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photo : AFP
Dans un chat au Monde.fr, Stéphanie Le Bars, qui suit les religions pour Le Monde, a répondu aux questions des internautes du Monde.fr sur la renonciation du pape.
Cette renonciation crée-t-elle un précédent ?
Stéphanie Le Bars : Cela crée un précédent que ses successeurs pourront reprendre à leur compte s’ils partagent la même conception que Benoît XVI ; comme l’a dit André Vingt-Trois, l’archevêque de Paris, « le pape a brisé un tabou, sa démission constitue un acte libérateur pour l’avenir et pour ses successeurs ».
Jusqu’à présent, la conception partagée par les papes – élus, selon la tradition, selon l’intercession de l’Esprit saint – était plutôt d’assumer leur charge jusqu’à leur mort. Des témoins indiquent toutefois que Jean Paul II avait « sérieusement » envisagé de démissionner.
Depuis combien de temps d’après vous Benoît XVI songe-t-il à faire cesser son pontificat ?
Benoît XVI avait évoqué à deux reprises au moins l’hypothèse d’une démission si son état de santé ne permettait plus d’assumer sa charge. Ces derniers mois, ses interlocuteurs les plus proches ont noté une diminution de ses capacités physiques tout en assurant qu’il restait en parfaite possession de ses moyens intellectuels.
Sa décision n’est donc pas une surprise sur le fond, mais la date a pris tout le monde de court.
Pensez-vous que l’accumulation de scandales au Saint-Siège et la difficulté à les surmonter ont pu motiver cette démission ?
Il est évident qu’un pontificat particulièrement riche en « scandales » a pu émousser l’énergie de Benoît XVI, mais sa décision d’aujourd’hui tient davantage à une conception personnelle de sa charge et à son état de santé.
Pour être pape, un cardinal doit-il etre « candidat déclaré « ?
Non. Ce sont les cardinaux réunis en conclave qui se mettent d’accord sur un nom, même si le cardinal en question n’a pas évoqué sa volonté de prendre cette charge.
De manière un peu caricaturale, c’est un peu la situation dans laquelle se retrouve Michel Piccoli dans le film Habemus papam.
Lire : Habemus Papam : la curie vaticane aux prises avec la diablerie ludique de Nanni Moretti
Pouvons-nous espérer que le prochain pape soit originaire d’Afrique ou d’Amérique latine ?
C’est effectivement le souhait de nombreux catholiques des pays du Sud. Depuis quelques années, le catholicisme a plutôt son centre de gravité dans l’hémisphère Sud, alors que le gouvernement de l’Eglise reste centralisé à Rome, principalement aux mains de cardinaux occidentaux.
Le critère de nationalité ne sera sans doute pas prépondérant dans le choix des cardinaux.
Existe-t-il un titre protocolaire pour un pape démissionnaire ?
Il n’y a pas de précédent dans l’histoire contemporaine. Etant donné son âge, Benoît XVI ne pourra pas être électeur lors du prochain conclave. Il aurait fait part de son intention de se retirer pour prier.
Pourra-t-on avoir un pape français ?
Cette hypothèse ne paraît pas vraiment à l’ordre du jour à Rome.
Le pape Benoît XVI a annoncé sa renonciation dans un discours prononcé en latin lors d’un consistoire au Vatican, lundi 11 février. Celle-ci devrait prendre effet à partir du 28 février, selon le porte-parole du Saint-Siège.
Dans son annonce en latin traduite ensuite par le Vatican, et retranscrite par le site Radio Vaticana, Benoît XVI, âgé de 85 ans, explique avoir pris sa décision « après avoir examiné à plusieurs reprises [sa] conscience devant Dieu ». « Je suis convaincu que mes forces, vu mon âge avancé, ne me permettent plus d’exercer correctement le ministère », a dit le pape.
« Je suis convaincu que mes forces, vu mon âge avancé, ne me permettent plus d’exercer correctement le ministère. Dans le monde actuel, en proie à des changements constants, la vigueur du corps et de l’esprit est nécessaire pour gouverner la barque de saint Pierre et annoncer l’Evangile. Cette force, ces derniers mois, m’a manqué, et m’oblige à reconnaître mon incapacité à bien gérer le ministère qui m’a été confié. »
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Un nouveau pape avant Pâques au terme d’un processus complexe
Peu après cette annonce, le porte-parole du Vatican, le père Lombardi a expliqué qu’un nouveau pape serait élu avant Pâques, soit le 31 mars. « Le pape a annoncé qu’il renoncera à son ministère à 20 heures, le 28 février. Commencera alors la période de ‘sede vacante’ [‘siège vacant’] », a précisé le père Lombardi.
L’élection d’un nouveau pape est un processus complexe qui débute par la convocation au Vatican des cardinaux. Il s’achève par la bénédiction apostolique Urbi et Orbi du nouveau pape.
Lire : Comment se déroule l’élection du pape ?
Federico Lombardi a également précisé que Benoît XVI n’aura « aucun rôle » dans le conclave qui conduira à une nouvelle élection et devrait mener « une vie de prière » après avoir quitté ses fonctions. « Il a dit très souvent qu’il voulait dédier son temps à la prière, à la réflexion, éventuellement à l’écriture (…). Cela dépendra de lui », a-t-il dit.
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Une situation qui n’est pas sans précédent
Si le cas ne s’était pas produit depuis plus de six siècles, la renonciation d’un pape s’est déja produite à de nombreuses reprises dans l’histoire de l’église catholique.
Lire : Aucune renonciation de pape en six cents ans
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Un pape marqué par l’histoire du XXe siècle
Premier pape allemand depuis le XIe siècle, il était monté sur le trône de saint Pierre le 19 avril 2005. Né Joseph Alois Ratzinger le 16 avril 1927, dans une famille modeste de la très catholique Bavière, le futur Benoît XVI était entré en 1939 au petit séminaire. La même année, il est inscrit aux jeunesses hitlériennes, un enrôlement devenu obligatoire par décret.
Eminent professeur de théologie, il devient archevêque de Munich et Freising, en Bavière, entre 1977 et 1981, date à laquelle son prédécesseur, Jean Paul II, l’appelle à Rome pour prendre la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi, ex-Saint-Office. Son élection comme pape, le 19 avril 2005, avait été perçue comme un très grand honneur national par les Allemands. Le quotidien populaire Bild, le plus lu d’Europe, en avait fait l’une de ses premières pages les plus célèbres en titrant : « Nous sommes pape ! »
Lire : Comment Joseph Ratzinger est devenu Benoît XVI
Dans un livre d’entretiens paru en 2010, Benoît XVI évoquait déjà la question de sa renonciation. Il expliquait à l’époque que « quand un pape en vient à reconnaître en toute clarté que physiquement, psychiquement et spirituellement, il ne peut plus assumer la charge de son ministère, alors il a le droit et, selon les circonstances, le devoir de se retirer. »
Lire : Benoît XVI : Un pape ‘a le droit de se retirer’
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Paris salue une « décision respectable »