Pour l’intégralité du texte sur la vie d’Oswald J. Brandt dit O. J., voir Jean Ledan fils, Il était une fois… O. J. Brandt, dans L’Histoire d’Haïti – La « petite histoire » (illustré), Bèljwèt Publications, P-au-P, 2010, pp. 149-156 – En signature le same

O. J. Brandt
Le nom complet est Oswald John Brandt, un personnage qui influença l’économie et la politique du pays, particulièrement entre les années 1920 et 1970, soit durant une cinquantaine d’années, voire davantage. Son surnom familier était O. J., prononcé Odji. Il naquit le 20 octobre 1890 à la Jamaïque et arriva en Haïti sous Antoine Simon (décembre 1908 – août 1911), selon L. Paquin. Il était un Blanc, détenteur d’un passeport britannique et marié à une Haïtienne, Thérèse Barthe, le 19 février 1910, alors âgé de dix-neuf ans et résidant toujours à la Jamaïque.

O. J. Brandt entouré d’autres personnalités
Le président Estimé Dumarsais entouré des membres du haut état-major
Le président François Duvalier en compagnie de OJ Brandt, p. 3 – Gal Constant et autres – Collection CIDHICA
Le président Paul Eugène Magloire debout – Time Magazine 195
E & E. Trouillot informent qu’à un certain moment de l’histoire d’Haïti, Antoine Pierre-Paul, Milien Cator et Septimus Marius s’étaient retrouvés en exil à Kingston. O. J. se mit à leur disposition avec complaisance et les aida à gérer les ennuis provoqués par le gouvernement d’Haïti. À leur retour au pays, ces trois notoriétés n’oublièrent pas les services rendus par O. J. et l’aidèrent à s’installer en Haïti en dépit des objections de la mère de celui-ci. Sous peu, Septimus Marius devint ministre de la Guerre, de la Marine et des Finances ; il fit voter par les Chambres le contrat de la Banque nationale d’Haïti et, sur recommandation d’Antoine Pierre-Paul et de Milien Cator, il y intégra O. J.
O. J. débuta donc en tant qu’employé de la Banque nationale d’Haïti ; en 1916, il passa à la Banque royale du Canada, puis il fit fortune dans le café, les textiles, etc. Lors de l’occupation américaine (1915-1934), il était déjà bien installé et jouissait d’une certaine réputation financière. Il gravit les échelons à la Banque royale du Canada et en devint le codirecteur dès 1919 alors que le décret qui autorisait le fonctionnement de la banque parut dans Le Moniteur du 21 août de la même année ; en mai 1921 il devint le seul directeur. O. J., par son intervention financière et selon le colonel marine Heinl, contribua à placer Louis Borno au pouvoir en 1822 – Borno était, par ailleurs, avocat-conseil à la Banque royale.
Vers 1930 O. J. était une notoriété financière qui sut capitaliser sur chaque opportunité, incluant l’achat d’une usine d’huile de cuisine en faillite. Son commerce prospéra en dépit de la désastreuse situation économique des années 1930… Tout ce que O. J. touchait était rapidement transformé en capital, gains, profits, et sa réputation d’industriel s’accrut considérablement. Mais son point culminant jaillit sous l’administration Lescot et le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.
… O. J. acquit ainsi dans sa totalité la Maison Reinbold, une firme allemande et un des plus grands conglomérats commerciaux du pays. Peu après, les Américains lui favorisèrent la construction d’une filature de coton. Pendant cette période de guerre, il rencontra le capitaine Paul Magloire qui devint son ami et son associé.
En 1928, O. J., âgé approximativement de 36 ans, quitta la Banque royale qu’il avait mise sur un certain piédestal pour se consacrer à son vaste projet d’usine à mantègue …
En janvier 1946, Lescot fut destitué et O. J. Brandt fut pointé du doigt avec des “À bas Brandt !”, car il symbolisait le gouvernement déchu.
… Sous Estimé, O. J. se concentra sur le commerce du café et des produits de première nécessité; il fit des affaires d’or au marché noir, etc. Rien ne l’ébranlait, personne ne pouvait le ralentir ; avec sa fortune, il manipulait tout. Néanmoins, Estimé, voulant asseoir son capital politique, fit mettre O. J. en prison pendant trois jours. Trois jours de vacances pendant lesquels les meubles de son salon avaient été transportés à la prison. À sa sortie, il fut décoré par le gouvernement et fut nommé citoyen honoraire de Port-au-Prince.
Le commerce de O. J. prospérait considérablement et en dépit de tout. Il finança même l’Assemblée parlementaire en vue du renversement d’Estimé, ensuite facilita l’élection du colonel Paul Magloire à la présidence le 6 décembre 1950. Peu avant, le Comité exécutif militaire nomma O. J. consul honoraire de Grèce le 30 octobre 1950.
Pendant l’administration de Paul Magloire (1950 – 1956), O. J., autour de la soixantaine, était quasi suprême et son influence dans le gouvernement était comme illimité. Le pouvoir de l’argent était à cette phase à l’état brut, il le savait et il connaissait aussi les faiblesses de l’humain devant l’argent. Son fils Clifford était devenu l’ami intime du président Magloire, étant presque du même âge et ayant les mêmes goûts et intérêts.
À la chute de Magloire, en passant par les gouvernements provisoires qui lui ont succédé, et jusqu’à la tenue des élections de 1957, O. J. ne se tracassait pas. Il donna de l’argent à tous les candidats, aucun d’entre eux ne s’en prit à lui, ce pouvoir de l’argent qui pouvait bien changer la donne… »
François Duvalier arriva au pouvoir et promit de grands travaux publics. Certains chantiers, telle la Grand-Rue, ne pouvaient être terminés. Tournure très gênante pour le gouvernement. Il s’adressa à l’incontournable et patient O. J. Brandt qui s’empressa d’acheter deux millions de dollars de bons du gouvernement, le paiement étant garanti par une taxe de cinquante centimes sur l’essence.
Une autre version est rapportée par J. Florival qui relate que O. J. fut sollicité et heureux de collaborer avec le nouveau régime; il consentit un prêt de 4 000 000 de dollars au gouvernement. Le remboursement, intérêts inclus, serait garanti par une taxe d’accise de quelques centimes sur le gallon de gazoline. Les négociations avaient été menées par Me Pierre Liautaud, beau-fils de O. J.
… Les détails du prêt étaient en train d’être mis en place, le secrétaire d’État de l’Intérieur, Frédéric Duvigneau, homme à cheval sur les principes, avait bien inscrit sur la porte de son bureau qu’il recevrait seulement des visiteurs en tenue de ville ou au moins portant une cravate…
Pour célébrer le troisième anniversaire de son élection, Duvalier inaugura solennellement le 22 septembre 1960 les deux kilomètres de chaussée bétonnée de la Grand-Rue, le boulevard Jean-Jacques Dessalines.
… Toutefois, suite à une tentative d’invasion contre le régime duvaliériste le 20 mai 1968, qui déboucha sur le jugement de David Knox – accusé d’être un espion britannique opérant à partir des Bahamas –, O. J. et son fils Clifford furent arrêtés et incarcérés vers la mi-juillet 1968 sous l’inculpation d’avoir accordé 150 000 dollars pour financer l’invasion. (Rome News-Tribune, Georgia, USA, Monday 12 August 1968, in ). Aux Casernes Dessalines, L. Paquin affirme encore que O. J. et Clifford vivaient confortablement, et quand le président jugea la peine accomplie, il les relâcha après qu’ils eurent signé des documents préparés au préalable pour un nouveau prêt.
O. J. était donc très souvent “sollicité” sous Duvalier. Entre autres, suite aux inondations du 29 avril 1959, il fit parvenir la somme de cinquante mille gourdes à la secrétairerie d’État de la Coordination et de l’Information. Le 28 octobre 1974, il accorda sept cent cinquante mille dollars au gouvernement à titre de contribution pour les divers programmes de développement du pays. Plus tard, il mit sur pied l’usine de fabrication de pâte de tomate FACOLEF dans le Sud, la PRINSA dans la région de Thomazeau. À un certain moment son influence économique et politique fut transférée, si l’on peut dire, vers Clifford qui vint à négocier avec l’administration des Duvalier.
« Mais Haïti est dans mon coeur », aimait à répéter Oswald J. Brandt … Il avait aussi contribué à la reconstruction du laboratoire de physique et de chimie du lycée Alexandre Pétion – à l’origine le lycée national –, à l’agrandissement de l’église Saint-Pierre de Pétionville, etc. Oswald J. Brandt mourut en Haïti le 24 mars 1976, à l’âge de quatre-vingt-cinq ans.
Pour l’intégralité du texte sur la vie d’Oswald J. Brandt dit O. J., voir Jean Ledan fils, Il était une fois… O. J. Brandt, dans L’Histoire d’Haïti – La « petite histoire » (illustré), Bèljwèt Publications, P-au-P, 2010, pp. 149-156 – En signature le same
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