul.
Les deux ( Evans Paul et Joseph Michel Martelly) de commun accord avec les deux candidats à présidence ( Jude Célestin et Jovenel Moïse) qui ont obtenu les meilleurs scores aux dernières élections s’entendent sur un calendrier pour l’organisation des élections restantes.
En outre, les quatre hommes se décident entre eux de signer un pacte de non agression et de non persécution pour les cinq prochaines années afin de laisser le pays respirer et se reprendre.
Le tout en présence des représentants de la société civile, des chambres du sénat et des députés, et des organisations des droits de l’homme, du groupe G8, des représentants des organisations internationales, des représentants des religions, de la chambre du commerce et industrie, des ambassadeurs accrédités au pays, des syndicats et des organisations populaires du pays.
Je souhaiterais que cela soit fait le samedi 6 février 2016 devant la presse et diffusée en direct à la télévision et sur internet.
à suivre…
Hermann Cebert