Analyse Posthume du Mouvement Printemps Social des Étudiants du Québec: Innovation dans les luttes étudiantes


Le philosophe éveillé
La pensée qui dérrange

Avec cet article, je veux vous emmener un an, ou deux ans ou peut-être même cinq ans après le Mouvement Printemps Social des Étudiants du Québec qui se déroule actuellement au Québec en cette année de 2015 afin de mieux comprendre le côté innovant dans les luttes étudiantes du Québec compte tenu de ce qui se dit actuellement par les analystes, les sociologues, les journalistes et les politiciens qui ne cessent de regarder avec les yeux et les lunettes des années 1960 quelque chose qui doit être considérer comme une innovation dans les luttes étudiantes au Québec et dans le monde.

Si je me réfère aux diverses critiques que l’on adresse aux initiateurs et aux organisateurs de ce mouvement, je peux en retenir quelques uns dont:

 

le cadre légal du mouvement à savoir, que les étudiants ne sont pas des employés de l’État ou des Universités par conséquent, ils n’ont pas la légitimité d’entrer en grève et de ce fait, leur mouvement est illégal;

certains relèvent l’administration et la gestion du vote au sein des assemblées étudiantes à savoir qu’il y aurait manipulation et monopolisation des mandats de grève par des groupuscules de radicaux et extrémistes au sein du mouvement des étudiants de ce fait, les mandats de grèves obtenus ne seraient pas légitimes compte tenu qu’il y aurait une grande majorité silencieuse qui serait bafouée dans leurs droits;

 

un autre point que l’on soulève contre le mouvement c’est l’absence de revendications proprement étudiantes dans les revendications à la base de la légitimité même du mouvement en ce sens, que les étudiants devaient toujours se contenir à l’intérieur des problèmes typiquement étudiants comme si les étudiants ne faisaient pas partie de l’ensemble du corps social et qu’ils devaient soulever les questions qui touchent seulement leur milieux scolaires et académiques;

il faut noter également parmi les autres arguments soulevés contre le mouvement étudiant c’est le droit des minorités, avec bien sûr les diverses injonctions, les mises en demeure, et les procès qui se multiplient, comme si les assemblées n’étaient pas l’endroit pour les majorités et les minorités de s’affirmer en vue d’appuyer ou de rejeter telle ou telle direction politique donnée;

 

enfin le dernier aspect du mouvement que je tiens à relever c’est également le côté innovant du mouvement que personne ne veut soulever ou mentionner dans leurs analyses et parmi leurs considérations vis-à-vis du mouvement.

Sur cet aspect, je ne peux que constater la médiocrité et le manque d’imagination des grands spécialistes qui ne peuvent comprendre le caractère innovant dans l’implication des jeunes étudiants québécois à qui l’on demande souvent de s’impliquer dans la chose politique et publique de la société mais également à qui l’on reproche son manque de participation et son cynisme.

Or avec ce mouvement social des étudiants du Québec, les luttes étudiantes prennent un nouveau tournant, un nouveau virage qui est désormais en rupture avec la génération 1968 c’est-à-dire, organisations étudiantes, revendications académiques étudiantes et mouvements politiques et sociaux en, organisations étudiantes, consciences sociales des étudiants, revendications sociales globales par les étudiants, mouvement social des étudiants et de la société et changement global et sociétal.

 

Les grands spécialistes vous diraient que nous changeons de paradigme avec le mouvement actuel cependant, ça fait déjà un bout depuis que nous sommes dans ce paradigme actuel avec toutes les vagues successives de mouvements de jeunes à travers le monde dont: les altermondialistes, les indignés, Occupy, le printemps arabe, le printemps érable pour ne citer que ceux-là.

 

Tous ces mouvements pris isolés cachent le nouvel paradigme mais considérer dans leur totalité et dans un continuum, montrent clairement un vaste mouvement social et sociétal qui s’était mis en branle en Occident depuis la fin et l’effondrement du bloc de l’Est des années 1989.

 

Pour bien comprendre mon choix de 1989 comme repère de ce vaste mouvement de changement  sociétal qui est en train de s’opérer actuellement en Occident et peut-être à travers le monde si je veux regarder  à travers ma boule de cristal, il faut se rappeler qu’à cause de la division idéologique de l’après de la deuxième guerre mondiale, tous les mouvements étudiants étaient associés à des mouvements communistes or, avec la fin de la guerre froide qui ne s’est pourtant jamais terminée, les mouvements et les luttes étudiantes sont perçus comme plutôt des mouvements et des luttes sociaux donc tolérables.

En même temps, cette réalité a ouvert la voie au questionnement du modèle sociétal capitaliste et libéral qui servent à développer les disparités entre les individus des sociétés occidentales. Toutes sociétés occidentales se sont développées au profit de la génération des babyboomers avec des systèmes syndicaux, des politiques sociales, financières et économiques qui protègent leurs acquis, des mesures sociales et financières, des fonds de retraites et des systèmes de prêts et de financement qui les déchargent de toutes responsabilités envers les générations futures que sont les générations actuelles. Pourtant, à bien comprendre la logique et les principes du capitalisme et du libéralisme qui prévalent en occident, on ne devait pas rencontrer autant de conservatisme dans la réalité de ces deux systèmes.

Il faut peut-être comprendre qu’avec cette nouvelle nouvelles façon de légitimer une action sociale étudiante, les étudiants québécois ont amené une nouvelle axe de s’impliquer politiquement par les étudiants en ce sens qu’ils sont devenus non seulement des étudiants mais également des acteurs sociaux et politiques qui trouvent leur légitimités d’actions non seulement dans leurs cadres scolastiques mais au niveau social et politique capable de répondre aux difficultés d’accès que posent les structures des partis politiques traditionnels des sociétés occidentales. Ce mouvement aura été donc précurseur d’une nouvelle façon de faire des étudiants et il est parti à partir de ce Printemps Social des Étudiants du Québec mais, en même temps il met fin au  mouvement des années 1968 et, nous ne pouvons qu’espérer des changements.

 

Hermann Cebert

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Des professeurs inquiets pour l’avenir de l’institution

13 avril 2015 14h05 | Texte collectif* | Éducation

La contestation étudiante, qui vise des objectifs louables de défense du système d’éducation universitaire au Québec, s’est transformée en une réelle crise institutionnelle qui affaiblit et fait mal à l’UQAM. Ces derniers jours, la mouvance contestataire s’est nourrie des actions intolérables d’une faction minoritaire d’agitateurs dont l’appartenance à l’UQAM est douteuse. Ces manifestants masqués et souvent cagoulés intimident et terrorisent étudiants, professeurs, chargés de cours et employés, vandalisent la propriété de l’université et distillent un climat de violence insupportable.

 

Le mercredi 8 avril, à la suite de nombreux cas de violence, d’actes d’intimidation et d’atteintes à l’intégrité matérielle et académique de l’institution, un affrontement entre policiers et la faction la plus radicale des étudiants en grève s’est terminé dans le chaos. Les coûts matériels sont importants, mais sans commune mesure avec la perte de réputation de l’UQAM.

 

La situation déjà explosive avait dégénéré au point où l’intégrité physique des usagers de l’université ne pouvait plus être assurée par les agents de sécurité en place. Si la décision de l’administration d’en appeler aux forces policières peut paraître exagérée pour certains, une absence d’intervention l’aurait été encore davantage.

 

En conséquence, nous, professeurs de l’UQAM, souhaitons faire connaître notre désaccord avec les déclarations publiques de l’exécutif du Syndicat des Professeurs de l’UQAM (SPUQ) et de sa présidente, Michèle Nevert, appuyant sans discernement les actions étudiantes, en opposition directe avec la décision de sécuriser l’espace universitaire. Nous nous dissocions du ton et de la nature des propos tenus par Mme Nevert, en particulier à l’émission du matin de Radio-Canada, au lendemain du saccage. Ces interventions font énormément de tort à l’UQAM et contribuent à amplifier le niveau de crise institutionnelle. Nous ne nous reconnaissons pas dans ces positions, apparemment prises au nom de tous les professeurs. Nous saluons cependant l’appel au calme du syndicat lors d’un point de presse vendredi après-midi, venu tardivement à notre avis.

 

La réputation de l’UQAM a été fortement mise à mal, ces derniers jours. Nous réitérons notre engagement à faire rayonner la vraie UQAM, celle qui, à travers sa mission d’enseignement et de recherche, contribue à la société québécoise. La tempête financière qui agite et met en péril l’avenir des universités québécoises ne se réglera pas par le saccage de l’UQAM.

Montréal, le 12 avril 2015

 

Lamothe, Michel ; Mounier, Catherine ; Prairie, Yves ; Amaya Diego ; Arcand Manon ; Arsenault Paul ; Aubertin-Leheudre Mylene ; Audet ; Barbeau Benoît ; Barbecot Florent ; Baron Louis ; Bauer Julien ; Bazoge Benoit ; Beaulieu Alain ; Bédard François ; Bédard Michel G. ; Bédard Marc-André ; Beisner Beatrix ; Bélanger Daniel ; Bélanger, Marc ; Ben Abdallah Ramzi ; Bergeron Jasmin ; Bergeron Yves ; Bigras Yvon ; Bird David ; Blanchet Jean-Pierre ; Boeck Harold ; Bourdeau Simon ; Bourgault Steve ; Bourjolly Jean-Marie ; Bouzinab Kamal ; Brassard Denise ; Brendgen Mara R. ; Burgess Joanne ; Cadoret Geneviève ; Callimaci Antonello ; Carrier Serge ; Cliche Anne Elaine ; Coen Alain ; Contardo Vera Claudio ; Cormier Denis ; Coulombe Caroline ; Crainic Teodor Gabriel ; Darbyshire Fiona ; De Serres Andrée ; De Vernal Anne ; Deblock Christian ; Degan Arianna ; Del Giorgio Paul ; Delacroix Alain ; Delerue Hélène ; Derry Alison Margaret ; DesmarteauRobert H. ; Dion Robert ; DrouinNathalie ; Dubuc Réjean ; Duguay Benoît ; Durazo Julian Hermann ; Durif Fabien ; Duval Christian ; El-Baalbaki Ghassan ; Faust Marie-Eve ; Felteau Claude ; Filiatrault Pierre ; Forget Jacques ; Fonseca Raquel ; Fortin Pierre ; Gagnon Jean-François ; Garand Dominique ; Garneau Michelle ; Gauthier Pierre ; Gingras Anne-Marie ; Girard Éric ; Giroux Jean-François ; Gouspillou Gilles ; Goyette Sylvain ; Graf Raoul ; Grenier Alain A. ; Grenier Johanne ; Guay Richard ; Guay Alain ; Hadaya Pierre ; Haeck Catherine ; Hamzaoui Chérif ; Harvey Jean ; Harvey Jean ; Hobbs Brian ; Hodgson Douglas ; Houle, Sylvain ; Jébrak, Michel ; Jenabian Ali ; Jolin Louis ; Juneau Philipe ; Jutras Sylvie ; KarelisAntony ; Kembel Steven ; W. ; Koch Wilfried ; Labelle Réal ; Lacroix Caroline ; Lafond Julie ; Landry Bernard ; Langlois Michel G. ; Lanoue, Nicole ; Lauly, Jean-Paul ; Lavoie Kim ; Ledoux, Marie-Josée ; Lejeune Albert ; Lemay Martin ; Leroux Marie-Louise ; Librowicz Michel ; Lussier Bruno ; Macdonald Roderick ; Macleod Alexander ; Maguiraga Lassana ; Marcotte Suzanne ; Marcotte Diane ; Mariette Julien ; Marquis Dominique ; Marsan Benoît ; Marticotte François ; Martin Julien ; Merrigan Philip ; Michaud Pierre C. ; Miller Victoria ; Mishara Brian L. ; Niosi Jorge ; NobertYves ; NoiseuxMarie-Hélène ; Olleros Javier F. ; PapadopoulosAndrew ; Paquet Alain ; Pasquero Jean ; Petit Yves ; Pinti Daniele ; Planas Dolores ; Poirier Nathalie ; Prévost Jean-Guy ; Prom Tep Sandrine ; Radanielina Hita Marie-Louise ; Rei Walter ; Reid Luc ; Richelieu André ; Richer François ; Robinot Elisabeth ; Roch Alexandre ; Rodier Francine ; Romero Alejandro ; Rouleau Isabelle ; Roy Fernande ; Roy Martin ; Saint-Amour Dave ; Sarrasin Bruno ; Sarremejeanne Jacques ; Schougaard Steen B. ; Seguin Michel ; Sevick Pavel ; Shi Rushen ; Sicotte Hélène ; Simard Carolle ; Sleno Lekha ; Solcanu Madalina ; Stevanovic Dalibor ; Stevenson Ross ; St-Amant Gilles ; St-Onge Anik ; St-Onge Benoît ; St-Pierre David ; Thériault Julie ; Thériault Joseph Yvon ; Toffoli Roy ; Torlaschi Enrico ; Tremblay Pierre P. ; Vachon Marc-Antoine ; Verreault Jonathan ; Verret, Claudia ; Viger Chantal ; Villeneuve, Johanne ; Yanni Pierre-Yves ; Zuccaro Cataldo.

 
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