Le fort dimanche de port-au-prince: un état à l’intérieur de port-au-prince et une bombe de microbes


L’un des symboles de l’institutionnalisation de la répression et de la violence en Haïti et, principal héritage de l’occupation américaine débutant le 28 juillet 1915, demeure le Fort Dimanche de Port-au-Prince.

Je me souviens très bien d’un texte que j’avais écrit sur Fort Dimanche que j’avais demandé à l’ex président Jean-Bertrand Aristide de corriger pour moi lorsque j’étais chez les salésiens mais qu’il avait sans mon autorisation transformé en chanson et qu’il nous avait fait chanter à l’église Saint-Jean Bosco de Port-au-Prince.

Je me souviens également des idées de projet que Aristide avait pour transformer ce lieu en université et en bibliothèque nationale d’Haïti et où les jeunes devaient pouvoir s’instruire et acquérir de nouvelles connaissances.

Malheureusement, même avec ses deux mandats voire son retour au pays, il n’a jamais montré d’autres intérêts pour ses propres idées de projet qu’il avait publiquement manifestées pour transformer ce lieu témoin de tous les crimes que toutes les couches et toutes les classes économiques, politiques et sociales du pays avaient subi sous les régimes des Duvalier et des militaires putschistes.

En ce sens, on a qu’à penser aux milliers de personnes, des intellectuels pour la plupart qui ont été emprisonnés et qui ont subi toutes les formes inimaginables de violence et de tortures que les Duvalier étaient capables avec les militaires et les miliciens tontons macoutes.

On peut se rappeler le massacre du 26 avril 1963, celui de 1987 où le capitaine Pongnon avait bastonné plusieurs militants des organisations populaires qui avaient organisé des veillées patriotiques en mémoire de toutes les personnes victimes du massacre de 1963.

Cependant, en ce qui me concerne et sans minimiser ou réduire l’importance de ces événements et les horreurs des régimes Duvalier et militaires, ce qui me revient tout frais à l’esprit lorsque j’évoque la prison Fort Dimanche c’est d’abord et avant tout les dernières images que j’ai de ce lieu apparemment abandonné mais que plusieurs personnes et plusieurs familles occupaient encore lorsque j’ai été en Haïti en 2011., l’enfer de Port-au-Prince.

En effet, lors de ma dernière visite en Haïti, et je crois que plus personne qui se vante d’avoir fait de grandes choses dans le pays ne se sont jamais rendues dans cet endroit de non droit où nos frères et sœurs vivaient et peut-être vivent encore dans les pires conditions que ceux qui vivent dans les autres quartiers et bidonvilles du pays.

Les gens vivaient à ma visite, dans la plus grande promiscuité, dans l’extrême crasse, avec des odeurs inqualifiables et où régnaient quelques grands seigneurs de la drogue et de la prostitution. Oui, des odeurs inqualifiables, des traces de matières fécales puisqu’un grand nombre des habitants de ce lieu morbide n’ont aucun accès à des toilettes et qu’ils marchaient dessus et à travers de leurs propres sels.

Tous les cachots ont été transformés en dortoirs loués aux plus offrants sans aucun éclairage, sans eaux potables que certains appellent le diamant de fort dimanche autant que cette eau est rare à l’intérieur de ce lieu d’horreur et qui continue d’accueillir les prisonniers volontaires que sont les quelques familles qui y vivent et qui y vont juste pour passer une nuit sous un toit.

J’ai parlé de prisonniers volontaires, mais en fait il y avait également des prisonniers condamnés à y vivre à cause de leurs handicaps suite à des accidents et plus particulièrement au tremblement de terre de 2010.

Ces gens pour la plupart ne reçoivent aucune aide de personne ni gouvernement, ni organisation non gouvernementales. Il y a des jeunes, des vieux et des femmes qui sont coincés à l’intérieur de cet enfer en plein cœur de la capitale nationale que le reste du pays ignore tout simplement.

Hermann Cebert

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