
Comme ça,
Si j’étais poète,
J’écrirais en vers et en prose
À l’eau de rose en fructose
Comme un fou par une dose
De cocaïne et de morphine
Tel le résultat d’une machine
Déjà qu’on admet obsolète.
Pourtant,
Je ne suis ni poète ni chanteur
Musicien ou écrivain
Car je ne fais ni morale ni excuses
À moi ou à quelqu’un d’autre
Je suis ce simple être ordinaire
Joueur de mots et de sons
Qui fait le voyage sur les lignes de la folie
De même,
Si j’étais poète,
Je ne serais ni disert, ni slamer
Tel un grand corps malade à la mer
Qui nous dit qu’il nous aime
À travers des textes Qu’il nous prétexte
Dans sa combativité de contexte
Tout au plus,
Si j’étais poète
Je serais ce vagabond moribond
Qui circule nuit et jour dans le métro
En train de chanter Et de parler tout seul
Pour célébrer la liberté et la créativité
À travers le sens et la signification des idées
Comme ce voyage en commun
Dans ce métro qui est nôtre
Hélas, Vraiment,
Poète, je ne le suis pas
Pas plus que je ne le vois pas
Ni ici ni ailleurs entre autre dans ce bas monde
D’ici que je ne suis pas.
Pour constater les couleurs et les chants
Qui maquillent et décorent la réalité
Du voyage en commun
Comme soldats,
Si j’étais poète,
Dans la bousculade et l’empressement
J’aurais le goût de croire et sans dire
À ces soldats en Irak et en Afghanistan
Qu’on envoie à la guerre
Comme assassins et criminels
Comment ton ennemi l’est devenu pour le haïr autant
t-a-t’il tué ton père ou ta mère
Ou encore volé ton pain et ta famille
Mais, dis-le,
Si j’étais poète,
Comment, pour affaire et par talent,
Qui suis-je pour décrire et écrire :
<< Hey, Soldats, garde à vous!
Levez la tête, tuez-les
L’ennemi est dans nos rangs
C’est un ordre, obéissez! >>
Les soldats, je les ai enivrés
De colère et de rage par ma civilité
Pour le moins,
Je les vois ces soldats
Fables de conscience et de connaissance
À qui on impose des conduites,
Désemparés par les circonstances
De la culture et de l’histoire
Ces hommes, qui hier
Étaient sains d’esprit et de corps,
Sont devenus criminels et assassins
Tel est le sifflement
Du son du train et du temps
Qui me transporte d’une réalité actuelle
Vers les égarements de ma nature
Près du lac-à-poésie au cœur
De la pauvreté émotionnelle
Qui prédestine mon voyage
De poète en gage et en cavale.
Du discours de poète,
Les idées n’auraient aucun effet
Ni persuasif, ni dissuasif
Car les poètes sont tous fous
Égoïstes, individualistes
Ils errent ça et là, d’une station à l’autre
Profitant du silence et du mépris
De ceux-là qui se considèrent normaux.
Et, ainsi,
Pour en finir avec les mots
Voici que le métro arrive
Les idées s’embarquent dans la tête du poète
Comme s’il y avait un ordre
Par un langage
Simple et synthétique
Où tous sont invités à cette réalité du temps
Pour goûter et critiquer sans être militant
Au festin de la tragédie de l’être poète.
Tu peux le deviner,
Le poète c’est le voyage du traintrain quotidien
À travers les choses actuelles
Sous la ville urbaine
Tu peux vivre et traduire les besoins
D’un univers mélancolique
Sans être catholique réclame
Appartenance et valeurs et coutume
Mais, hélas, l’ordre est d’abord chaotique
Tel un aveuglement aveuglé.